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L'EPEE ET LE BATON

par Abdou BENABBOU

Le décret pénalisant les violences des gangs des quartiers vient d'être promulgué. Il est lourd et dense à la mesure d'un phénomène prenant une ampleur telle qu'il risque de gommer le peu de sérénité dont dispose encore l'ensemble de la société algérienne. Il reste évident que les nouvelles mesures à elles seules ne suffiront pas à éteindre la propagation de cet incendie social car il est notoire que l'origine du mal a des racines profondes et variées. Nombreux sceptiques trouveront à redire et remueront du grain à moudre pour tenter de battre en brèche cette importante et indispensable loi. Qu'ils aient tort ou raison, l'objectivité oblige à admettre qu'un incendie doit d'abord être à tout prix éteint avant que des théories convaincantes sur les causes qui ont présidé à sa naissance soient engagées. Du reste tout le monde a une idée sur les origines du mal et chacun sait que leur sérieuse prise en charge demande du temps.

Des Etats autrement mieux outillés se débattent toujours en vain avec ce phénomène du siècle et ne réussissent pas à trouver une parade finale à une violence humaine qui tend à se généraliser. Il serait donc un tantinet subjectif d'essayer d'animer des arrière-pensées politiciennes pour crier à une atteinte à la démocratie et soupçonner les autorités publiques d'utiliser une opportunité pour bâillonner l'opinion populaire.

Le fer, le sang, la rapine et les pirateries multiformes au cours de ces nombreuses dernières décennies ont laissé des plaies encore béantes pour que d'aucuns s'autorisent à faire la fine bouche face à des lois propices à garantir la sécurité des biens et des personnes. Mieux, la société algérienne dans sa diversité et ses différences gagnerait à ce que l'Etat affermisse davantage son autorité pour que la violence dans toutes ses formes soit annihilée. Elle enterrerait l'enfer d'une culture où le langage de l'épée et du bâton trône en roi et permettra à chaque Algérien de renouer avec la concorde et la sérénité.