Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Les limites d'une position partisane ambiguë

par Kharroubi Habib

Au cours de la conférence de presse qu'il a animée samedi à l'issue de la rencontre qui l'a réuni avec les walis, les chefs de daïra, les DRAL et les inspecteurs généraux de wilaya, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, a admis que les élections locales en préparation ne captent pas l'intérêt des électeurs et entériné le fait que le scrutin risque d'être marqué par un faible taux de participation. Constat et prévision que partagent les formations partisanes confrontées qu'elles sont à l'indifférence citoyenne qui s'affiche pour leurs préparatifs électoraux. Devant cette situation, ni les pouvoirs publics, ni les partis en lice n'adressent d'appels à aller voter comme ils l'ont fait avec insistance à l'occasion du scrutin des élections législatives. Ils semblent y avoir renoncé au vu que cet exercice n'a guère porté de fruits en cette dernière circonstance et que les carences et irrégularités ayant entaché le scrutin rendent totalement inopérants et non incitatifs de pareils appels en faveur de la participation au prochain.

C'est peu dire que les partis vont aux élections locales sans la conviction d'intéresser les citoyens à la bataille pour la conquête des sièges d'APC ou d'APW pour laquelle ils se préparent. La plupart d'entre eux ont perdu leurs illusions en s'apercevant qu'ils ne parviennent même pas à motiver et à mobiliser leurs propres troupes de militants. Jamais préparatifs électoraux n'ont été boudés, voire même ignorés à l'intérieur même des partis comme le sont ceux auxquels donne lieu l'échéance électorale de novembre prochain. Un désintéressement qui s'annonce lourd de conséquences pour beaucoup de ces formations et rend plausible la possibilité de la disparition de certaines d'entre elles après ce scrutin avancée par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales.

Le monde politico-partisan n'a qu'à s'en prendre à lui-même s'il est dans l'impossibilité d'influer sur le comportement électoral des Algériens. L'ambiguïté de la position qui est la sienne à l'occasion de chaque échéance électorale consistant à dire aux électeurs que les scrutins en Algérie n'ont rien de transparent, libre et démocratique et leur demander en même temps d'y prendre part, n'est plus recevable pour une majorité toujours grandissante de ces électeurs. Ils ne prennent plus pour argent comptant les raisons que ces partis développent en faveur de la participation électorale malgré la remise en cause par eux de la régularité des scrutins.

Pour beaucoup, l'ambiguïté qu'ils dénoncent dans la position des formations partisanes à l'occasion de chaque rendez-vous électoral relève pour eux de la duplicité qui se serait nouée entre le pouvoir et le monde politico-partisan. Duplicité dont ils voient la preuve dans la brièveté et la mollesse des campagnes de protestation que ces partis engagent systématiquement contre la fraude après chaque élection et au final desquelles la plupart écartent aussitôt de leur stratégie l'engagement de boycotter le prochain à venir. Le désintérêt citoyen qui s'annonce massif pour les élections de novembre embarrasse certes le pouvoir, mais c'est sur les partis qu'il aura l'effet délitant qui présage la disparition de pas mal d'entre eux. Ce qui dans la démocratie de façade dont l'Algérie est la scène ne chagrinera pas grand monde.