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Saadani fait des émules

par Kharroubi Habib

Il est indubitable que l'embuscade nocturne meurtrière en Kabylie au cours de laquelle onze de nos soldats ont trouvé la mort et d'autres blessés, suscite de l'incompréhension, une demande d'explication sur le pourquoi l'attaque terroriste a pu se produire et surprendre le détachement militaire.

Sollicité par notre confrère El Watan pour exprimer un point de vue professionnel sur le sujet, le général à la retraite Abderrazak Maïza qui fut chef d'état-major de la 1re région a estimé qu'il y a eu «une erreur d'appréciation, une confiance extrême et un manque de vigilance» de la part du commandement local et s'est dit certain qu'une enquête est ouverte pour situer les responsabilités et qu'il y aura «des coupables et donc des sanctions». Il semble que l'analyse faite par ce professionnel n'est pas celle que d'aucuns auraient voulu entendre. Ce qu'ils attendaient sûrement qu'il dise c'est que le haut commandement de l'institution militaire est responsable des erreurs qui ont rendu possible la meurtrière embuscade.

Aussi, malgré qu'il n'ait pas obtenu de lui qu'il abonde dans ce sens, ils ne s'en prennent pas moins à ce haut commandement allant jusqu'à considérer que le chef d'état-major et même le ministre de la Défense auraient dû démissionner. Ce qui nous fait réagir à leur prise de position en l'occurrence est que l'attaque qu'ils portent contre le haut commandement militaire est en flagrante contradiction avec ce qu'ils ont défendu et soutenu lorsque Amar Saadani s'en était pris au chef du DRS, le général Mediene, qu'il a accusé de fautes commises par le service qu'il dirige ayant nui à la sécurité nationale et lui a suggéré de démissionner de son poste.

Saadani a été la cible d'un véritable lynchage de la part de ces milieux. Rien ne lui a été épargné, pas même l'accusation d'être au service de puissances étrangères puisque sa «sortie» contre le général Mediene n'aurait été rien moins qu'une opération visant à saper l'institution militaire, rempart de la sécurité et de la cohésion de la nation. La défense du chef du DRS et de l'ANP à laquelle ils se sont adonnés contre Saadani n'est plus semble-t-il leur credo après l'embuscade terroriste en Kabylie. C'est qu'entre-temps cette ANP n'a pas réalisé le fantasme qui a été le leur à savoir qu'elle aurait été disposée à intervenir dans le sens voulu par eux à l'approche de l'échéance de l'élection présidentielle : celui qui aurait consisté à empêcher Bouteflika de briguer un quatrième mandat. Leur déception en est si grande qu'ils ont perdu toute retenue et vont plus loin que Saadani dans leur travail de sape contre le haut commandement militaire. Il n'y a pour eux apparemment plus de «lignes rouges» à respecter s'agissant des critiques à porter contre l'institution militaire et ses chefs.

En déclenchant son tir contre le DRS et son chef, Amar Saadani visait pour des considérations politiques propres au camp auquel il appartient à affaiblir la toute-puissance de ces cibles. Mais quel objectif ont visé ceux qui s'en sont pris au haut commandement de l'institution militaire ? N'est-ce pas celui de tenter de remettre en selle le département et l'homme qui en est le chef ayant été visé par Saadani ? S'il y a des «lignes rouges» qui s'imposent s'agissant de parler de l'armée, alors elles s'imposent à tous quels que soient la cause et l'agenda politique que l'on défend.