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La violence et l'anormalité des comportements

par Abdou BENABBOU

Dans l'émotion, on a tort de réduire l'agression dont a été victime une enseignante à Batna à un acte isolé. Si le coup de couteau donné dans le dos de l'éducatrice est un acte commis par un élève mineur, l'acte ne relevant pas du fait divers est à identifier en un coup de poignard asséné à l'institution écolière. Qu'un enseigné mineur s'en prenne sauvagement à une enseignante, c'est toute la symbolique d'un sacrilège contre un temple du savoir qui est gravée. L'acte assurément criminel signifie qu'après que le cordon ombilical entre la parenté familiale et l'adolescence soit en passe d'être rompu, la coupure éducationnelle entre l'enfance et son école a entamé son excroissance.

Des méfaits similaires, impliquant une adolescence déboussolée, sont comptabilisés en divers points du pays, mais l'école algérienne ne détient pas le monopole de ces entorses criminelles qui lacèrent la morale. L'école dans sa représentation mondiale est aujourd'hui sujette à une violence renouvelée signifiant qu'une large couche des sociétés humaines entame une réelle absence de tempérance. Les Américains détiennent la palme pour les mortelles turbulences enfantines dans les écoles. L'Europe n'est pas en reste. L'incontrôlable déphasage des esprits est général et dans la perte des consciences, les enfants ne sont pas les seuls en cause.

Le Covid, corrosif à l'extrême, a légué au monde entier une anormalité des comportements mère d'une multitude de formes de violence dont personne n'en connait toutes les dévastatrices faces. Des morts par millions, des ménages éclatés par milliers, des conduites inciviques au risque de transformer ici et là des espaces terrestres en véritable jungle.

Face à un inconnu satanique, le comble est qu'il oblige les savants chercheurs, les psychiatres et les psychologues, les politiques et les sociologues, chacun dans son domaine, à donner leurs langues au chat.

Faute de mieux, on continuera à échanger des accusations aléatoires pour voiler un mal qui s'ancre en chacun et pour les crimes dans les écoles on pointera le doigt sur l'éducation que les parents ne prodiguent pas à leurs enfants.