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Remise en selle

par Abdelkrim Zerzouri

Après une période marquée par les hésitations, la réforme des subventions de l'Etat est en passe d'être sérieusement étudiée pour passer à son application sur le terrain. Inscrite dans la loi de finances 2022, prévoyant de ce fait son application au courant de l'année, la réforme des subventions de l'Etat a été étouffée dans un premier temps dans le but évident de rassurer les citoyens confrontés aux dures épreuves de la dégradation du pouvoir d'achat, avant de revenir au premier plan avec la récente annonce du président Tebboune, qui a annoncé sa remise en selle.

Qu'est-ce qui a bien pu changer entre les déclarations qui sont passées, dans moins d'un semestre, de l'hésitation à la confirmation d'une action chère au gouvernement, en l'occurrence la fin des subventions généralisées sur les produits de base et l'orientation directe du soutien financier consacré à ce chapitre, qui représente le 1/5 du budget de l'Etat, aux familles dans le besoin ? La «levée, d'ici la fin de l'année, des subventions sur certains produits dans le cadre d'un mécanisme national» a été ainsi annoncée ces deux derniers jours par le chef de l'Etat.

Rappelons qu'avant d'en arriver à cette étape, le président de la République avait reconnu lors d'une rencontre avec la presse, en novembre 2021, que « les mécanismes de la révision des subventions sociales ne sont pas encore arrêtés, ni ses modalités établies, encore moins ses objectifs et les catégories concernées ». Et, en avril 2022, toujours dans le décor d'une rencontre avec la presse, il est revenu à la charge sur ce dossier, en confirmant sa volonté de réviser le système des subventions étatiques, contenu dans la loi de finances 2022, qui comprend un article portant révision de la politique de subventions publiques à travers un mécanisme national annonçant dans ce cadre la constitution, vers fin mai prochain, d'une commission nationale qui regroupera des représentants de «l'Assemblée populaire nationale (APN), du Conseil de la nation, des syndicats, des partis politiques ainsi que toutes les forces vives du pays qui émettront leurs avis sur cette question de manière organisée», et qui sera chargée de la révision des subventions publiques en vue de passer des subventions généralisées vers des subventions orientées aux véritables bénéficiaires.

Est-ce l'amélioration de la situation économique, due à la hausse du baril, qui a revigoré le gouvernement pour passer à l'action sur ce registre ? Les spécialistes jugeaient, en effet, qu'il fallait attendre une amélioration de la situation sociale et économique avant d'aller vers ce type de décision. S'il est patent que la facture de la consommation d'eau à des fins commerciales ne bénéficiera plus de la subvention de l'Etat, suite à l'enquête ordonnée dans le secteur par le président de la République lors du dernier Conseil des ministres pour faire, justement, la distinction entre la consommation individuelle familiale et la consommation de l'eau à des fins commerciales, la question reste entière à propos de ces « certains produits » sur la longue liste du système social, en l'occurrence la semoule, l'huile, le pain, le lait? le logement, les soins, l'éducation, l'électricité, le gaz et l'essence, qui seront les premiers ciblés par la prochaine levée des aides sociales ?