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La provoc, jusqu'où ?

par Abdelkrim Zerzouri

Première riposte du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui fait l'objet d'attaques incessantes ces derniers jours de la part du SG du FLN, Djamel Ould Abbas qui ne cesse de le bousculer au premier mouvement, avant de faire face à la grosse machine de la présidence, avec cette brusque et inélégante mise à mort du partenariat sociétal ou le vol en éclats de la charte du partenariat public-privé.

L'absence du Premier ministre planera aujourd'hui sur la conférence consacrée aux énergies renouvelables organisée par le FCE et Sonatrach à Alger. Il y a, certes, des membres du gouvernement qui vont assister à cette conférence, notamment des ministres en charge de portefeuilles en lien avec le secteur énergétique, mais l'absence de M. Ouyahia est ressentie comme un «coup de gueule», un premier, après tout ce qu'il a essuyé sans broncher. L'incident du partenariat sociétal, marqué par le «recadrage » du président de la République, dans le sillage d'une certaine tripartite «parallèle» provoquée par le SG du FLN, n'est pas isolé.

Il y en a eu d'autres avant, à l'enseigne des entreprises automobiles autorisées à investir dans le créneau de l'assemblage, limitées par M. Ouyahia à cinq entreprises, laquelle décision a été tout bonnement gelée par la suite. Sans parler d'autres personnalités qui se mettent du jeu en tirant à boulets rouges sur le Premier ministre. Ce dernier n'a manifesté aucune réaction face à la machine hostile, si l'on excepte cette absence aujourd'hui à la conférence organisée par le FCE, par crainte peut-être de tomber dans un autre piège, même si officiellement on avance l'excuse diplomatique du calendrier chargé.

Pourtant, M. Ouyahia n'est pas réputé homme à tendre l'autre joue quand on lui donne une gifle. C'est lui-même qui l'a fait entendre après la présentation du plan d'action de son gouvernement devant les députés. Comment interpréter dès lors ce silence du Premier ministre face à tous ces coups bas ? Ses proches lui ont conseillé de ne pas répondre aux provocations. On sait que 2019 c'est demain et il s'agit de faire le dos rond en attendant de voir plus clair. Parce que même en haut de la pyramide le brouillard est très épais et au moindre faux pas on peut facilement se casser la gueule.

Bien sûr, M. Ouyahia aura à affronter ces dossiers dans les prochains jours, lors de la tenue du Conseil national du RND, mais il n'est pas dit que tout sera déballé publiquement. Avec sa deuxième casquette de SG du RND, il peut éviter de répondre aux questions qui concernent la gestion du gouvernement, on l'a déjà vu auparavant. Certainement qu'il fera encore durer le plaisir de voir ses opposants broyer du noir en le voyant dans son poste de Premier ministre. On ne trouverait pas meilleure rampe de lancement à quelques encablures du rendez-vous des présidentielles. Reste à savoir jusqu'où ira la provoc ?