La prouesse exigée aujourd'hui des responsables fraîchement désignés à la tête des organismes de l'Etat serait bien loin des ressorts classiques et habituels pour assumer leurs nouvelles responsabilités. Le plus dur de ce qu'ils affronteront réside dans le lourd et inextricable passif que leurs prédécesseurs et l'ancienne culture de gestion leur ont légué. La tâche est commune du plus haut sommet de l'Etat à la plus réduite administration locale. Les plis et les habitudes laissés seront des barrières difficilement démontables pour pouvoir aller de l'avant.

La compagnie Air Algérie qui réclame à corps et à cris aujourd'hui une subvention colossale pour se redresser et sauver sa peau est un modèle parfait d'une gestion passée suicidaire avec laquelle de nombreuses entreprises publiques ont fonctionné. Le leitmotiv du poids des masses salariales s'habille de ses vêtements inévitables pour démontrer que de nombreux biens publics ont été transformés en niches familiales où les progénitures des personnes influentes se devaient d'être casées. Peu d'institutions et d'entreprises nationales ont échappé aux recasements et aux recommandations parentaux et à ceux des amis et connaissances imposées.

Le pays et tous les attributs de sa vie administrative et économique ont fonctionné ainsi jusqu'ici, priorisant les affinités des liens du sang et des amitiés et des connaissances au détriment de la compétence et de la gérance rationnelle.

D'évidence, la politique populiste du plein emploi à n'importe quel prix en est la cause première. Depuis le recouvrement de l'indépendance, les pouvoirs successifs ont ignoré délibérément que l'Algérie était interdépendante d'une économie mondiale où le coude-à-coude de la compétence et du savoir-faire ne permettait aucune place à la philanthropie sociale.

Le rendu politique, économique et social est lourd à porter par les nouveaux gestionnaires politiques et économiques pour rectifier un itinéraire fastidieux et dangereux à redresser. Un taux de chômage conséquent est à insinuer si le génie nécessaire pour y faire face n'est pas trouvé.