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Pour un consensus global

par Mahdi Boukhalfa

Acte IV hier vendredi 15 mars, au lendemain de la conférence de presse des Premier et vice-Premier ministre, des manifestations populaires pour le changement de régime. Comme il fallait s'y attendre, les Algériens ont réaffirmé qu'ils veulent un changement véritable, autant dans la manière de gérer le pays, son avenir que de proposer un personnel politique qui viendrait de l'urne. Plus qu'une affirmation, c'est une exigence que cette demande pressante du peuple algérien pour une nouvelle gouvernance, plus démocratique, issue du peuple et pour une alternance au pouvoir qui ne viendrait pas d'une quelconque supercherie politicienne.

C'est en gros le sens du message qu'ont réaffirmé hier vendredi les Algériens, après les protestations de mardi contre les annonces du président Bouteflika sur le report de la présidentielle et son abandon du 5ème mandat. Un dialogue de sourds commence à s'installer dans notre pays, avec ces millions de manifestants qui ne veulent pas d'un rafraîchissement de façade des institutions du pays qui ne répondent plus aux exigences populaires, dont une plus grande justice sociale, l'alternance au pouvoir, la démocratie et des institutions républicaines au service du peuple et de la nation. Les manifestations d'hier vendredi ont été également un message clair au président que le peuple veut être avant tout consulté, écouté et entendu sur ses exigences et non pas se voir proposer via des intermédiaires des solutions en deçà de ses exigences et de nature à donner une prolongation au 4ème mandat. Et, dans l'intervalle, ce sera le même personnel politique, des institutions traumatisantes pour les Algériens qui vont encore rester en place.

La stratégie déployée par le pouvoir pour trouver des réponses à une pressante demande du peuple encadré par l'opposition et la société civile ne convainc pas et, surtout, a pris les contours d'une ruse pour nombre d'observateurs politiques. Sinon, une stratégie de nature à exacerber encore plus la colère de la rue et les reproches de l'opposition. Une posture diamétralement opposée aux attentes citoyennes et qui est dangereuse pour la stabilité, la sécurité du pays. D'autant que les Algériens, maintenant qu'ils ont imposé leur point de vue aux politiques, ceux de la majorité ou de l'opposition, ne peuvent faire des concessions par rapport à leur agenda, celui d'un changement réel, véritable et non des solutions de replâtrage. Celui de remettre les destinées du pays à son propriétaire, le peuple, qui choisira ensuite en toute transparence ses représentants.

Une sortie honorable est ainsi proposée pour un consensus global en mettant en œuvre un agenda politique courageux, qui place la demande du peuple de l'alternance politique et une meilleure gestion des affaires du pays au centre des enjeux du moment et des années à venir. Après, les institutions du pays sont assez solides pour prendre en charge dans les mois qui viennent l'exigence d'élections libres, démocratiques et transparentes.