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LE TERRAIN VIERGE POUR LES LOBBYS

par Abdou BENABBOU

La comparaison désabusée du président de la République à propos de la firme automobile Renault installée à Oran et à Tanger est indicatrice d'un exercice particulier et passé à travers lequel les responsables algériens agissaient dans une mêlée entrepreneuriale où les sentiments et les fuites en avant prenaient toujours les devants. Souvent superficiellement étudiés quand ils ne répondent pas à des calculs politiciens secondaires, les engagements dans les différents partenariats étaient empreints d'une naïveté que les conjonctures politiques avaient imposée.

Totalement isolés pendant et après la décennie noire, les décideurs se sont souvent sentis contraints de se déculotter pour renouer avec le monde extérieur. Renault comme d'autres consortiums pouvaient servir d'outils d'attrait et malgré des années d'hésitations et de négociations elle s'est imposée avec ses conditions. Sont venues par la suite des tentatives législatives de correction mais qui se sont avérées inopérantes sinon en contradiction avec la nécessité d'encourager et de développer en Algérie l'investissement étranger. Il en a été ainsi avec le négatif serrage voulu par la loi du 49-51. Il en sera toujours ainsi tant que les Algériens n'accorderont pas la vraie densité aux horizons du monde en se délestant du regard figé sur le passé et en remettant sur rails une réelle intelligence sur le futur.

Une gouvernance judicieusement maîtrisée ne peut en aucun cas s'installer avec une législation prolixe dans des exercices de yoyo inversant des lois et leurs contraires dans un temps réduit en donnant l'impression soit que les législateurs avancent les yeux fermés, soit qu'ils sont noyés dans une incompétence absolue.

La règle indispensable en matière de partenariat avec l'étranger est qu'en association avec lui dépouillés de toute arrière-pensée pour un partage juste et équitable des intérêts. Qu'a-t-on à lui proposer et qu'a-t-il à échanger ?

Bien entendu, quand on n'a rien ou peu à proposer, ou encore quand les arguments ne reposent que sur des ressentiments, on cède un terrain vierge aux lobbys pour qu'à l'aise ils puissent évoluer.