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Eclairer les Algériens

par Moncef Wafi

La meilleure réponse à donner au peuple c'est le silence. C'est en tous cas l'impression que donne le gouvernement Sellal qui se mure dans un assourdissant et oppressant silence face aux questions de l'heure qui bouleversent le quotidien des Algériens. A aucun moment, ces dernières années, on a daigné répondre aux interrogations de nos concitoyens, érigeant la culture du laisser-aller et les réponses par le silence en véritable mode de gouvernance, poussant le peuple à privilégier les canaux informels et à chevaucher la rumeur pour récolter un minimum d'information concernant son avenir.

De tous les dossiers chauds, des émeutes populaires pour un meilleur niveau de vie, des derniers dérapages concernant la promotion des supplétifs de l'armée coloniale, de la communication sur la maladie du président de la République jusqu'aux scandales entourant les réformes initiées par plusieurs départements, aucune explication plausible n'a été donnée aux points d'interrogation restés suspendus dans le ciel algérien. Silence radio, à la limite du mépris, si ce n'est la très énigmatique main de l'étranger brandie face à tout mouvement citoyen. La rue marche, c'est le pied à défaut de cette main étrangère qui nous étrangle. Que les syndicats fassent grève, c'est sous la férule de l'étranger, dixit l'UGTA.

Les exemples ne manquent pas pour rappeler cette réponse faite sur mesure à un peuple qui se contente du minimum syndical en termes d'informations. De demandes de compte. Une réponse pavlovienne à toutes les questions posées dans l'attente d'éclaircissements. Le gouvernement, partant l'administration, s'emmure dans son monde de bureaux feutrés, imperméables aux frémissements citoyens, fermés aux réalités du terrain, coupés du cordon ombilical populaire. Les relais du système s'attelant à manier la langue du peuple dans un indescriptible et nauséeux accent populiste. Cet autisme officiel s'oppose frontalement à ce frénétique besoin de vérité. Du moins d'un début de réponse valable, logique qui doit éclairer les Algériens et non les inciter à la haine intercommunautaire.

Que l'Etat rompe toute communication avec la rue est la plus grande erreur à éviter puisque des citoyens ignorants de la réalité des faits peuvent être appelés à des interprétations aussi hasardeuses que dangereuses. Le gouvernement a l'obligation de se justifier, d'expliquer aux Algériens pourquoi des politiques ont échoué. Où sont les milliards de la relance et particulièrement cette incompétence impunie qui continue de grever tout un pays.