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Et si Rahabi a vu juste ?

par Kharroubi Habib

L'hypothèse qu'il n'y aura pas en fin de compte d'élection présidentielle dans le pays a été avancée, l'on s'en souvient, par l'ancien ministre de la Communication Abdelaziz Rahabi. Lequel a soutenu que Bouteflika et ses proches auraient opté pour rendre constitutionnellement possible une rallonge de deux années du mandat présidentiel en cours par le biais d'un amendement de la loi fondamentale qui les y autoriserait.

L'allégation de l'ancien ministre de la Communication avait fait réagir les autorités par la voix de Abdelmalek Sellal qui en a réfuté la véracité en affirmant que l'élection présidentielle se tiendra à terme échu du mandat présidentiel et que le gouvernement travaille à son organisation. Après cela, il a semblé que le débat provoqué par l'assertion de Rahabi s'était éteint d'autant que le camp présidentiel est ouvertement engagé dans une campagne électorale avant l'heure en faveur d'un quatrième mandat pour Bouteflika présenté comme jouissant d'un état de santé qui lui permettrait de le briguer.

Il semble pourtant que l'hypothèse avancée par Rahabi est bel et bien un projet maintenant envisagé par Bouteflika et ses proches au constat qu'ils ont fait que la campagne en faveur d'un quatrième mandat menée par tout ce que le camp présidentiel compte de relais d'influence et de «faiseurs d'opinion» n'a guère provoqué «l'enthousiasme populaire» qu'ils ont escompté pour cette option. Constat qui s'impose effectivement au vu qu'une candidature de Bouteflika est largement considérée comme «surréaliste» au sein d'une large majorité de l'opinion publique y compris dans celle qui ne partage pas l'appréciation radicalement négative de ses détracteurs sur le bilan de ses trois mandats présidentiels.

La communication officielle a beau présenter Bouteflika comme ayant surmonté son problème de santé et donc en capacité d'assumer normalement ses fonctions présidentielles, peu de citoyens pourtant en ont été convaincus. Faire une élection présidentielle dans ces conditions ne serait plus une option à laquelle le président et ses proches s'en tiendraient sans la crainte qu'elle sera sanctionnée par un humiliant désaveu électoral. Des sources prétendent donc que Bouteflika aurait introduit dans le projet de révision constitutionnelle l'amendement rendant possible l'allongement de son mandat en cours, qu'il soumettra à référendum avant la fin de celui-ci.

L'opération a pour but de donner à Bouteflika le temps d'ordonnancer sa succession de telle sorte qu'il n'en découlera pas de menaces pour ses proches et le camp présidentiel. Même les deux années de rallonge que le président chercherait à s'octroyer lui apparaîtraient lourdes à accomplir avec son état de santé qui est loin de ne plus lui inspirer d'inquiétudes. Aussi les mêmes sources avancent qu'aussitôt la rallonge obtenue, il procédera à la désignation d'un vice-président qui gouvernerait en sous-main le pays sous sa tutelle. Le scénario n'est pas contradictoire avec l'espèce de «plébiscite» dont les relais du clan présidentiel tentent d'en installer l'illusion avec leur agitation en faveur du 4ème mandat. Avec lui, Bouteflika assiérait la fiction d'avoir fait le choix responsable qui satisfait le peuple et tenant en même temps compte de la précarité de son état de santé. Rien d'étonnant alors si la campagne pour le quatrième mandat monte en intensité alors que celui-ci ne serait plus l'objectif visé par le premier concerné.