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Vingt six enfants calcinés et l'âme humaine incendiée

par Abdou BENABBOU

Vingt six enfants dont l'âge ne dépasse pas six ans ont été emportés par le feu au cœur d'une école au Niger. Le Diable ne saurait mieux s'en prendre à des bambins innocents dont le seul tort est d'être venus à la vie. Il s'est bien arrangé pour les calciner au creux du plus représentatif symbole de l'apprentissage du savoir, et là où on commence à ouvrir les yeux sur ce que doit être l'existence et là où on apprend à donner un sens à la vie. Quel sens alors pourrait-on donner à celle-ci quand on va à l'école, comme si on allait dans un cimetière pour y être enterré et quelle logique pourrait-on retenir dans cette confusion pour évaluer une quelconque teneur humaine et de ce que l'homme peut représenter ?

A l'opposé, la terrifiante leçon que nous donne ce Diable est que la vie humaine est devenue une pacotille dérisoire et que l'espèce humaine ne se rend pas compte que sa valeur intrinsèque ne tient plus qu'à peu de chose.

Construite de bois, de pailles, l'école n'a pas besoin de nous renseigner sur les origines de l'incendie et quand bien même elle le ferait pour expliquer le drame, le compte serait loin des explications données sur les vraies origines d'une catastrophe humaine parce qu'il s'agit d'un feu qui s'attise surtout ailleurs et de plus en plus dans l'âme des êtres supposés intelligents.

Quand on apprend qu'une bavette contre le coronavirus a été vendue à plusieurs millions d'euros, on ne peut que déduire que le monde ne tourne pas rond. Le sort maléfique qui a terrassé les vingt six bambins nigériens n'a rien de divin, comme celui qui a cramoisi une dizaine d'autres quelques mois avant dans le même pays, est l'œuvre de la cupidité et de l'individualisme des pays et des hommes.

Des malheurs semblables et de natures semblables se répètent sans cesse en vain pour tenter de réveiller les consciences. Rien n'y fait. On ne comprend pas que l'apparent bonheur des uns n'a qu'une valeur surfaite quand le malheur étrangle les autres. L'existence est communion et à l'ignorer dans l'aveuglement on aveulit la stature humaine et ce qu'elle doit être.