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En parler ou se taire ?

par Moncef Wafi

Deux faits divers. Deux haltes pour un recueillement. La conscience nationale doit être réveillée avec un bon coup de pied et l'Etat doit, avant tout, rendre des comptes. La mort du petit Houssem (8 ans), retrouvé au bord d'une grande flaque d'eau dans la forêt de Sidi Slimane, après plus de 72 heures de sa mystérieuse disparition, a de nouveau fait parler les partisans de la réhabilitation de la peine de mort. 19 blessés dans une collision entre un bus de transport de voyageurs et un camion poids lourd à Béjaïa. Un autre aspect du terrorisme routier qui transforme un simple trajet sur les routes algériennes en une véritable roulette russe.

Ces deux exemples, entre autres griefs retenus contre l'incapacité du pays à assurer la sécurité de ses citoyens, reviennent un peu trop souvent dans la chronique des faits divers et dans le verbe accusateur et impuissant. A trop évoquer ces sujets, on en arrive presque à les banaliser, rendant l'exercice de dénoncer d'autant plus périlleux. Des sujets galvaudés à force de crimes et d'accidents qui rentrent petit à petit dans la norme nationale. Le fait d'arriver à réfléchir entre encore écrire sur ces cas ou se taire, pas par indifférence, est déjà un signe de grande détresse. La seule interrogation qui vaille la peine d'être posée concerne l'action publique et sa crédibilité. Si la question de la réhabilitation de la peine de mort est complexe et répond à des impératifs, tant internes qu'externes, on se demande encore pourquoi on n'arrive pas à imposer ces fameux mouchards sur les camions et les bus.

Ce laxisme des pouvoirs publics a un nom : non-assistance à personne en danger. Conséquences : chaque jour son lot de morts. Devant les statistiques et l'implication des bus et des poids lourds dans les accidents les plus mortels, on n'est plus dans la fatalité mais bel et bien face à des homicides volontaires. Sinon comment expliquer cette volonté de rouler à tombeau ouvert prenant en otage passagers et automobilistes. Qu'attend alors l'Etat pour réagir ? Les Algériens sont fatigués des cautérisations de jambe en bois, des campagnes de prévention, aussi inutiles que stériles, et du durcissement des lois contre les chauffards : des actions qui n'ont absolument rien solutionné. Le gouvernement doit réagir. Concrètement. Et vite. Si Tebboune a affiché ses priorités, il ne doit pas en perdre de vue la première, celle de garantir une vie décente à tous les Algériens.