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Des interrogations sur le gouvernement Bedoui

par Moncef Wafi

A la lecture du communiqué des services du Premier ministre concernant la présentation, mercredi dernier, de l'avant-projet de loi de finances 2020 en Conseil du gouvernement, le moins qu'on puisse dire c'est qu'on n'a pas l'impression d'avoir affaire à un gouvernement appelé à partir. Bien au contraire, tous les indicateurs et discours s'orientent vers le maintien de Bedoui et de ses ministres pour au moins jusqu'à la prochaine présidentielle. La dernière intervention du chef d'état-major de l'ANP, Gaïd Salah, tressant des louanges au travail de Bedoui renseigne sur le peu de probabilité de voir partir l'ancien ministre de l'Intérieur sous Ouyahia comme cela a été suggéré par plusieurs sources d'information.

Mais dans les faits, qu'il reste ou qu'il parte, le gouvernement Bedoui a déjà accompli sa mission en dépit de la forte contestation populaire dont il fait l'objet. On se rappelle qu'à presque chaque sortie de ses membres, ils étaient constamment chahutés par les citoyens, une situation qui a nécessité l'intervention d'un Gaïd menaçant, monté au créneau pour les soutenir. Ce gouvernement a fait l'unanimité contre lui et malgré son statut d'«intérimaire» a pris des décisions engageant la politique économique de l'Algérie sans pour autant rendre compte à qui de droit. Le Parlement algérien étant hors jeu, l'autorité du chef de l'Etat par intérim étant ce qu'elle est, l'opinion publique est en droit de s'interroger sur quelles bases ont été prises des décisions aussi cruciales pour l'avenir du pays.

L'exemple même de cet avant-projet de loi de finances 2020 braque les projecteurs sur ce sujet et le premier enseignement à tirer des propositions du gouvernement est un pas fait en arrière pour reprendre avec les anciens réflexes de bricolage et de populisme. Le retour vers l'endettement extérieur, la suppression de la règle 51/49 pour les investissements étrangers et l'importation des véhicules de moins de trois ans ne sont en fait qu'un désaveu de la politique nationale sous la férule de Bouteflika. L'option sociale de cet avant-projet n'échappe pas à l'ambiance générale et s'inscrit dans la dimension populiste des différents gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays. Le pouvoir n'a d'autre voie que d'actionner la pompe à billets pour acheter de nouveau une paix sociale salvatrice mais après le 22 février, beaucoup d'Algériens ne demandent plus du carburant subventionné mais une deuxième République civile et démocratique qui devra tracer les priorités et désigner les hommes qu'il faut à la place qu'il faut.