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Dans cet entretien, le président du CNES et de la Ligue des CES
arabes et instances similaires affirme que «le rôle des sociétés civiles pour
relever des défis majeurs est une tendance lourde qui est en train de
s'installer.» Mohamed Seghir Babes nous fera aussi savoir que le CNES
présentera avant la fin de l'année une note de conjoncture «sous un format
inédit.»
Le Quotidien d'Oran: Comment expliquez-vous que seulement six pays sur les 28 membres de la Ligue arabe font partie de la Ligue des CES arabes et institutions similaires qui vient d'être créée et dont vous êtes le 1er président? Mohamed Seghir Babes : L'explication est très simple, les six pays membres fondateurs de la Ligue des CES arabes et institutions similaires sont les seuls sur les 28 pays membres de la Ligue arabe qui ont un Conseil économique et social (CES). Les autres n'en ont pas. Et la première mission de la nouvelle Ligue est de constituer un plaidoyer pour que les Etats et les gouvernements de ces pays acceptent de mettre en place des CES. Nous allons demander à être reçus par les chefs d'Etat ou les Premiers ministres pour les sensibiliser autour de cette question. Il n'y a pas de doute qu'on arrivera à un résultat. Q.O.: Qu'est-ce qui vous laisse si sûr du résultat d'une telle démarche ? M.S. Babes : Parce que les formats et les paradigmes qui régissent les politiques mondiales intègrent des espaces consultatifs. De tels espaces s'inscrivent aussi dans le système des Nations-Unies. Dans leur agenda post 2015 et jusqu'à 2030, les Nations-Unies ont inscrit 17 objectifs de développement durable (ODD) et 169 cibles à atteindre. La société civile doit fortement participer à la réalisation de cet agenda comme elle le fait d'ailleurs pour la Conférence des Pays Parties (CoP21) dont la conférence s'ouvre à Paris du 30 novembre au 11 décembre prochain. Pour la réalisation de ces grands défis, les Nations-Unies comptent beaucoup sur les sociétés civiles. C'est une tendance lourde qui est en train de s'installer. L'adhésion à la création de la Ligue à Alger est unanime. L'immense majorité des Conseils l'ont approuvée. L'acte est porteur de la volonté de l'Algérie d'exercer un leadership vu l'immensité de ses territoires et l'importance de son potentiel qui reste à dévoiler et à mettre en œuvre avec la pleine implication de la société civile et d'une manière inclusive. Q.O.: Comment la Ligue compte-elle procéder pour convaincre les Etats arabes non encore adhérents de promouvoir un tel rôle de la société civile ? M.S. Babes : Nous allons organiser des cycles d'information pour convaincre les gouvernants des sociétés arabes de la nécessité de la création de CES et de leur importance, notamment dans des conjonctures nationales, régionales et mondiales aussi complexes et difficiles. Nous allons demander très prochainement à rencontrer le président Sissi pour le convaincre de la création d'un CES en Egypte, de faire de même pour la Tunisie dont le CES a été dissous par l'effet de la nouvelle constitution. Q.O.: Le président du CES jordanien a demandé aux gouvernants arabes de ne pas «craindre» les CES mais de s'appuyer sur eux pour résoudre les problèmes économiques et sociaux des sociétés. Avez-vous déjà senti ce sentiment de crainte ou de suspicion en Algérie? M.S. Babes : J'ai toujours eu un sentiment de grande loyauté à l'égard de mon pays et de mon Etat. La dernière réunion d'experts qui a vu la participation du gouvernement dans les débats est un fait évident que nos gouvernants en appellent à l'appui du CNES. D'ailleurs, c'est le CNES qui a choisi le collège d'experts qui a animé les débats durant cette rencontre. Q.O.: Est-il vrai qu'aucune des propositions émises par ces experts n'a été retenue par le gouvernement ? M.S. Babes : Il n'en est rien puisque le gouvernement va très prochainement statuer sur l'ensemble des propositions faites par les experts. Q.O.: Le CNES en est où avec la préparation de la note de conjoncture ? M.S. Babes : Les auditions des ministres concernés par la note de conjoncture commenceront cette semaine. La nouveauté est que la note sera présentée dans un format inédit. Elle le sera avant la fin de l'année. En janvier prochain, nous allons procéder à l'examen des flux 2014-2015 au plan des politiques publiques économiques et sociales. Après examen des stocks de ces politiques, le CNES formulera des recommandations qu'il remettra au gouvernement. La diversification de l'économie nationale est un impératif pour intégrer notre économie dans la chaîne des valeurs nationale et internationale. Q.O.: En avez-vous formulé pour freiner les effets de la chute drastique du prix du baril de pétrole ? M.S. Babes : On doit réfléchir plus en profondeur et plus à distance parce qu'il y a des contraintes qui nous obligent à le faire. Nous devons élaborer des politiques sous ces contraintes, prendre des décisions, faire des propositions ou mettre en œuvre des actions sous ces contraintes. |