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«Je salue la décision du président de la
République, Abdelmadjid Tebboune, d'imposer la
généralisation de la numérisation dans tous les secteurs avant la fin de
l'année 2025, à commencer par le secteur de l'agriculture », a déclaré, hier
mardi, le directeur de l'Ecole supérieure d'agriculture, Tarik Hartani.
Intervenant sur les ondes de la Radio nationale, le Pr Hartani a indiqué que «cette orientation stratégique constitue une étape essentielle pour moderniser en profondeur l'agriculture algérienne, longtemps restée en retrait face aux nouvelles technologies». L'invité de la Radio a également expliqué que le secteur agricole « souffrait d'un manque flagrant d'informations fiables, notamment dans les filières stratégiques ; la numérisation permettra justement de combler ce retard et d'offrir une visibilité réelle à toutes les filières du secteur », a-t-il souligné, précisant que « l'absence de bases de données centralisées provoque souvent des écarts que les responsables avaient du mal à corriger à temps ». Les céréales, une filière stratégique Parmi les domaines prioritaires, Tarik Hartani cite la filière céréalière, qui reste la plus consommatrice d'aides financières et dont la traçabilité fait défaut : « en vingt ans, près de 100 milliards de dollars ont été injectés dans le secteur agricole, dont 80% dans la seule filière céréalière. Avec la numérisation, il aurait été possible d'optimiser ces financements et d'assurer une meilleure traçabilité des ressources », a-t-il expliqué. La filière de l'élevage est également concernée. « Le recours à des technologies comme les puces électroniques pour le suivi du cheptel pourrait améliorer les rendements et réduire les pertes », a encore estimé le directeur de l'Ecole supérieure d'agriculture. Quant à la mécanisation, « elle reste tributaire d'une meilleure maîtrise de la donnée numérique, si nous parvenons à contrôler l'information, nous pourrons réduire sensiblement la facture des importations, comme l'ont démontré des pays émergents tels que le Brésil ou la Russie », a-t-il ajouté. La centralisation des données agricoles représente, selon le professeur Hartani, « un levier stratégique pour améliorer la gestion et affiner les prévisions : la numérisation permettra de disposer d'outils fiables afin d'anticiper les besoins en stockage, en semences, en engrais et en matériel, comme elle facilitera également la distribution des aides financières et matérielles, qui pourront être orientées de manière plus transparente et plus équitable vers les agriculteurs qui en ont réellement besoin », a-t-il souligné. Et d'ajouter : « lorsque l'information est fragmentée et non numérisée, la prise de décision devient approximative, mais avec la digitalisation, l'administration centrale disposera d'une vue d'ensemble et pourra mieux accompagner les producteurs », a souligné le Pr Hartani. Pour le directeur de l'Ecole supérieure d'agriculture, la réussite de ce chantier « ne dépendra pas uniquement de l'administration, mais aussi de l'adhésion des agriculteurs eux-mêmes », insistant sur « l'importance d'aller vers les exploitants, y compris ceux situés dans les zones steppiques ou montagneuses, afin de les sensibiliser aux bénéfices de la numérisation ». « Des applications adaptées pourraient fournir des informations utiles sur le climat, les conditions de semences, ou encore l'utilisation optimale des engrais et des outils de travail. Même les petits éleveurs doivent avoir accès à ces données pour mieux gérer leurs activités », a-t-il affirmé. Conscient qu'une partie du secteur reste réfractaire au changement, Tarik Hartani a estimé toutefois que « la modernisation est un mouvement irréversible : ceux qui refusent d'intégrer cette dynamique finiront par être marginalisés. L'essentiel est que l'administration centrale crée les conditions favorables pour accompagner les producteurs », a-t-il expliqué. Un système national d'information agricole Tarik Hartani a par ailleurs annoncé «la mise en place prochaine d'un système national d'information agricole, destiné à centraliser et à valoriser toutes les données produites par les différents démembrements du secteur ». « Chaque structure génère de l'information qui doit être stockée et transmise à la hiérarchie. Nous disposons déjà de bases de données qu'il faut exploiter», a-t-il insisté, ajoutant qu'une « information non utilisée et non optimisée est une information morte, alors que des efforts importants ont été consentis pour la produire », a-t-il souligné. L'hôte de la Radio a également insisté sur « la nécessité de sécuriser ces données en recrutant des ressources humaines qualifiées capables d'en assurer la gestion ». Dans cette perspective, le même responsable a rappelé l'importance de la Conférence nationale de l'agriculture prévue fin octobre, « un rendez-vous stratégique », selon lui, pour faire un focus sur ces enjeux et dégager des recommandations utiles, tant pour le secteur agricole que pour le citoyen. |
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