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L'ANP rassure et dénonce

par Kharroubi Habib

L'armée ne pouvait rester indifférente d'une part aux rumeurs annonçant qu'il y aura des troubles dans le pays lors du scrutin du 17 avril ou à l'occasion de la publication de ses résultats, et aux appels multiples qui se sont élevés à l'approche de cette échéance lui demandant d'intervenir pour empêcher ce qu'ils estiment devoir être une mascarade électorale allant être organisée par le camp partisan du quatrième mandat. Elle l'a manifesté par le biais d'un éditorial de la revue «El Djeich», son organe de presse.

A une opinion publique qu'elle sait être alarmée par les rumeurs de troubles à naître du déroulement du scrutin, l'armée a fait savoir «qu'elle veillera avec force, volonté, détermination et foi en le droit du peuple algérien à vivre dans un climat empreint de paix et de sécurité ainsi que son droit d'accomplir son devoir en toute quiétude et celui de choisir en toute liberté et transparence le président qui lui convient, celui qui prônera les valeurs nationales».

S'il est clair que l'ANP a tenu à rassurer les citoyens inquiets, son message s'est également adressé aux candidats qui ont déclaré redouter que le scrutin donne lieu à une fraude électorale. Mais c'est la réponse faite par elle au travers de l'éditorial d'El Djeich aux multiples appels lancés en sa direction tout au long du processus électoral en cours qui vaut mise au point sans appel de sa part, à savoir que l'ANP s'en tiendra au strict respect des exigences de ses missions constitutionnelles dont en est une la sécurisation du «droit du peuple algérien à vivre dans un climat empreint de paix et de sécurité», qu'elle rejette par conséquent les appels lui ayant demandé de sortir de ses missions constitutionnelles. L'armée a déclaré que ces appels n'ont été ni plus ni moins que des incitations ayant voulu la pousser à «violer la Constitution».

Certaines voix s'étant élevées dans ce sens ont été rudement dénoncées, car ayant tenté de porter atteinte à «l'homogénéité et à la cohésion» de l'ANP et cela en «partant d'intérêts étroits et mues par la volonté de s'adonner à des règlements de comptes personnels». Il n'est pas besoin d'être devin pour comprendre que ce sont les officiers supérieurs en retraite s'étant impliqués dans le débat électoral qui ont été visés par ce passage de l'éditorial d'El Djeich. Globalement et en clair, l'armée repousse toute idée de son implication dans les luttes politiques suscitées par l'élection présidentielle. Elle ferme ainsi la porte à ces pseudo-démocrates qui constatant leur impuissance à peser dans le débat politique ont mis tous leurs espoirs dans une intervention de l'armée qu'ils accusent par ailleurs d'être cause de tous les maux dont le pays a pâti en ayant apporté son appui aux régimes successifs qui ont régenté l'Algérie.

Est-ce que le message délivré par l'armée va dissiper les craintes qu'ont faire naître les déclarations alarmistes dont les citoyens ont été abreuvés ? Il faut l'espérer, car il a répondu au vœu de l'écrasante majorité des Algériens qui est que l'institution militaire soit prête au nom de ses missions constitutionnelles à faire échec à ceux qui s'aviseraient à s'adonner au sinistre scénario d'affrontements algéro-algériens.