Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Huile, sucre et torts partagés

par Abdou BENABBOU

Plafonner les prix de vente de l'huile et du sucre sera-t-il un remède, un tant soit peu, satisfaisant et suffisant pour tempérer l'incendie qui embrase actuellement le monde de la consommation des ménages ? La décision gouvernementale semble une mesure intermédiaire à d'autres qui vont probablement suivre en laissant une impression de tâtonnement face à un marché indigeste pour de nombreux foyers.

Il était prévu que le pouvoir actuel n'allait pas se redéployer sur un terrain de velours et tous les signes présageaient des difficultés économiques et sociales énormes renouvelant une situation identique à celle que l'Algérie a vécue un certain mois d'octobre 1985. Incriminer le gouvernement actuel, et sans doute même le président de la République, serait trop facile et certaines précipitations dans les jugements négatifs à leur encontre caractériseraient une injustice flagrante car les données des problèmes rencontrés aujourd'hui par la société algérienne n'ont pas la simplicité qu'on leur accorde. Avec raison et légitimité, la question salariale et le coût de la vie sont mis en avant mais sans tenir compte d'une indépendance et d'une souveraineté difficilement assumée pour des raisons profondes et plurielles dont l'Histoire contrariée et mouvementée du pays est la principale cause.

Il est vrai que les griefs adressés aux différents pouvoirs qui se sont succédé sont justifiés. Mais le jeune âge de la nation permet bien des circonstances atténuantes au vu des crises et des malaises que vivent en permanence des pays autrement plus âgés et plus développés.

Il n'est pas faux d'affirmer qu'entre le peuple algérien et ses gouvernants, les torts sont partagés incapables qu'ils ont été de se tracer un itinéraire d'aisance et de progrès. L'un rendu chloroformé par le virtuel des idéologies importées, les autres accordant un sens trop emphatique à leurs responsabilités.

L'heure présente n'est plus au gigotement. L'huile et le sucre ne sont pas les seuls identifiants de la consommation. Des familles entières sont en passe de se nourrir d'herbes sèches et d'expédients et la crevette à 5.000 dinars le kilo tout en étant une insulte ne fait qu'étaler les tares d'une culture de consommation. Encore une fois, le marché et la rente par un mariage contre nature sont unis.