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Le Makhzen, toujours

par Mahdi Boukhalfa

Le Maroc, une fois de plus, tente par des arguments éculés mais éventés par le SG de l'ONU d'impliquer l'Algérie dans le conflit du Sahara occidental. Un conflit qui dure indéfiniment du fait des manœuvres dilatoires de Rabat de ne pas libérer ce territoire qu'il occupe et exploite, au mépris de toutes les résolutions onusiennes qui l'appellent à participer pleinement à l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental depuis 1991.

La lettre du souverain marocain au SG de l'ONU, qui a attaqué l'Algérie, l'accusant ni plus ni moins de soutenir militairement et financièrement le Front Polisario, pour qu'Alger soit une partie au conflit, n'a pas de sens et si elle en a, c'est que les arguments du Makhzen pour poursuivre l'occupation du Sahara Occidental sont actuellement en train de fondre devant la réalité tangible d'une exploitation des richesses de ce territoire qui a pris la forme d'une véritable prédation. Et, surtout, que les violations quotidiennes des droits de l'homme au Sahara occidental par le régime marocain sont devenues tellement évidentes que même les plus farouches soutiens politiques du Maroc ont dû se rendre à l'évidence. Car accuser l'Algérie, tout simplement, de déstabiliser le Maroc en soutenant la RASD, est un des vieux systèmes de défense déjà utilisé, mais sans grande efficacité, par Hassan II.

La communauté internationale d'abord, l'ONU ensuite ne sont pas dupes et savent pertinemment que le conflit dans cette partie du Maghreb peut être résolu du jour au lendemain si Rabat abandonne ses prétentions coloniales au Sahara occidental. Les dernières accusations marocaines contre l'Algérie sont pathétiques et révèlent en réalité tout le désarroi du Makhzen devant le resserrement de l'étau international, en dépit de quelques soutiens intéressés de certains pays occidentaux, sur cette occupation qui n'a que trop duré. Cela fait maintenant 43 ans que les Sahraouis luttent pour leur liberté, leur indépendance, confisquée malheureusement par un pays qui a été lui-même colonisé et qui «s'est battu», selon ses historiens, pour recouvrer «sa liberté et son indépendance».

Impliquer l'Algérie dans un dossier de décolonisation, c'est l'accuser ouvertement d'en être responsable, ce qui, par ailleurs, explique autrement la fuite en avant du Maroc devant toutes les tentatives de l'ONU et l'UA, ainsi que de celles de la communauté internationale, de résoudre pacifiquement ce dernier dossier de décolonisation en Afrique. L'Algérie, qui est restée «zen» face à ces attaques sans fondement, mais qui ne changent rien au fond du problème, puisque la puissance occupante est interpellée directement par l'ONU, n'a d'autres ambitions dans la région que celles qui voudraient que les deux parties au conflit, le Maroc et le Front Polisario, puissent se mettre d'accord et travailler ensemble et de bonne foi, sous les auspices de l'ONU, pour engager un processus de décolonisation qui passerait fatalement par un référendum d'autodétermination. N'était-ce les velléités expansionnistes du Maroc, juste après le désengagement de Madrid de son ancienne colonie en 1975, marquant le début de la fin des empires coloniaux dans le monde, avec le retrait également du Portugal de l'Angola, ce conflit n'aurait jamais eu lieu. Et le Maghreb aurait connu une autre trajectoire politique, économique. Hélas, la folie des grandeurs du Makhzen en a décidé autrement.