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Le syndrome de la pandémie de grippe H1N1

par Kharroubi Habib

Les incertitudes auxquelles se-sont trouvés confrontés les organisateurs de la 16e Conférence internationale du GNL qu'abrite la capitale de l'Ouest algérien, Oran, du fait de la perturbation sans précédent qui affecte le trafic aérien international, sont un dégât collatéral bénin, comparé à ce qu'endurent un peu partout à travers le monde les usagers du transport aérien. Mais aussi aux retombées néfastes de la paralysie de celui-ci sur la trésorerie des compagnies d'aviation et, pour certains Etats, sur leur économie nationale en général.

 Pour rester chez nous, Air Algérie a déclaré que, du fait des annulations de vols auxquelles elle est contrainte, elle perd 300 millions de dinars/jour. L'association internationale des transporteurs aériens estime elle à plus de 200 millions de dollars/jour les pertes subies par les compagnies à cause de la paralysie du trafic aérien international. Le plus critique dans cette situation inédite créée par les nuages de cendres que projette le volcan entré en éruption en Islande est que la communauté scientifique n'est en mesure ni d'en prévoir la durée, ni d'en cerner toutes les menaces qu'elle fait planer sur la santé, la sécurité des gens et sur le fonctionnement des économies.

 Les gouvernements dont le territoire aérien a été atteint par le nuage de cendres ont, c'est normal, réagi par le devoir de précaution consistant à interdire momentanément la navigation aérienne. Mesure que contestent des compagnies aériennes, au principe que cette interdiction drastique ne se justifierait pas des arguments scientifiques dûment établis. A l'appui de leur contestation, elles font valoir les résultats des «vols tests» effectués pour jauger les nuisances possibles du nuage de cendres sur les aéronefs. Les tests, selon elles, plaident pour une reprise modulée du trafic aérien international. Dans la controverse, pointe déjà l'accusation contre les pouvoirs publics concernés «d'en faire trop» pour des raisons autres que la gravité supposée que représenterait le nuage de cendres.

 Controverse qui nous renvoie à ce que nous avons entendu ou lu à propos de la pandémie de la grippe H1N1 de la part des partisans du principe de précaution, même exagéré dans son application par les gouvernements et ses détracteurs. Il n'empêche que la paralysie du transport aérien international est un «sale coup» pour les compagnies qui le pratiquent, pour la plupart déjà en mauvaise posture financière avant cela. Mais si l'éruption du volcan d'Islande se prolonge, obligeant les Etats à maintenir leur interdiction au trafic aérien, c'est rapidement le chaos qui peut s'installer et pas seulement dans le secteur du transport aérien.

 C'est d'abord la fragile reprise des économies mondiales qui risque d'être remise en cause. Ce qui, pour certains pays, entraînerait l'effondrement de leur économie nationale, non remise des séquelles de la crise financière mondiale. L'ironie du sort est que la survenance de ce scénario catastrophe que redoutent les plus grandes puissances économiques de la planète aura pour lieu de départ un minuscule pays dont la florissante et prospère économie a été néantisée par l'impact de la crise financière dont ces grandes puissances ont été les mauvais acteurs. Au regard de la «grande pagaille» dans laquelle le nuage de cendre a plongé la plupart des pays qu'il a atteints et de ce qu'il peut provoquer de plus grave encore pour l'ensemble de la planète, il nous faut bien relativiser les faux bonds en terme de participation que connaît le 16e GNL à Oran.