Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Ils ne voient et n'entendent rien

par Kharroubi Habib

Les chaînes satellitaires arabes, au premier rang desquelles la qatarie Al Djazeera, retransmettent à flot continu, depuis le début de l'agression israélienne, les images insoutenables des tueries et destructions que celle-ci provoque. C'est une tout autre couverture de ce qui se passe dans la bande de Ghaza que les chaînes occidentales proposent à leurs téléspectateurs et, partant, aux opinions publiques de leurs pays respectifs. Là, pas de scènes qui choquent ou révulsent, rien qui confirme la réalité d'une boucherie dont le monde entier dénonce pourtant, en connaissance de cause, la barbarie.

C'est une occultation voulue et préméditée qu'ont décidée les médias occidentaux acquis sans réserve à l'Etat sioniste. Au diable le devoir de vérité dans l'information, quand c'est cet Etat qui commet des crimes contre l'humanité. Il s'agit avant tout de l'aider à créditer la fiction que ce qui se passe dans la bande de Ghaza n'est pas dans le registre des horreurs que dénoncent ses ennemis et des «organisations humanitaires à l'indignation sujette à caution».

Pour justifier qu'elles ne montrent pas grand-chose des atrocités qui se commettent sur la population ghazaouie, ces chaînes occidentales prétendent que leurs équipes sont interdites d'accès sur les lieux par les autorités israéliennes. Si cela est vrai, pourquoi alors, elles si promptes à dénoncer les atteintes aux libertés de l'information, se contentent-elles de prendre acte sans commentaires ni protestations de l'interdiction formulée par ces autorités ? Pourquoi, si c'est cela la raison pour elles qu'elles n'ont pas d'images fortes de ce qui se passe à Ghaza, ne relaient-elles pas celles que transmettent les chaînes arabes ? Ces mêmes médias occidentaux sont par contre prolifiques en reportages sur les «dégâts» occasionnés par les roquettes palestiniennes en quelques agglomérations du territoire israélien.Le parti pris et l'engagement pro-israélien est flagrant. Ils ne sont même pas enrobés d'un semblant d'objectivité et encore moins d'un tant soit peu de compassion pour la population ghazaouie qui subit les affres d'une agression à la dimension génocidaire.

Ecrire que la majorité de la presse occidentale est sous la coupe des lobbys sionistes, c'est enfoncer une porte ouverte. Il faut pourtant que cela soit dit et redit pour en finir avec les mystifications que cette presse entretient sur sa prétendue indépendance de pensée, sa liberté d'informer et son sens éthique et moral.

S'il y eut des journalistes occidentaux «embarqués» durant la guerre d'Irak, c'est une autre catégorie de gens de presse qui se distingue durant cette agression israélienne. Celle des correspondants de guerre qui ne veulent rien voir ni entendre.