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Retour aux affaires

par Moncef Wafi

Le dernier Conseil des ministres a entériné la décision de la présidence d'octroyer la qualité d'officiers de police judiciaire militaire aux officiers de la sécurité de l'armée. Les officiers du renseignement pourront également enregistrer leur retour au sein des institutions étatiques dont les ministères. Que signifie cette réhabilitation ? Plusieurs pistes de réflexion sont proposées et la plus probante est l'étendue de la corruption qui gangrène tous les secteurs d'activité.

Le DRS démantelé et son patron désavoué, c'est le résultat d'une lutte au sommet entre les équilibres du pouvoir. C'est aussi la revanche d'un clan éclaboussé par des scandales dont le sommet de l'iceberg est à chercher dans les affaires traitées par la justice. Les procès liés à l'autoroute Est-Ouest et Sonatrach sont la partie visible de ce bras de fer qui a fini par avoir raison de la puissance avérée ou supposée des Services. En signant le retour du DRS aux affaires, Bouteflika envoie-t-il un signal de plus pour un cinquième mandat ou s'est-il fait déborder sur cette question des affaires ? Depuis la restructuration des services de renseignement décidée par le chef de l'Etat et la limitation de leurs prérogatives, l'Algérie a connu une période de flottement dangereuse cristallisée par la nomination, à des postes clés, de noms pas vraiment à la hauteur.

Que nous réserve demain ? La réactivation d'anciens dossiers enterrés sur ordre d'en haut ou l'ouverture de nouvelles investigations sur la compromission des politiques avec l'argent douteux ? L'autre piste à explorer est celle de l'approche des législatives qui devaient être les premières élections à se tenir loin de l'ombre du DRS. En effet, l'une des raisons de l'engouement des partis à participer aux prochains votes est que les états-majors politiques veulent vérifier de visu la mouture de ces élections à l'abri de l'influence des Services. Même si les formations du courant islamiste reconnaissent que ces élections sont loin de donner les meilleures garanties sur leur transparence, ils estiment que le fait d'avoir écarté le DRS de la vie politique signifierait peut-être la fin des quotas parlementaires. Qu'en sera-t-il maintenant ? En tous les cas et ce qui est sûr, c'est que ce retour ne va certainement pas faire sauter de joie certains qui avaient ouvertement accusé le DRS d'avoir «monté» des dossiers pour des règlements de compte.