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ONU L'ultime acte de résistance de M. Abbas ?

par Kharroubi Habib

Le président palestinien Mahmoud Abbas a hissé hier au siège de l'ONU à New York le drapeau de son pays. Cérémonie rendue possible par l'admission de l'Etat palestinien en tant que membre « observateur » au sein de l'organisation onusienne. Le président palestinien devait également intervenir devant l'assemblée générale des Nations unies (ces lignes ont été rédigées avant son discours). Il a dit qu'il s'apprêterait en l'occurrence à lancer une « bombe » qui obligera les Nations unies à se départir de l'immobilisme dont elles font preuve sur le dossier palestinien au prétexte invoqué par les puissances pro-israéliennes que la communauté internationale a en priorité d'autres urgences à traiter faisant planer une menace plus pesante sur la paix mondiale et régionale. Cette même thèse a été d'ailleurs sous-jacente dans le discours prononcé par le président américain qu'il a totalement axé sur la crise ukrainienne, le conflit syrien, le danger représenté par les organisations jihado-terroristes.

Obama n'a soufflé mot sur l'impasse qui dure dans le conflit israélo-palestinien et a occulté la situation des populations des territoires palestiniens occupés dans lesquels Israël commet des crimes de guerre et contre l'humanité au vu et au su du monde entier. Par son mutisme éclairant, Obama a signifié qu'il attend de la communauté internationale qu'elle doit s'en tenir au point de vue américain sur ce que sont les priorités dont elles doit s'occuper. L'on ne sait ce que va déclarer Mahmoud Abbas (son discours était prévu en fin d'après-midi) pour persuader les Nations unies du contraire. Il lui faudra en tout cas frapper fort pour espérer emmener l'assemblée générale des Nations unies à contredire le président de la plus grande puissance mondiale.

Des sources proches du président palestinien lui ont prêté d'avoir eu l'intention, avant de se rendre à New York, de mettre les Nations unies devant leur responsabilité historique et juridique à l'égard du peuple palestinien en leur signifiant que l'Autorité qu'il préside met fin à la fiction à laquelle a contribué son existence et qui consiste à masquer le fait de l'occupation israélienne à la fois illégale sur le plan international et criminelle par ce qu'elle permet à l'Etat sioniste de perpétrer contre la population palestinienne. Elles ont toutefois précisé qu'il a été dissuadé d'accomplir ce geste par certains dirigeants étrangers qu'il a préalablement consultés. Le pire serait que, chapitré par des parties étrangères aux douteuses sympathies pour la cause palestinienne, Mahmoud Abbas se satisfasse de la « victoire » toute symbolique du strapontin onusien accordé à l'Autorité qu'il préside et se résigne finalement à se soumettre à un agenda pour la résolution du conflit israélo-palestinien.

Subordonnant l'abord de cette question au dénouement des conflits qui ailleurs accaparent l'attention internationale, il lui faut impérativement rejeter cet échappatoire dont le résultat sera le maintien du statu quo en l'état sur le conflit qui permet à Israël d'avancer sûrement vers le fait accompli de la création d'un Etat palestinien dans les frontières de 1967.

A New York, Mahmoud Abbas joue devant son peuple le peu de crédibilité que celui-ci lui conserve. Pour ce vieux combattant de la cause de son peuple c'est probablement l'ultime occasion de se ressaisir en en finissant d'avaler les couleuvres, ce qu'il a peut-être naïvement mais en tout cas fait copieusement en mettant sa confiance dans les promesses et assurances que les alliés d'Israël lui ont prodiguées sans jamais les tenir.