Il
semble que Paris, qui a pris l'initiative d'organiser une conférence
internationale sur le dossier palestinien en vue d'une relance du processus des
négociations pour la paix entre Israël et les Palestiniens, s'attendait à son
rejet par l'Etat sioniste et à échafauder de concert avec Le Caire un «plan B»
à mettre en œuvre en substitution de la tentative française. L'allusion à ce
«plan B» a été faite par le président égyptien qui, tout en appuyant la
proposition de François Hollande de réunir à Paris une conférence
internationale sur le dossier palestinien, avait dans le même temps fait
l'annonce que les pays arabes sont disposés à des négociations globales de paix
avec Israël sur la base de l'initiative arabe de paix adoptée par le sommet de
la Ligue arabe en 2002. Benyamin Netanyahu, qui a exprimé son opposition
irréductible au projet français, ne peut adopter la même attitude à l'égard de
celui esquissé par l'Egypte sans que cela ne confirme aux yeux du monde
qu'Israël ne veut pas de la paix avec les Palestiniens et ses voisins arabes. Ce
«plan B», dont Al Sissi s'est chargé d'en dessiner les contours, permet à
Israël de s'en tenir à son refus constant d'une interférence de la communauté
internationale dans des négociations entre lui, les Palestiniens et le monde
arabe.
Il
consiste en effet en l'organisation d'un face-à-face exclusif entre les Etats
arabes et Israël en vue de la négociation et de la conclusion d'un accord de
paix entre eux englobant, bien entendu, les Palestiniens. Quand en 2002 les
Etats arabes ont rendu publique leur initiative de paix, la situation dans le
monde et dans la région ne pouvait inciter Israël et son allié Etats-unien à
consentir à un accord de paix sur la base de leurs propositions. Ce contexte a
depuis changé et notamment dans le monde arabe. Pratiquement tous les Etats de
cette entité sont de fait dans une alliance avec l'Etat sioniste devenue pour
une nécessité stratégique transcendante de tout autre
considération. Ce que sachant, Benyamin Netanyahu s'est déclaré favorable à
l'entremise égyptienne proposée par Al Sissi d'une relance d'une négociation
globale arabo-israélienne. L'approbation du Premier ministre israélien suivie
en cela par son nouveau ministre de la Défense, l'ultranationaliste et
anti-arabe déclaré, Avigdor Lieberman, s'est
toutefois accompagnée de la condition qu'il sera procédé à des révisions de
l'initiative arabe pour «qu'elle reflète les changements spectaculaires de
notre région depuis 2002» qu'en somme il soit accepté qu'Israël bénéficie du
chaos dans lequel est plongé le monde arabe. S'il se concrétise, le «plan B»
dont Al Sissi est le démarcheur agréé, a tout pour donner satisfaction à Israël
car, pour sa négociation, il aura pour interlocuteurs des Etats arabes qu'il
gratifie d'être «modérés» mais qu'il sait être dans la panique et si terrorisés
face à un Iran dont la puissance régionale s'est affirmée qu'ils sont prêts à
toutes les lâchetés et compromissions dont celle d'accepter toutes les
exigences israéliennes sur la question palestinienne. Dans une telle
négociation et dans le climat de sauve-qui-peut qui prédomine dans la plupart
des Etats arabes, l'abandon de la cause palestinienne apparaît à ces derniers
un gage sécurisant qu'ils se doivent de fournir pour espérer une protection
contre leur destruction. Ils ne parviendront en fait qu'à différer l'heure de
celle-ci. Israël et ses alliés ont fait de leur destruction un objectif ultime
et irrévocable.