Un sondage sorti dont on ne sait où et corroboré semble-t-il par le Fonds monétaire international dresse un tableau noir sur le chômage en Algérie. Il indique en sus que la situation ira se détériorer d'ici 2026 en insistant avec une grande légèreté sur l'emploi des femmes sans égards et sans tenir compte des spécificités d'une société ayant ses us et coutumes. Aussi fiables qu'ils soient, les sondages les plus affinés n'obéissent jamais aux espaces obligés entre la sociologie et les mathématiques.

Objectifs ou non, mal intentionnés ou pas, les chiffres livrés par le sondage n'ont qu'une relative consistance car tous les Algériens et leurs dirigeants sont parfaitement au fait de la situation du marché du travail du pays.

Rarement concis et souvent aériens, les sondages même les plus sérieux et sans arrière-pensées reposent toujours sur les à-peu-près. Le monde du travail est un immense océan dont la maîtrise répond à la laborieuse analyse d'un kaléidoscope de paramètres et de données le plus souvent difficiles à appréhender. Calquer le sujet algérien sur des données universelles est un exercice difficile pour un pays en développement harassé par plus d'un siècle de drames ponctués souvent par le fer et le sang. Le sud du monde, dit espace pauvre à la légère, ayant vécu une trajectoire similaire reste jusqu'à aujourd'hui soumis aux affres laissées par les différents colonialismes.

Il n'est pas facile de se départir des eaux sombres et troubles héritées des grandes contrariétés de l'Histoire, indiquant aux hommes qu'entre la vie et la mort, il n'y a pas d'intervalle pour l'espoir et le progrès.

Il reste certain qu'un grand défi est face à la nation algérienne. Son économie souterraine, le sous-emploi, la débrouille pour survivre, la bravade des mers par une partie de sa jeunesse ne sont que des effets et non une culture ancrée. Celle-ci risque de le devenir et se figer pour l'éternité si une nécessaire révolution n'instaure pas une sage et efficace harmonie entre le monde du travail et tous les espaces qui fabriquent l'homme.