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LA JOURNEE DE L'HOMME

par M. Abdou BENABBOU

Il faudrait que nous cessions d'utiliser chaque 8 mars pour un hypocrite encensement des femmes. Elles n'en ont cure et elles n'en ont pas besoin car dans l'art d'encenser, elles sont passées expertes à nous élever au plus haut degré de la responsabilité. Fêter épisodiquement une journée de la femme est lui dénier son engagement permanent et quotidien pour que la société entière surfe avec moindre mal sur les pénibles difficultés de la vie et pour nous prouver tous les jours que lever la main sur elle est un blasphème.

Une loi vient d'être votée par l'Assemblée nationale pour lui garantir une série de garde-fous et la prémunir de la violence plurielle des hommes.

Le mâle croit avoir pour héritage divin un pouvoir sur la femelle et dans sa fausse superbe, il n'ignore cependant pas qu'elle est bien dans des domaines sa supérieure, rendant inutiles des témoignages de reconnaissance partielle parfois jusqu'à pousser à ériger des édits pour prétendre la protéger. Il n'ignore pourtant pas qu'elle a fini par être une grande dame et il voit bien que son efficacité et son implication dans la vie de tous les jours n'ont plus de limites. Non pas qu'elle soit plus forte et on persiste à circonscrire le débat dans le seul terrain animal au nom d'une virilité héritée et pour ne pas avouer la hauteur significative de son engagement.

Il faut cependant reconnaître que la pression culturelle et religieuse est d'une ténacité à toute épreuve pour que la femme s'échine à trouver une grâce et une harmonie dans le mariage paradoxal du jeans et du foulard.

Cette pression occulte les incessants coups de boutoir de la lourde exigence économique et rend aveugle la société pour qu'elle n'appréhende pas à sa juste valeur l'élargissement de la démission de l'homme. On feint de ne pas voir que le pain quotidien et les préoccupations essentielles pour la survie sont d'abord et de plus en plus à la charge des femmes.

La femme a fini par convaincre qu'elle n'est plus un être objet ni une vache à traire et l'on commence à se demander si derrière chaque grande dame, il n'y aurait pas un homme. Au vu des sacrifices de nos femmes, nos soeurs et nos mères, l'inversion des rôles est tentante. Pour s'interroger si les femmes ne sont pas finalement devenues des hommes.

Alors peut-être faudra-t-il pour rendre justice aux grandes dames, de plus en plus nombreuses, farfouiller dans le calendrier et dégager une date pour fêter une journée de l'homme.