Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Le panel en question

par Moncef Wafi

La célérité dont ont fait preuve les différentes institutions pour faire passer les propositions du panel de Karim Younès renseigne sur l'imminence des présidentielles ou du moins de la convocation du corps électoral. Et tout indique qu'on se dirige vers une date plus ou moins proche de celle proposée par Gaïd Salah et même les bruits entourant la prochaine démission du gouvernement Bedoui contribuent à cette idée.

Si les choses se précisent et les contours de la commission indépendante de préparation et de surveillance des élections actés, beaucoup s'interrogent sur ce tour de passe-passe qui sacrifie Bedoui et quelques comparses pour satisfaire certaines des exigences de la rue.

En effet, avec la défiance première de l'action de l'ex-président de l'APN et surtout de la composition humaine de son instance de dialogue et de médiation, l'opinion publique craint que ce panel ne remplace que dans la forme l'administration. Le problème s'inscrit alors dans cette méfiance dans l'homme qui a été littéralement rejeté par le hirak, lui dont les annexes régionales ont été chahutées à leur inauguration, des antennes soupçonnées de servir de postes avancés à des permanences électorales au candidat désigné par le système.

Il ne fait aucun doute, à la lumière de ces éléments, qu'on se dirige droit vers un scrutin pourtant refusé par les Algériens et l'interrogation entoure la réaction de la rue. Le choix se pose avec l'option du boycott qui commence à faire son petit chemin sur les réseaux sociaux, une carte, pourtant, qui a toujours montré ses limites dans le paysage électoral national.

Il reste encore à attendre la réaction des partis politiques, plus pour la forme lorsqu'on sait que les structures classiques partisanes n'ont plus aucun poids dans la société. Et là aussi, les surprises ne seront pas nombreuses, puisque la position des partis de l'allégeance est déjà alignée derrière n'importe quelle décision du pouvoir. Les formations islamistes ainsi que le courant républicain et démocrate seront fidèles à leurs chartes, même si c'est un mot indéfinissable pour les partis islamistes. La seule inconnue reste la rue dont la réponse se fait entendre chaque vendredi et mardi depuis le 22 février.