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COSMETIQUES, FAST-FOODS ET ESTAMINETS

par Abdou BENABBOU

On a eu la vague des KMS, ensuite des téléphones mobiles et, aujourd'hui, celle du commerce des cosmétiques est rivée à chaque coin de rue. On ne peut que développer de la magnanimité face à ces courants trop épisodiques qui, tout en affirmant des élans de survie d'une jeunesse désemparée, sont le témoignage d'une puérile débrouillardise faute de mieux. Commercer en chassant de l'esprit que le commerce est un véritable métier, est devenu une échappatoire et le synonyme d'exister quand la qualification et le savoir viennent à manquer et cet élan est à la limite d'une évidente désespérance face au chômage. Il n'est pas seulement le recours des larges débris des écoles puisqu'il est aussi un aléatoire abri pour bon nombre de diplômés universitaires qui n'ont pas réussi à mettre un pied dans le monde du travail.

Le développement spectaculaire des petits négoces, changeant au gré des vents et de la demande versatile du marché, repose sur un a priori commercial simpliste et représente le symbole manifeste d'un manque de formation.

Il est aujourd'hui question de start-up, nouveau laboratoire économique et social censé stimuler et accompagner des petites entreprises pour lutter contre le chômage. Cela suppose que l'on a un savoir-faire et des connaissances à prendre en charge pour aboutir à une plus-value. Or dans ce domaine force est de constater qu'hormis quelques rares îlots de génies producteurs, le terrain est d'une stérilité affligeante. En cause une école algérienne qui n'a eu de cesse que de livrer à la vie active ce qu'avait qualifié le défunt Seddik Benyahia de générations successives de crétins.

Il est donc légitime de se demander s'il n'aurait pas fallu d'abord donner une consistance nouvelle à l'école algérienne et donner à la formation professionnelle sa véritable définition puisqu'elle est censée préparer des professions.

Le risque de cette innovation encore virtuelle serait qu'elle ait pour finalité celles qu'ont eues les fuites en avant des politiques de l'emploi des jeunes pourvoyeuses de fast-foods et d'estampeurs.