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Ghaza, un pays de l'Amérique latine

par Moncef Wafi

«Il n'y qu'Allah qui peut les sauver», une réaction qui souligne toute l'impuissance du monde face au massacre des Palestiniens qui continue depuis maintenant 25 jours. Plus de 1.440 morts, dont la quasi-majorité des civils, un tableau de chasse qui compte parmi ses cibles 245 enfants depuis le 8 juillet et dire que l'offensive terrestre du 17 juillet lancée par les uniformes israéliens était censée éviter les bavures comme celle qui a vu la mort en live de trois petits enfants qui jouaient au ballon sur une plage de Ghaza.

Trêve, cessez-le-feu, Tel-Aviv joue avec l'opinion mondiale en donnant l'illusion de vouloir arrêter le génocide, faisant endosser l'échec de ces mi-temps humanitaires au Hamas. En réalité et comme ce fut le cas pour ce dernier interlude de 72 heures négocié par John Kerry, un ministre du criminel de guerre Netanyahu, ou bien c'est le John Kerry d'Obama, à force on commence à tout confondre avec ces doubles casquettes pro-israéliennes, l'objectif de l'armée israélienne est de finir le boulot, comme on dit, «avec ou sans cessez-le-feu». Le Premier ministre sioniste a juré solennellement la destruction du Hamas, une promesse aux relents électoralistes et a annoncé la mobilisation de 16.000 tueurs d'enfants supplémentaires.

Alors comment peut-on décemment reprocher aux Palestiniens de croire en une trêve qui va les enterrer davantage, un peu plus, sous le regard placide des dirigeants de ce monde ? Comment peut-on se taire et chercher des raisons à Israël alors que des enfants qui ont l'âge de leurs sourires sont littéralement déchiquetés par les bombes israéliennes ? Comment rester insensible à ces images qui vous font regretter de les avoir regardées et continuer à siffler au vent, comme si tout un peuple ne se faisait pas massacrer en toute impunité ? Que reste-t-il de raison pour se dire que rien ne se passe dans la bande de Ghaza et se bronzer au soleil ?

Depuis le 8 juillet, nos frères palestiniens meurent en silence et aucun Arabe n'a levé énergiquement la voix pour appeler au djihad saint. Où sont tous ces prédicateurs de la haine qui passent en boucle pour appeler les musulmans à aller se faire exploser à Damas, à Tripoli ou à Kirkouk ? Où sont les dirigeants arabes et musulmans qui préfèrent passer leurs vacances dans des palaces à boire du champagne et à entretenir leur lubricité vacillante à grand renfort de Cialis et de Viagra ? Où sont passés tous ces enturbannés et ces trois-pièces cravate alors que les pays d'Amérique latine, qui ne sont ni arabes encore moins musulmans aux dernières nouvelles, ont déclaré Israël comme «Etat terroriste», rappelant leurs ambassadeurs en poste chez les sionistes ?

L'Amérique latine s'est mobilisée comme jamais pour condamner le massacre de la population civile de Ghaza et offrir un soutien quasiment unanime aux Palestiniens. Le président bolivien Evo Morales, en épinglant Israël sur une liste «des Etats terroristes», a tout simplement supprimé un accord d'exemption de visa entre les deux pays. Mais l'Amérique latine n'est pas la Ligue arabe où siègent les éternels vaincus de ce monde. L'Egypte ne fait pas heureusement pas partie de cette Amérique latine fière et rebelle, sinon Israël aurait eu un allié de choix dans cette région du globe. Cette Egypte qui n'a pas hésité, hier, à fermer les portes du passage de Rafah devant des centaines de Palestiniens bombardés par l'armée israélienne. «Il n'y a qu'Allah qui pourra les sauver» parce que tous les Arabes et musulmans sur cette terre sont morts... de honte.