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Que réserve mercredi aux Gazaouis ?

par Kharroubi Habib

Au Caire, les négociateurs palestiniens et israéliens n'étant pas parvenus à un accord avant l'expiration lundi soir de la trêve de cinq jours observée dans la bande de Gaza ont, à la demande des médiateurs égyptiens, convenu de sa prorogation pour vingt-quatre heures, c'est-à-dire jusqu'hier minuit, et de poursuivre leurs cruciales discussions indirectes pendant ce laps de temps. Toutefois, les événements ont pris un autre cours dans l'après-midi d'hier avec l'annonce par Israël d'un lancer de roquette à partir de Gaza sur son territoire et que suite à quoi son aviation a procédé à des raids de bombardements sur la ville en « représailles ».

De fait par conséquent la trêve a été rompue. S'ensuivra-t-il une reprise sans retenue de la confrontation armée ? Cela est à craindre d'autant que le Premier ministre israélien a immédiatement ordonné à la délégation de son pays au Caire de rentrer à Israël. Apparemment donc les ponts sont à nouveau rompus entre Palestiniens et Israéliens. Il reste à espérer que l'accroc fait à la trêve hier après-midi n'a été qu'ultime «démonstration de force» et de détermination de la part des belligérants ayant pour but de persuader l'autre à se montrer « conciliant » dans les négociations et qu'ils retourneront à la table des négociations.

Cela dépendra pour une bonne part de ce que Mahmoud Abbas le président de l'Autorité palestinienne et Khaled Mechaal le chef politique du Hamas annonceront ce qu'est la position commune palestinienne sur les points sur lesquels il y a inconciliabilité entre Palestiniens et Israéliens. Les deux parties feront-elles preuve de « retenue » jusqu'à jeudi après la rencontre des deux leaders palestiniens à Doha au Qatar ? C'est à la médiation égyptienne de s'y employer.

La lueur d'espoir que les incidents d'hier ne sont pas le prélude à un embrasement est que sans le proclamer ouvertement, autant Israël que le Hamas veulent d'une prolongation de la trêve. Sans céder sur ce qu'ils considèrent essentiels à obtenir pour eux dans les négociations du Caire, ils ne refuseront pas de consentir à des concessions n'impliquant pas aux yeux de leurs opinions publiques respectives qu'en les faisant ils ont abdiqué face à l'ennemi sur les enjeux majeurs de leur confrontation dans la bande de Gaza.

Israël recherche la prolongation de la trêve au constat que son agression meurtrière l'a mis dans une situation internationale intenable et lui vaut une réprobation universelle qui s'est muée en pressions de plus en plus comminatoires exigeant l'arrêt définitif de cette agression. Il y est d'autant plus sensible que celles exercées sur lui par ses alliés naturels et stratégiques ne sont pas les moins inquiétantes même enrobées de la réitération de leur soutien indéfectible. Le Hamas est lui aussi sous pression et conscient qu'il ne peut s'aventurer à défier la convergence régionale qui s'est tissée pour le pousser à se montrer moins intransigeant qu'il ne le proclame en acceptant le plan égyptien d'accord palestino-israélien soumis aux négociations du Caire.

Il nous paraît donc plausible que finalement celles-ci se concluront par un accord sauvant les apparences pour les deux parties et qu'il en résultera une accalmie temporaire. Faut de mieux, un tel accord offrira un «répit» plus ou moins long à la population gazaouie, mais ne dissipera pas pour elle la reprise à tout moment des hostilités et leur cortège de massacres et de souffrances. Cela tant que des négociations n'ayant pour finalité que la création d'un Etat palestinien et la fin de l'occupation et des persécutions israéliennes ne seront pas engagées avec une implication décisive et contraignante de la communauté internationale. Les Palestiniens et les Gazaouis en particulier sont fatigués du cycle négociation-rupture qui leur vaut de n'entrevoir aucun avenir et que l'on continue à leur prêcher de ne pas renouer avec la résistance armée à l'occupant sioniste. Si rien n'est fait par la communauté internationale pour la satisfaction de leur droit national, l'embrasement qu'a connu Gaza n'épargnera plus à un moment Israël.