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La fin d'un imbroglio ?

par Mahdi Boukhalfa

L'élection hier mercredi d'un nouveau président de l'APN met fin à un grave précédent qui aura duré huit mois au sein de l'une des deux principales institutions parlementaires du pays. Depuis octobre dernier, l'Assemblée nationale ne fonctionnait plus selon son règlement intérieur et la légalité constitutionnelle, bafoués par un coup de force politique sur lequel tout le monde, hormis quelques pans de l'opposition, aura fermé les yeux. Le président légitime, Saïd Bouhadja, du parti majoritaire avait été débarqué sans ménagement et sans la moindre pudeur politique par un groupe parlementaire de sa propre formation, avec l'appui ou le soutien tacite des partis de la majorité. Cela a donné lieu sinon a confirmé le délitement intolérable des institutions et des rouages qui faisaient fonctionner les grandes institutions de l'Etat.

Ce putsch avait porté au pouvoir un groupe qui, après la chute du clan Bouteflika, est également tombé comme un fruit mûr, chassé par les mêmes qui l'ont aidé à évincer du perchoir le président légitime, Saïd Bouhadja, qui aujourd'hui réclame inutilement sa «présidence» et tourne autour comme un «Don Quichotte», perdu dans les rouages d'un parti finissant. Une situation absolument alambiquée et confuse qui a paralysé une institution parlementaire vitale dans l'adoption des lois et le programme du gouvernement, et donc de la marche et du fonctionnement des institutions et le développement du pays, à un moment crucial du Hirak, pour rien. Mais avec de graves répercussions sur des pans entiers de la vie sociale, économique et politique du pays, puisque la situation «dictatoriale» imposée de fait par une partie de la nomenklatura au fonctionnement du Parlement, envers et contre la légalité constitutionnelle et par-delà les protestations de l'opposition, a provoqué une profonde blessure politique extrêmement dommageable pour la crédibilité des institutions parlementaires du pays.

L'éviction de Mouad Bouchareb, qui s'était vu propulser SG du FLN puis nommer président de l'APN, ne pouvait pas durer et, plus que tout, était une entorse et un déraillement généralisé du fonctionnement des organes décisionnels les plus sensibles du pays, son Parlement. C'est dire que ceux qui étaient derrière cette mascarade politique, qui avait en son temps donné une image grandeur nature de la désinvolture avec laquelle le pays était dirigé, principalement pour les intérêts exclusifs d'un clan affilié à sa clientèle qui se recrutait au sein de certaines corporations économiques et financières, ne se souciaient guère de l'intérêt du fonctionnement démocratique du Parlement, premier symbole de la démocratie dans un pays qui se respecte. Toute une institution de la République, de son socle constitutionnel avait été l'otage d'enjeux politiques et mercantiles au détriment des intérêts de la nation.

Maintenant que l'imbroglio a été annihilé, que l'APN a été du moins réhabilitée, sinon remise dans les rails de la légalité, il est attendu du nouveau président qu'il redonne au Parlement algérien sa crédibilité, ni plus ni moins. Cependant, le retour à la légalité constitutionnelle n'est pas nécessairement la fin des intérêts de clans, encore moins une nouvelle feuille de route parlementaire, dès lors que l'actuel gouvernement est constitutionnellement «illégitime». D'autant que le Parlement devra, dès la reprise de sa session d'automne, travailler sans qu'il y ait un gouvernement légitime, encore moins un président élu.