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M.A.M. remplace Bernard Kouchner, et alors ?

par Kharroubi Habib

Le remaniement gouvernemental intervenu en France la semaine dernière est d'abord et avant tout une affaire «franco-française». Les changements auxquels il a donné lieu sont donc à décrypter et à apprécier à l'aune de la «cuisine» politique hexagonale et des considérations dont elle a fait obligation au président Nicolas Sarkozy de tenir compte dans ses choix pour la composition de son second gouvernement.

Il est par conséquent pour le moins sans fondement d'attribuer des causes autres à certaines nominations dans ce gouvernement, comme le font par exemple d'aucuns chez nous concernant le remplacement au Quai d'Orsay de Bernard Kouchner par Michèle Alliot-Marie.

Ces milieux soutiennent que ce changement à la tête de la diplomatie aurait été dicté à Sarkozy en partie par son souci de «décrisper» les relations algéro-françaises, fortement coincées par le traitement et les propos que le premier leur a consacrés durant son passage au ministère des Affaires étrangères. Qu'un climat moins vicié s'instaure entre les diplomaties des deux pays avec l'arrivée de Michèle Alliot-Marie au Quai d'Orsay, c'est du domaine du possible. Mais ce n'est pas cette préoccupation qui est à l'origine du sort réservé par Sarkozy à son désormais ex-ministre des Affaires étrangères.

Bernard Kouchner a très certainement alourdi l'atmosphère des relations algéro-françaises. Son départ toutefois ne présage nullement une embellie automatique de ces relations. Pour la bonne et simple raison que les causes qui font qu'elles soient au plus bas existaient avant l'arrivée de Kouchner au Quai d'Orsay et subsisteront après lui. Le volet international français, et en particulier celui des relations politiques algéro-françaises, est géré par l'Elysée, dont le locataire a clairement fait comprendre qu'après le remaniement intervenu, il n'y aura pas de rupture avec les positions de la France en ces domaines telles qu'elles ont été exprimées jusque-là.

Il est possible, voire probable qu'au niveau du contact diplomatique, les choses vont évoluer positivement avec l'arrivée de Michèle Alliot-Marie au Quai d'Orsay. Laquelle n'est pas marquée du côté algérien du sceau de l'indésirabilité en tant qu'interlocuteur, comme le fut son prédécesseur. Elle peut même avoir déjà inscrit sur son agenda le principe d'une prochaine visite à Alger.

Pour autant, un tel évènement ne signifiera nullement le retour à des relations algéro-françaises normales et apaisées. La nouvelle ministre française des Affaires étrangères est sur le fond de ces relations en totale harmonie avec le Président qui lui a confié son poste. Elle appliquera et défendra par conséquent avec l'Algérie la vision et les positions qui font problème pour les Algériens et empêchent le réchauffement du rapport politique entre les deux pays.

Les Algériens ont quelque raison à être satisfaits de l'écartement de Kouchner du poste de ministre des Affaires étrangères, mais ils savent que tant que Nicolas Sarkozy sera à l'Elysée, il y a peu de chance pour que l'Algérie et la France se retrouvent dans un partenariat politique et diplomatique serein.

Surtout pas en ces dix-huit mois de mandat qui restent au Président français, dont toutes les ressources intellectuelles seront mobilisées aux fins d'une stratégie électorale en vue de lui assurer une problématique réélection.