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![]() ![]() ![]() Le Moyen-Orient à la croisée des chemins: Entre illusions diplomatiques et réalités de domination
par Salah Lakoues ![]() Alors que les
tensions s'exacerbent, l'analyse du Quotidien d'Oran «Le Quotidien d'Oran du
14/09/2025», met en lumière les contradictions des stratégies arabes et
l'impasse d'un ordre régional dominé par Israël sous parapluie américain. Les
Accords d'Abraham, présentés comme une ouverture, révèlent aujourd'hui leur
vrai visage : non pas une promesse de bon voisinage, mais un outil de
domination. Face à cette erreur stratégique, le monde arabe se retrouve
contraint de repenser son unité et son avenir.
Doha bombardée : quand l'agression israélienne réveille la conscience arabo-islamique Le 9 septembre 2025, l'attaque israélienne contre un quartier résidentiel de Doha, capitale du Qatar, a franchi une nouvelle étape dans l'escalade régionale. Plus qu'une violation flagrante de la souveraineté d'un État, cet acte a mis à nu la fragilité stratégique des pays arabes et leur dépendance persistante à des alliances extérieures souvent instrumentalisées contre eux. Le Sommet arabo-islamique extraordinaire tenu à Doha le 15 septembre a réagi avec force. Son communiqué final a condamné unanimement l'agression, exprimé une solidarité totale avec le Qatar et rappelé que cette attaque compromettait la paix régionale. Les termes employés génocide, nettoyage ethnique, blocus, colonisation, expansionnisme rappellent que le conflit ne se limite plus à la Palestine : il englobe désormais l'ensemble de l'architecture sécuritaire du Moyen-Orient. Un front uni autour du Qatar Rarement, le monde arabe et islamique a parlé d'une seule voix avec une telle clarté. L'agression contre Doha est perçue comme une atteinte contre chacun des États membres. En affirmant soutenir les mesures de défense du Qatar, le sommet réactive l'idée d'une sécurité collective arabe, longtemps restée lettre morte. Cette unité résonne fortement avec l'analyse du Quotidien d'Oran : le bombardement de Doha est un signal d'alarme, une invitation à sortir de la dépendance stratégique envers l'Occident et ses relais régionaux. Washington, à travers Israël, garde une mainmise sur la sécurité du Golfe, mais l'attaque a montré le coût de cette tutelle : fragilité et exposition permanentes. Les accords d'Abraham : une illusion stratégique L'agression israélienne contre le Qatar met aussi en lumière l'erreur stratégique des accords d'Abraham, imposés par Washington à plusieurs pays du Golfe. Présentés comme une ouverture vers un «nouveau Moyen-Orient», ces accords ont en réalité consacré Israël comme proxy des États-Unis dans la région. Beaucoup de dirigeants du Golfe ont cru qu'en normalisant avec Tel-Aviv, ils garantiraient une stabilité et un bon voisinage. C'était une illusion. L'attaque contre Doha démontre qu'Israël ne cherche pas l'intégration pacifique, mais bien la domination régionale, par la force et la dissuasion militaire, en plaçant la souveraineté arabe sous une menace permanente. Multipolarité et autonomie : une recomposition inévitable Le quotidien algérien soulignait déjà que la survie politique et stratégique du monde arabe exige une recomposition profonde : Diversifier les alliances, en s'appuyant sur la multipolarité incarnée par la Chine, la Russie, l'Inde et les BRICS. Développer une autonomie économique fondée sur l'industrie, l'énergie renouvelable, l'agriculture et l'innovation technologique. Construire une coopération régionale qui transcende les divisions idéologiques et confessionnelles. Le communiqué final de Doha reprend implicitement ces axes. En appelant à une action juridique, diplomatique et économique contre Israël, en soutenant la CPI et en demandant une conférence internationale pour une solution à deux États, il montre que l'ère des simples condamnations verbales doit céder la place à des instruments concrets de souveraineté collective. La jeunesse comme moteur L'article du Quotidien d'Oran insistait sur la nécessité de mobiliser la jeunesse arabe, non comme spectatrice mais comme actrice d'un nouvel horizon politique. Le sommet n'a pas explicitement évoqué ce point, mais la logique de souveraineté et de dignité, exprimée à Doha, ne pourra prendre racine qu'à travers l'adhésion des nouvelles générations. Cette jeunesse, confrontée au chômage, à l'exil forcé ou à l'exclusion politique, voit dans ces agressions une démonstration : tant que la dépendance perdurera, la vulnérabilité sera la règle. L'unité proclamée à Doha doit donc se traduire par des politiques internes capables de donner aux jeunes un rôle concret dans l'économie, la recherche, et la gouvernance. Entre rupture et opportunité L'agression israélienne contre Doha a produit l'inverse de ce qu'elle visait : au lieu d'intimider, elle a catalysé une unité arabo-islamique que beaucoup croyaient impossible. L'Algérie, fidèle à sa doctrine de non-alignement, y voit la confirmation de ses choix stratégiques. Le Qatar, de médiateur, devient symbole de souveraineté violée mais aussi acteur clé d'un front régional. La question est désormais claire : le monde arabe saura-t-il transformer cette indignation collective en une véritable architecture de sécurité et de coopération ? Le communiqué de Doha trace la voie, et l'analyse du Quotidien d'Oran le rappelle : l'heure n'est plus aux divisions et aux dépendances, mais à la construction d'un ordre multipolaire où les Arabes et les musulmans prennent leur destin en main. |
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