Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

L'article 51 pour départager Ouyahia et Saadani

par Moncef Wafi

De la révision de la Constitution, l'article 51 est celui qui cristallise le plus les attentions, exacerbant les passions ou au contraire poussant ses défenseurs à monter au créneau pour mieux l'expliquer. Et c'est cette réaction autour de ce texte qui est intéressante à plus d'un titre puisqu'il consacre, pour la première fois, si ça se trouve, ou publiquement, une divergence de vue dans le propre camp présidentiel.

FLN vs RND, l'article 51 symbolise, à lui seul, le destin de deux hommes qui se voient déjà au palais d'El Mouradia. Le reste n'est que littérature de salon bon pour remplir les journaux et donner le change sur une démocratie de façade. Ouyahia et Saadani, après une brève passe d'armes concernant le pôle présidentiel, s'affrontent de nouveau autour du texte constitutionnel, l'un le légitimant, l'autre le qualifiant de discriminatoire vis-à-vis des Algériens détenteurs de la double nationalité. Ce qui apparaît aux premiers abords comme un simple malentendu sur la lecture du texte entre les deux hommes n'est en réalité que le haut de l'iceberg du combat que se livrent deux clans du pouvoir, parrains de deux éventuels candidats à la succession ouverte de Bouteflika.

Si en théorie le vote au Parlement n'apportera pas de réponse définitive et convaincante sur ce bras de fer, la suite du feuilleton, avec cette loi qu'on annonce et qui devra limiter la liste des hautes fonctions éligibles pour les binationaux, donnera certainement un aperçu sur la direction du vent. En effet, tout le monde attend avec impatience cette liste pour voir l'influence des deux hommes sur le cours de la politique algérienne. Même s'il a été un petit peu chahuté par Bouteflika qui a décidé d'amender l'article 51 en l'élargissant, preuve, avait-on annoncé, d'un lâchage en haut lieu, Ouyahia campe sur ses positions à la tête des défenseurs de la nationalité algérienne exclusive pour prétendre aux leviers directionnels du pays. Il ira jusqu'à proposer aux binationaux et leurs alliés de l'intérieur de renoncer à leur nationalité étrangère pour être éligibles à ces hautes fonctions.

Kamal Rezzag Bara, conseiller à la présidence de la République, a justement évoqué, hier, cette loi limitative en citant par exemple le poste de gouverneur de la Banque centrale, de DG de la Sûreté nationale ou de président de la Cour suprême. Des exemples à titre illustratif puisqu'il faut y ajouter celui du président de la République, du Sénat, de l'APN, des différents services de sécurité, des rangs de l'Armée et de l'Administration, ce qui devra conforter la position de Ouyahia. Si la liste éliminait certaines de ces fonctions, là on saura vraiment d'où viendra la tempête.