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A l'aulne des
enjeux de l'écriture de notre Histoire, entre mémoire de combattants et mémoire
de caïd et bachagha !
Pour le livre «L'Algérie; Passé et Présent» de André Prenant, Jean Dresch a fait une préface où il écrit ceci : «L'histoire coloniale est presque toujours à sens unique, car c'est le propre d'un peuple colonisé de n'avoir plus d'histoire ou du moins d'historiens, hormis celle et ceux du colonisateur. Or le colonisateur ignore, communément, le colonisé, volontiers il le considère comme mineur, primitif, incapable, digne seulement d'une sollicitude bienveillante et paternaliste». L'évocation, en septembre 2016, à travers les colonnes de la revue ?Mémoria magazine' d'un événement controversé, parmi ceux ayant pu ponctuer le cours de notre révolution, remet à l'épreuve cette formule qui se montre, encore, une fois, des plus justes, et surtout toujours d'actualité. L'événement en question, est ce que la propagande de l'armée française avait baptisé, en 1956, «la nuit rouge de la Soummam» et qu'elle a imputé à des officiers de la Zone I Wilaya III. L'éditorial de la revue est construit autour de 5 articles concernant la Wilaya III et se focalise, à l'exception du dernier, le 6ème , sur «des bévues !». L'auteur de ces articles semble, comme on dit chez nous, «Yhadji ouayfek ouahdou». Comprendre: «Il pose des devinettes et y répond lui-même», sous des titres aussi divers que: ?La nuit rouge de la Soummam : Une tragédie et des versions, ?La nuit rouge de la Soummam: Tache noire dans la révolution, ?La nuit rouge de la Soummam : Vue par les hommes de la révolution, ?La nuit rouge de la Soummam : L'ombre d'Amirouche, ?La nuit rouge de la Soummam : Qui est Fadel H'mimi ? Force est de constater, non sans déception, que cette revue à laquelle on voudrait bien se référer comme étant «premier et unique magasine consacré à l'Histoire de l'Algérie», que ces 5 articles s'alignent ? littéralement ? sur les mêmes thèses de la propagande française d'alors. Ce magazine y reprend, à la manière « du copier-coller», les narrations du colonisateur pour s'en prendre à l'ensemble des dirigeants de la Wilaya III et plus, particulièrement, au Commandant H'mimi, chef de la Zone 1, qu'il charge d'actes de barbarie. Se basant, particulièrement, sur des écrits des deux Français: Yves Courrière et Gilbert Meyneir, connus comme historiens ayant toujours développé le point de vue des services de propagande de leur armée d'occupation, notre Magasine va encore plus loin. Pour donner plus de crédibilité à la thèse française, notre historien, celui qui a rédigé l'article a procédé comme suit : Il a jugé utile et nécessaire, de donner à ce sujet, «la parole algérienne» à un ancien moudjahid dont le parcours malheureusement est loin d'être exemplaire, et ce, aussi bien dans le maquis où il était, que plus tard, à travers circumnavigations et autres pérégrinations. Il a, par ailleurs, transfiguré les photos du colonisateur qui montraient une file de cadavres alignés, et a superposé dessus la photo du chef de la Wilaya III, le plaçant devant la rangée des cadavres en question, les mains dans les poches pour forcer l'évocation de cynisme sanguinaire chez Amirouche . Il est facile de constater que ces cadavres, ne portant ni chéchia, ni burnous, ni babouche, ni turban, ni un quelconque accoutrement des paysans de chez nous, ne peuvent être que des militaires. Les Français n'exposant, jamais, leurs propres soldats morts; cela leur ferait mauvaise image et montrerait la vulnérabilité de leur armée face aux moudjahidine, ces cadavres ne pourraient être que ceux de harkis. Ce qui amène à rejeter la thèse du journaliste concernant le fait que c'est «la nuit de la Soummam» qui a amené certains habitants de la contrée à se rallier à la France, en tant que harki, par réaction et vengeance à l'égard de l'ALN. Il présente, également, dans une autre photo d'Amirouche enlaçant, en signe de satisfaction, son subalterne que les Français avait désigné comme responsable et auteur de ladite tragédie : Si H'mimi chef de la Zone I. Pour le premier volet, le moudjahid témoin, évoqué ci-dessus, et interrogé sur l'affaire, s'en est pris au commandant Si H'mimi dont, pourtant, il a été le subalterne. Pour le second volet, la transfiguration de certaines photos, comme le choix d'autres suggéraient que Si H'mimi a agi sur ordre de Amirouche, et que ce dernier le félicitait de ses actes (comprendre, ici, la nuit tragique de la Soummam) en le prenant par l'épaule. Ce qui a permis à la revue, de pousser le bouchon plus loin et aller jusqu'à prétendre que les congressistes de la Soummam, au cours de leur congrès, avaient reproché de tels actes de barbarie à Amirouche et à ses officiers, visant particulièrement, le responsable de la Zone I, Si H'mimmi . Là, l'exercice devient difficilement acceptable, puisque l'historien de la revue lui-même reconnaît et l'écrit dans l'un de ces 05 articles que, aussi bien Si H'mimi que son chef Amirouche, avaient été promus à des grades supérieurs, 3 mois après ledit massacre, baptisé par les Français : «Nuit rouge de la Soummam». Ils ne sont promus pas, par n'importe qui, mais par des congressistes de la Soummam qui réunissait tous les chefs de wilaya, au cours du mois d'août 1956, et seulement à quelques dizaines de kilomètres de l'endroit où aurait eu lieu ledit massacre de la « Nuit rouge de la Soummam ». Pour notre part, nous considérons que ces promotions décidées aux lieu et moment où se tenait le congrès de la Soummam, en faveur de ces deux combattants, par l'ensemble des prestigieux chefs de notre Révolution nationale ; ceux qui détenaient entre leurs mains le devenir de la Nation ; constituent, à elles seules, l'argument imparable que ce qui était raconté, en ce qui concerne les parcours respectifs de Amirouche et Si H'mimi, par la France et rapporté, ça et là, hier, par les ennemis de la Révolution et aujourd'hui par nos apprentis historiens, ne tient pas la route, puisque non retenu par les congressistes. Qui mieux que ces hauts responsables de la Révolution, réunis à Ifri , peut donner meilleur jugement, trancher et clore définitivement, au bénéfice de ces deux combattants d'envergure, une cabale aussi stérile et inutile ? La présence du dernier article, le 6ème , ne comptant pas plus de 04 pages ni de couleur rouge en guise de sang, à l'instar des photos des 05 articles précédents, se rapportant tous à « La nuit rouge de la Soummam » et intitulé de façon lénifiante : « Répression des manifestations d'octobre 1961 à Paris », l'Etat français viole ses principes démocratiques et sa constitution, voudrait faire oublier que les 5 précédents articles se cristallisaient, sur pas moins de 20 pages, sur la seule Wilaya III, sur Amirouche et concomitamment sur Si H'mimi, Ceci dit, nous ne cherchons nullement à contredire qu'il y aurait eu des morts, en ce mois d'avril 1956, mais il reste impérieux de rappeler que l'opération contre ledit village de la vallée de la Soummam, dont une partie relevait de la Zone I Wilaya III, commandée par Si H'mimi, a eu lieu, à peine trois mois, avant le début de la réunion du Congrès de la Soummam qui se préparait de plus longue date. Dans ce cas, la fameuse formule, inventée par les bons penseurs français, à l'occasion de la décennie noire : «qui tue qui ?» («men tue qui ?» «qui tue men ?» s'invite d'elle-même, pleinement et avec force pour le cas de la «Nuit rouge de la Soummam». Par ailleurs, il y aurait eu, selon le magazine en question, au gré de « ses copier-coller», tantôt 150, tantôt 500, tantôt 1.000 victimes, pour le village, en question de la commune de Barbacha. Ce nombre est laissé flou et n'a pas été arrêté par l'auteur des articles. Celui-ci tenterait d'harmoniser les différentes versions données par la propagande de l'armée française et faire passer l'amalgame planté quant à des événements survenus, en d'autres périodes, pour d'autres ?arch' ou communes comme celles de Ait Mohli, Ait djellil et de Smaoun. Sur cette question de nombre de morts pour ce village, relevant de l'Arch de Barbacha, il ne peut être celui prétendu, puisque l'Arch, lui-même, regroupant 15 à 20 villages, ne comptait pas plus de 2.500 habitants (recensement de la période, opéré par l'Administration française elle-même). Pour nous résumer : l'avancement en grade dédouanait les deux chefs, de toutes espèces de déviances, à l'égard des règles et de la discipline de la Révolution. C'est là, la vue des congressistes, chefs de la Révolution. C'est là, la vue qui devrait répondre à la fébrile quête de l'auteur des articles. Il ne pouvait être autrement pour ces deux combattants responsables. Le parcours de chacun de ces deux géants : celui du chef de la wilaya III Amirouche, comme celui du Commandant de la Zone I Si H'mimi, ainsi que le fil à retors et tourniquet qu'ils donnèrent à l'armée française, sont connus et devraient, à eux seuls, dissuader toute espèce de critique à leur encontre. Si le parcours de Si Amirouche est assez connu, et nous nous suffirons de n'en rappeler que le dernier bout, celui de sa dépouille découverte, à l'indépendance, en décembre 1962 et qui fut séquestrée et mise au secret pendant une vingtaine d'années dans ce qui deviendra, plus tard, le siège de la Gendarmerie nationale, pour n'être ré inhumée au Carré des Martyrs, à El Alia, que le 24 octobre 1984, sous la présidence Chadli Bendjedid, soit 22 années après. Pour ce qui concerne Si H'mimi, qui a toujours été respecté et non craint, le magazine n'a fait, malheureusement que reprendre la propagande de l'ennemi. Alors que celui-ci, un héros pour ses compagnons et ses subalternes, le reste, également, pour toute la population de la zone qu'il a commandée. Ce respect et admiration qu'avait et a toujours la population de la Zone I pour Si H'mimi, comme celle que lui vouaient et lui vouent les survivants parmi ses troupes, notre auteur d'articles ne s'est pas donné, par ontologie ou professionnalisme, la peine d'aller les mesurer, sur le terrain et auprès de ces populations, comme auprès de ses anciens compagnons. Grand bien lui fasse! Il fait plus confiance aux informations accessibles par « copie-coller », apprêtées par les Français. Mais ce n'est pas de ce type d'histoire que devrait se faire prévaloir ?Mémoria', le magasine national « premier et unique consacré à l'histoire de l'Algérie ». Par ailleurs, dès lors que ce Si H'mimi avait la réputation que la France lui collait et que certains voulaient lui donner, à leur tour, après l'Indépendance, comment aurait-il pu survivre jusqu'à l'indépendance, parmi et au sein des ces populations de la vallée de la Soummam, qui ne l'ont jamais trahi, et qui n'ont, par contre, jamais cessé de le ravitailler, de l'informer et de le protéger, à travers monts et vaux de la Zone I ?. Pour clore cet écrit, nous considérons que le contenu mentionné d&ns ces articles de MEMORIA s'illustrent parfaitement dans le sens de la première partie de la formule de Jean Dresch donnée plus haut en préambule. Car c'est bien l'histoire du colonisateur qui y est servi, et qu'elle aubaine pour la France, car cela argumente en son lieu et place la tant recherchée mise au même niveau les crimes commis par la soldatesque française avec les actions de l'armée de libération. Respectern pour ne pas exiger de l'honorer pour la garder vivace, cette mémoire de nos combattant tombés au champ d'honneur comme ceux décédés après l'indépendance, constitue une constance et une exigence d'un peuple qui a lutté pendant plus d'un siècle pour se libérer du joug colonial . Ce respect de mémoire constitue un rempart face aux agressions multiples nombreuses et insidieuses de l'ex colonisateur qui a planifié d'embrouiller et d'en détruire toutes les composantes. Son but, «Il ne faut pas que l'Algérie ait des dates de commémoration, des fêtes nationales qui puissent rappeler qu'il y a eu occupation, guerres de résistance, qu'il y a eu des martyrs, des Chouhadas, des génocides, et des héros. Si celles-ci existent, faisons tout pour modifier la signification de ces références». Et c'est ainsi qu'il a procédé à échafauder et construire des amalgames pour faire oublier ses crimes et nous faire accepter ses lois sur les bienfaits de ses cent trente années d'occupation (loi du 23 fév. 2005) : et mettre ainsi au même niveau colonisé et colonisateur. Ces amalgames successifs ont touché les dates commémoratives des événements marquant de notre histoire. Nous citons entre autres : L'Amalgame entre dates de l'indépendance et de débarquement de Sidi Ferruch. Amalgame .autour de la date du 18 février journée du chahid pour nous, journée du combattant algérien mort pour la France (comprendre par les harkis) Amalgame entre journée du 19 mars : victoire pour l'Algérie et, journée du harki pour la France. Et nous passons sur : les tentatives de modifier l'hymne National (pour en extraire le couplet «ya firanca» , la glorification le colonialisme (loi du 23 fév. 2005), ainsi que les conseils prodigués en direction des algériens pour ne plus regarder derrière dans le rétroviseur : c'est-à-dire oublier le passé, oublier l'histoire (Juppé). Ou les déclarations telles que celles faites par certains ministres (Douste Blasi, Kouchner ) où ceux-ci s'évertuaient à marteler le discours suivant : «tant que les anciens du FLN seront encore de ce monde, il ne pourra pas y avoir une réconciliation entre l'Algérie et la France». C'est là une constance qui fait l'unanimité de la politique française contre les anciens combattants de L'ALN/FLN. Mais en attendant, ce serait encore mieux, et c'est là une bonne aubaine pour le colonisateur, si on pouvait diminuer, amoindrir, falsifier et salir la mémoire des chefs historiques de cette révolution par des algériens eux-mêmes. A ce sujet et à l''intention du lecteur dubitatif nous ajouterons ce qui suit. N'est pas une coïncidence qu'après quelques mois seulement, de la parution de l'article considéré de Sept 2016 du magasine Mémoria, nous assistons, le 21 février 2017, à une émission télévisée, consacrée, à une écrivain française Ferial Feron, venue présenter son livre, écrit en mémoire de son grand père le Bachagha Bengana Abdelaziz mort en 1945. Celui ci grand collaborateur de la France et qui a donnée lieu à une longue lignée de caïds agha et bacha agha, était présenté, dans cette émission de la télévision nationale, comme le plus grand homme de bien. Ce serait là, alors, déjà les premières retombées positives des bienfaits du colonialisme sur lequel a légiféré l'assemblée française le 23 fév. 2005. Bengana a été bacha agha des Ziban à Biskra, comme d'autres en d'autres lieux, comme le furent les Ourabah, Benali Cherif et autres dont l'autorité s'est assise et étendue dans la vallée de la Soummam, donc y compris sur Les Archs englobant les villages Barbacha Ait Mohli, Ait djellil et Smaoun auxquels on se réfère, dans la revue et où eurent lieu «des nuit rouges». Les populations de certains de ces villages qui leur ont été soumis pendant plus d'un siècle, ne s'étaient pas rangées et /ou engagées tous, sans exception, de la même façon et avec la même diligence du coté de l'ALN. Certaines n'ont pu que très laborieusement échapper et tourner le dos aux matraquages véhiculés et imposées, en faveur du colonisateur, par la féodalité centenaire de ces caïds, aghas et bacha-agha successifs, les plus sûrs et plus fidèles alliés de la France et ennemis jurés des révolutions celle dont on parle comme celles la précédant : celles d'El Mokrani et de cheikh Ahadded ?. . Et ce dernier vénérable combattant ne se serait-il pas retourné dans sa tombe ? s'il savait qu'un certain Cheikh Moussa, habilité imam de l'un de ces villages mentionnés ci-dessus, avait prononcé en direction de la population de toute la région, une fatwa religieuse contre tous ceux qui combattent les français : c'est-à-dire contre les valeureux maquisards sous les ordres de Si Hmimi et Si amirouche . Ce traitre, malgré la protection rapprochée de l'armée française finit par connaitre le sort réservé aux ennemis de la révolution au niveau du lieu dit poste1004 à Ait Djellil. Avant de connaitre la fin qu'il méritait, combien de victimes a fait sa fatwa, au sein de la population des villages où il lui a été donné de prêcher, détournant, éloignant ou retardant, les jeunes et moins jeunes de l'adhésion au FLN / ALN et les diriger dans les bras de l'armée française ?, En conclusion. Quand la France fait tout pour protéger ses soldats, ses supplétifs, ses harki, de notre côté nous nous laissons aller à ternir ou détruire l'image de nos héros et à salir leur mémoire. Didouche Mourad n'a-t-il pas laissé aux algériens ce message: «Si nous venons à mourir, défendez nos mémoire» *Ex Officier de l'ALN |
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