La norme devrait être règle ou serait-ce la règle qui s'établirait en norme ? Toutes les bouches en sursaut s'inquiètent et protestent contre la passivité de l'intelligence et se perdent dans la question de savoir qui de la norme ou de la règle doit prédominer pour guider la société algérienne. Cracher sur des sacs en plastique bourrés de liasses de dinars ou donner le dos à un trône offert est devenu un blasphème et il serait une insulte que de ne pas s'accommoder de nouveaux repères qui feraient des procédés dits universels des comportements de plus en plus désuets. La honte et la morale n'ont plus de sens et ceux qui s'y accrochent sont devenus des éberlués qui vivront à la traîne d'une société qui leur rit au nez.

C'est désormais ainsi et tant pis pour ceux qui n'ont rien compris au déferlement de cette nouvelle culture qui a fait de l'effort et de la retenue deux tares officialisées. La puissance et le confort sont aux effrontés qui savent piétiner la pudeur et qui excellent à faire dégouliner l'urine des robinets. La non gêne est en passe de s'ériger en sésame pour fracturer les procédures de la normalité malmenée parce qu'il faut bien bafouer la normalité ancienne pour donner une consistance à l'immoral. Quand une élection et une responsabilité s'achètent, il faut bien qu'un extrait de naissance se vende.

La norme dorénavant ainsi imposée en devenant généralisée s'érige en règle et face aux moindres nécessités de la vie quotidienne, peu d'Algériens réussissent à préserver ce qui reste de la bienséance humaine passée. Le droit est remplacé par le passe-droit et les générations usées par le temps sont désemparées ne sachant pas si la nouvelle culture des comportements d'aujourd'hui est une conduite objective irrémédiablement établie et si le vice est devenu vertu.

Et si les temps modernes entraînent les générations qui viennent vers un nouveau bonheur même quand le prix à payer est l'enfouissement des fœtus humains dans les poubelles.