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Et si on expédiait Blair à Falloudja

par Moncef Wafi

La guerre du Golfe. Trois moments forts de la semaine ont projeté cet épisode au devant de la scène mondiale. Halte 1 : l'attentat-suicide perpétré dimanche dernier dans un quartier animé de Baghdad par Daech et qui a fait près de 300 morts. Le camion piégé a explosé dans une rue commerçante de Karrada majoritairement chiite du centre de la ville. Halte 2 : Kadhim Hassan al-Djabouri, l'Irakien filmé en 2003 en train de s'attaquer au marteau à une statue de Saddam Hussein lors de la chute de Baghdad aux mains des troupes américaines, estime aujourd'hui que l'Irak allait mieux à l'époque du dictateur et que George W. Bush et Tony Blair devraient être traduits en justice pour avoir ruiné ce pays. Djabouri, chiite, a perdu plus de dix membres de sa famille sous le régime de Saddam.

Halte 3 : le rapport Chilcot met en lumière le rôle de l'ancien Premier ministre britannique dans un conflit qui a ouvert grandes les portes à un terrorisme exponentiel qui a fini par dévaster toute la région. Attendu depuis sept ans, le rapport Chilcot fort de 6417 pages, quatre fois plus long que Guerre et Paix de Tolstoï, précise-t-on, est sans appel contre Tony Blair. Tout sauf une surprise, ce rapport a néanmoins le mérite de mettre noir sur blanc le rôle joué par des individus dans un conflit qui tue encore des centaines de civils innocents par mois. Le document souligne que la guerre n'était «pas le dernier recours» mettant en cause la fidélité aveugle de Blair à son allié George Bush. Pire, il souligne le caractère à la limite du cadre légal et de la légitimité politique des manœuvres de l'ancien Premier ministre dans cette affaire sans toutefois qu'il soit directement accusé de mensonges ou de crime.

Que risque Blair ? Une broutille face aux centaines de milliers de morts causés par une guerre décidée à des fins électoralistes. Il pourrait être privé de son titre d'ancien Premier ministre si un groupe de députés britanniques décide d'engager une procédure d'impeachment a posteriori alors que les avocats de familles des 179 soldats tués en Irak se réservent la possibilité d'entreprendre des poursuites judiciaires contre lui ou le gouvernement britannique dans son ensemble. Le caractère illégal ou du moins immoral de cette guerre pose avec acuité la responsabilité des politiques occidentaux et le poids de leurs opinions publiques.

Le cas de l'Irak ressemble fortement à celui de la Syrie et pour reprendre un internaute qui soulignait que la mort de Saddam n'a rien réglé, ceux qui demandent le départ de Bachar al-Assad feraient bien de méditer là-dessus.