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L'Afrique revendique deux sièges au Conseil de sécurité

par Kharroubi Habib

L'Afrique revendique deux sièges permanents au Conseil de sécurité des Nations unies. Le sommet de l'Union africaine, qui a clôturé ses travaux mardi soir à Kampala, la capitale ougandaise, a expressément réitéré la revendication dans le communiqué final sanctionnant ceux-ci. Unanimes sur ce point, les Etats africains bataillent déjà depuis quelques années sur la scène internationale pour faire admettre la légitimité du droit de leur continent à sa représentation permanente au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, où se discutent et se prennent les décisions qui engagent l'ensemble de la communauté internationale. La campagne a porté des fruits puisqu'ils ont obtenu l'adhésion de principe à la satisfaction de la revendication africaine d'une bonne partie des autres Etats membres de l'ONU.

 Pour autant, ils sont loin d'avoir partie gagnée. Car la réforme de l'ONU qui pourrait ouvrir les portes du Conseil de sécurité à une présence permanente de l'Afrique au sein de ce dernier n'est pas acquise. Pour la raison que s'il y a apparente unanimité entre les Etats membres sur la nécessité de cette réforme, il y a par contre moultes divergences entre eux sur son contenu. Celle sur la composante du Conseil de sécurité n'est pas la moindre, tant, d'une part, il y a pléthore d'Etats candidats hors Afrique à un siège permanent au Conseil de sécurité, et que, de l'autre, de grandes puissances y siégeant depuis la création de l'ONU en disposant du droit de veto font obstacle à son élargissement significatif.

 Les Etats-Unis, par exemple, ne font pas mystère de leur opposition à tout projet de réforme de l'ONU qui ne se limiterait pas au seul aspect d'une meilleure administration de l'appareil onusien et de ses ressources financières. Déjà qu'ils ne pensent pas beaucoup de bien du Conseil de sécurité actuel qui fait place à des membres non permanents par rotation, qui, par leurs votes, mettent souvent le doute sur la justesse des décisions de cette instance onusienne. Ils ne veulent donc surtout pas que certains de ceux-ci se retrouvent à y siéger en permanence.

 A supposer pourtant qu'un consensus s'obtienne au sein des Nations unies pour un élargissement a minima de la composante permanente du Conseil de sécurité, la demande africaine de deux sièges risque de ne pas être prise en compte parce que, comme dit plus haut, il y a abondance d'Etats prétendants au ticket de permanence de cet organisme. Et des prétendants qui font valoir des arguments en leur faveur qui ne peuvent être purement et simplement ignorés. Il y a enfin que si l'Afrique est unie pour revendiquer son entrée permanente au Conseil de sécurité, elle va très certainement se déchirer si elle obtient satisfaction par les batailles que se livreront ceux de ses Etats qui se porteront candidats à la représenter dans cette enceinte onusienne.

 Cette perspective n'enlève en rien à la revendication de la réforme de l'ONU de sa nécessité, voire de son urgence, au regard du spectacle d'impuissance et parfois d'injustice que donne le Conseil de sécurité dans sa mouture présente. Oui, il est temps que cet organisme s'ouvre à une participation plus effective de la communauté internationale à la prise des décisions qui se fait en son nom et l'engage. Y compris donc à celle des Etats africains, membres à part entière mais encore ignorés de cette communauté internationale.