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Amona, l'arbre qui cache la forêt

par Kharroubi Habib

Toutes les colonies juives érigées en territoires palestiniens occupés sont illégales au regard du droit international et pas seulement celle d'Amona en Cisjordanie dont la Cour suprême d'Israël a ordonné la démolition il y a trois jours. Aussi faut-il se garder de voir dans l'arrêt de cette Cour suprême un acte de justice reconnaissant que la politique de colonisation menée par l'Etat sioniste sur les terres palestiniennes est effectivement totalement illégale. Sa décision n'est qu'une contribution à l'arsenal de la propagande que développent les gouvernants de cet Etat et les lobbys pro-israéliens pour tenter d'endiguer la marée de critiques et dénonciations que suscitent le fait même de l'occupation par Israël des territoires palestiniens et la colonisation à laquelle elle donne lieu.

L'arrêt de la Cour suprême israélienne n'a pas d'autre motivation que celle de fournir argument aux prêcheurs de la fiction d'un Etat sioniste soumis au respect du droit par la justice du pays, même à l'égard des Palestiniens dont il occupe les territoires. C'est le pendant juridique de l'autre fumisterie qui pour défendre et légitimer le comportement brutal de cet Etat envers la population palestinienne et les pays voisins le présente comme étant guidé par des valeurs morales dont il serait respectueux dans ses agissements.

L'arrêt de la Cour suprême israélienne est une tentative grossière de donner à croire à l'opinion internationale que la justice israélienne met le droit y compris celui des Palestiniens au-dessus des considérations de la politique. Si c'est ainsi qu'agit cette justice, elle aurait dû alors prononcer l'illégalité de toutes les colonies juives en Cisjordanie et de la poursuite de la politique qui en est à l'origine. Or, en ne statuant que sur le cas de la colonie d'Amona, cette cour a en quelque sorte expressément admis la légalité des dizaines d'autres qui parsèment les territoires palestiniens occupés bien que c'est leur ensemble que dénonce la communauté internationale et en exige le démantèlement au motif que leur implantation est à l'encontre du droit international et de celui du peuple palestinien.

Qui peut voir dans sa décision que cette cour est un recours auquel peuvent en confiance s'adresser les Palestiniens spoliés par l'occupation israélienne. Elle n'a délivré de semblants d'arrêts favorables aux Palestiniens qui l'ont saisie que dans des contextes où l'Etat sioniste s'est trouvé confronté à des approbations et pressions dont l'insistance nuit à son image dans les opinions internationales et qu'il pensait contrecarrer par la présentation d'une justice israélienne disant le droit sans se préoccuper du désaveu que ses décisions infligeraient apparemment aux actes d'autorités traités. Sur le fond, l'Etat sioniste, ses institutions et même la majorité de son opinion publique partagent la même conviction que l'occupation et la colonisation juive des territoires palestiniens sont un droit historique et religieux auquel ils ne sont pas près de renoncer. Amona sera peut-être démolie mais des dizaines d'autres colonies sont en train de se construire avec pour finalité de rendre impossible la création de cet Etat palestinien dont l'écrasante majorité de la communauté nationale a pourtant déjà reconnu l'existence.