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Compte à rebours

par Mahdi Boukhalfa

Le compte à rebours a commencé pour tous ceux qui attendent anxieusement, sans être naïfs, l'annonce de la convocation du corps électoral pour la prochaine élection présidentielle. D'ici au 26 janvier, tout le monde sera fixé sur le sort de cette présidentielle. Mais, surtout, de la direction politique que prendra le pays. Si les plus sages estiment que l'aventure n'est pas permise et que le pays, même avec des moments de grands flottements institutionnels, de certaines dérives des partis de la majorité, reste cependant solidement ancré à la légitimité constitutionnelle, l'état de santé du président Bouteflika, candidat de la majorité, même s'il n'a pas encore annoncé sa décision, pèse, on le sait, sur le cours des événements. Et constitue l'une des clés pour comprendre tout l'embarras actuel des centres de décision quant à cette élection présidentielle. Le fait est que les partis de la majorité, en annonçant que le président Bouteflika est leur candidat, ne peuvent dès lors se récuser ou faire machine arrière et trouver une solution ou un plan ?'B'' si le principal concerné se ravise à briguer quand même un 5ème mandat.

C'est également un climat politique anxiogène pour les partis d'opposition qui insistent pour que cette élection présidentielle se tienne comme prévu par l'agenda politique et conformément aux dispositions de la Constitution en ce qui concerne l'organisation des rendez-vous électoraux. Les mises en garde contre des solutions qui ne tiennent pas compte de la légitimité constitutionnelle sont également un des chevaux de bataille de l'opposition qui ne veut pas cautionner, ni accepter tout report de cette échéance électorale. Une situation tout à fait inédite depuis les quatre dernières élections présidentielles, car jusqu'à présent une chape de plomb pèse sur le rendez-vous d'avril prochain. Et ce ne sont pas les partis de la majorité, qui veulent que le président Bouteflika poursuive sa mission à la tête de l'Etat, en dépit de son âge et l'état de sa santé, qui vont briser ce silence.

Loin de là, car jusqu'à présent, et conformément aux dispositions de la Constitution, l'élection présidentielle de 2019 est toujours dans le pipe et donc qu'il n'est pas forcément indiqué de s'inquiéter de sa non-tenue ou de son report. Encore moins alimenter un débat à forts relents défaitistes. Par contre, ce qui préoccupe les observateurs, c'est que le champ politique s'est soudainement tétanisé, comme suspendu à une grande annonce, et que les partis politiques, qu'ils soient de l'opposition ou de la majorité, attendent avec une grande anxiété. Même s'il y a çà et là quelques interventions d'anciennes personnalités politiques pour recadrer le débat sur les enjeux, les institutions républicaines ou les circonstances sociologiques particulières de l'élection présidentielle d'avril prochain, le fait est que cette échéance laisse tout le monde perplexe. Et, plus que tout, qu'aucune indication claire quant à sa tenue ou non n'est donnée par le gouvernement, encore moins les partis de la majorité qui se cantonnent dans un attentisme lourd de sens.

Pour autant, après le 26 janvier prochain, date butoir pour l'annonce de la convocation du corps électoral, tout le monde saura à quoi s'en tenir. Et quelle direction politique le pays devra prendre. Car au-delà de ce rendez-vous électoral, il s'agit surtout de donner plus de visibilité sur le plan économique aux investisseurs, aux partenaires étrangers dans les grands projets industriels, rassurer sur l'avenir du pays avec des grilles de lecture pas forcément alarmistes.