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Un autre danger aux frontières

par Moncef Wafi

Si la présence d'une base américaine secrète de drones en Tunisie venait à se confirmer, quelles sont les incidences directes sur la sécurité des frontières algériennes ? Pour le moment, Tunis se contente de démentir les informations rapportées par le Washington Post sur le déploiement d'avions sans pilote, probablement des Reaper, ainsi qu'un personnel militaire dans une base aérienne en Tunisie pour des missions de reconnaissance et d'espionnage en Libye.

Le journal américain, qui cite de hauts responsables américains sous couvert d'anonymat, précise que ces drones, déployés fin juin dernier, sont déjà entrés en action dans l'offensive américaine contre les forces de Daech stationnées à Syrte où les Etats-Unis ont mené 300 frappes depuis août dernier. Même si le communiqué du ministère tunisien de la Défense infirme cette nouvelle, il rappelle que, dans le cadre de la coopération entre Tunis et le Pentagone, des instructeurs militaires américains sont en train d'entraîner, depuis mars dernier, des soldats tunisiens sur des armes récemment acquises des Etats-Unis dont les drones. L'information n'est pas nouvelle en soi puisque la possibilité de voir une base de drones américains en Tunisie avait déjà été évoquée en 2015, suscitant une vive réaction des Algériens qui y ont vu une surenchère sécuritaire d'autant plus qu'à l'époque les Allemands avaient suggéré une mission européenne pour contrôler les frontières de la Tunisie.

Cette base et la présence d'instructeurs et de personnels militaires américains constituent une tête de pont en Tunisie et partant en Afrique du Nord pour combler «un angle mort» pour les services de renseignements américains et occidentaux. Alger a-t-elle été mise devant le fait accompli ou a-t-elle accompagné la décision ? Personne ne saura répondre pour le moment mais une chose est certaine, c'est qu'Alger a toujours été réticente à la présence d'une base militaire étrangère à ses frontières. Elle avait refusé une demande de Bruxelles de lui fournir une base pour des drones de reconnaissance chargés de surveiller la Méditerranée à la recherche d'éventuels mouvements de migrants clandestins consacrant la philosophie du pays qui a de tout temps refusé dans le principe l'installation sur son sol de plateforme de surveillance ou de base militaire comme cela a été le cas pour l'Africom. La présence de l'armée américaine en Afrique du Nord peut représenter un réel danger pour la stabilité de la région et les exemples ne manquent pas pour illustrer les ravages engendrés par l'interventionnisme militaire américain dans les pays arabes.