Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

L'INFORMEL

par Abdou BENABBOU

Le taux de réserve obligatoire bancaire vient d'être réduit de 6 à 3%. La mesure est censée permettre aux banques de libérer des liquidités dormantes pour secouer l'activité des échanges financiers au bénéfice d'une économie anesthésiée. Elle doit surtout aérer les guichets des banques et des antennes postales pour mieux affronter les ruées des domiciliés venus réclamer leurs dûs. La décision préventive est supposée venir à bout d'un manque de liquidités catastrophique d'autant que la rentrée sociale s'est déjà annoncée malgré l'affront d'une pandémie persistante et dont personne n'a réussi à connaître la teneur.

Mais cette histoire de réserve obligatoire, faute de mieux, semble occulter le vrai problème de fond. Les banques ne peuvent offrir que ce qu'elles ont. Leurs cagnottes sont, soit alimentées par leurs clients, soit par la Banque centrale. Or, il n'est un secret pour personne que les clients ont quelques réticences à déposer leur argent pour peu qu'ils en aient et nombreux même se sont empressés depuis longtemps de pomper ce qu'ils avaient en dépôt. Le gel mortel des échanges imposé par la pandémie aidant, c'est surtout la crise économique et politique qui a amplifié un manque de confiance envers les institutions parmi lesquelles les organes financiers officiels occupent une place prépondérante.

Le citoyen lambda, le travailleur ou le retraité n'ont pas besoin de s'enfoncer dans les théories savantes des spécialistes financiers trop alambiquées pour eux. Leur compréhension ne s'embarrasse pas des oralités des experts et ils ne s'attardent que sur la réalité de leur quotidien.

L'énorme paradoxe dans ce dilemme est que, d'un côté, les pouvoirs publics et les magmas des spécialistes financiers de tous bords râlent contre un argent astronomique qui circule dans l'ombre de l'informel et, d'un autre, un Etat contraint d'articuler de timides palliatifs d'une évidente stérilité.

Telle que se présente la situation aujourd'hui, la lourde question à se poser, malheureusement, est celle de savoir qui de l'Etat ou de l'économie serait dans l'informel en ce moment ?