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Immigration, l'arnaque

par Mahdi Boukhalfa

Les accusations contre l'Algérie qui rapatrie dans des conditions décentes et humaines les ressortissants de pays africains en situation illégale sur son sol ne sont pas innocentes, ni dénuées d'arrière-pensée. A Alger, le sentiment du devoir accompli en faveur d'une frange fragile de Subsahariens, des enfants, est réel mais battu en brèche par des organisations et des pays qui estiment que l'Algérie ne doit pas refouler aux frontières les Subsahariens, en particulier des enfants exploités comme des esclaves par des réseaux de traite humaine. Officiellement, l'Algérie estime qu'elle est dans son bon droit de lutter contre ces réseaux de trafic d'êtres humains, ensuite de rapatrier les ressortissants subsahariens fragiles et en situation de détresse, dont des dizaines d'enfants sans parents.

La question est délicate, mais les autorités algériennes ne peuvent laisser une situation dangereuse, alimentant la contrebande, les trafics en tout genre et la criminalité transfrontalière se répandre dans les régions sud du pays à un moment où les pays européens sont en train de fermer systématiquement l'espace Schengen aux ressortissants africains. Même à ceux qui utilisent la voie légale, les octrois de visas ayant été, de l'aveu d'un diplomate européen à Alger, sérieusement restreints. Les migrants clandestins ne sont pas seulement en Europe, ils sont également au Maghreb, en Algérie en particulier, qui est une porte de l'Afrique vers l'Europe, et face à cette situation les autorités algériennes ont pris des décisions souveraines et en toute transparence pour prendre en charge dans le strict respect des droits de l'homme la question migratoire.

Un dossier qui a fait paniquer les Etats européens depuis 2015, trop soucieux de se protéger et de fermer l'espace Schengen que d'aider les pays du Sud, autrement que par des camps de rétention, qui luttent avec des moyens limités contre des vagues migratoires où se mêlent grand banditisme et désarroi de populations fuyant les seigneurs de la guerre, la famine et le sous-développement. Vieille accusation s'il en est depuis que l'Algérie a mis en place ses propres systèmes de défense contre l'immigration clandestine, lutter contre la traite des êtres humains et en particulier sécuriser ses frontières, menacées par des franchises terroristes et des réseaux de la criminalité transnationale. Les organisations onusiennes de défense des droits de l'homme comme les ONG ne sont pas cependant offusquées que les pays européens mettent les migrants clandestins dans des camps de rétention, y compris pour mineurs, souvent dotés du strict minimum pour que les ONG de défense des droits de l'homme soient satisfaites de cette sommaire prise en charge d'une jeunesse africaine en détresse.

A Alger, on met en doute la sincérité des accusations d'organisations onusiennes de défense des droits de l'homme quand ces mêmes organisations «ferment les yeux sur des pays voisins qui abandonnent des migrants africains dans le désert, alors que nous les ramenons à chaque fois dans leur pays». Par contre, la vraie question migratoire est loin d'être traitée de la même manière par tous les pays concernés, autant les pays de destination, les pays de transit dont l'Algérie que les pays émetteurs.

Car si à Bruxelles on augmente d'une main le budget des services chargés de lutter contre le phénomène migratoire, on verrouille de l'autre les accès à l'espace Schengen par un soudain durcissement des procédures de délivrance des visas. Ce n'est pas, évidemment, une bonne solution aux «pateras» de la mort. Mais cela satisfait l'égo de l'extrême droite européenne et une gauche complice.