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Avec l'éclosion
d'internet et surtout la floraison des réseaux sociaux dans le pays, Facebook
en particulier, l'information est actuellement diffusée à la célérité de la
lumière. Tu peux être informé plus vite que le ministre de l'Information de ton
pays si une nouvelle est balancée aussitôt sur la toile et que tu sois au même
moment connecté ou tu reçois une alerte instantanée si tu es abonné. C'est
inimaginable !
Cela aurait été impossible, il y a quelques années où il fallait que tu sois abonné à une ou plusieurs agences. Si on nous parlait hier de cette extraordinaire percée, personne n'y aurait cru. C'eût été de la science fiction. Et pourtant, ce qui nous arrive, se passe dans un monde bien réel. Ou l'on suit le train ou l'on reste en retard sur le quai. Tu vis dans l'ère de la mondialisation dont tu ne peux rien dissimuler. On est surveillé H24 par les satellites qui tournent autour de nos têtes. Les rues de chacune de nos villes sont photographiées tous les jours et actualisées sur Google Earth et que n'importe quelque être à travers le monde peut les consulter à sa guise d'un seul clic de son doigt. Ta maison est donc visitée à chaque seconde de la journée sans aucune tape à ta porte ni par la force d'un permis de perquisition. Alors que sur terre, dans ce pays, on continue à te proscrire de prendre en photo un édifice public pour cause d'interdiction par mesure sécuritaire. Reste-t-il encore un angle qui n'est pas connu par les puissances qui règnent sur terre, mer et ciel de par leur envahissante technologie ? Tes moindres gestes sont épiés. Si tu oses dénoncer ce voyeurisme à grande échelle, tu es vite mis à l'index. La souveraineté n'est que partiellement acquise. Elle est malmenée tous les jours sans que tu puisses te défendre. C'est la loi du plus fort qui domine de par sa voix hautaine et déterminée. La tienne est inaudible. Elle est complètement écrabouillée. Couper internet est vu par les puissants pays conquérants comme une entrave à la liberté de s'informer. On n'y peut rien à force de traîner dans le bas du classement. Ce sont aussi les conséquences de nos politiques désastreuses qui ne prévoient rien à l'horizon en regardant juste autour des pieds. À force d'interdictions, c'est le revers de la médaille qu'on découvre au bout du compte. Toutes les censures sautent les unes derrières les autres sans que l'on n'y puisse réagir. On est soumis au diktat de celui qui fait le monde actuellement. À force de subir, l'on est complètement figé. On est emporté par le tourbillon en se noyant davantage. Cette percée du web a donc tout changé, presque bouleversé tout le paysage de la communication dans le monde. Avec l'arrivée de la technologie de la téléphonie mobile 3G, aucun point du pays ne peut y échapper. On comprend bien maintenant pourquoi l'introduction de cette nouvelle technologie a été retardée. Mais on ne peut affronter la technologie qu'avec les mêmes armes. On est vite soumis. Avec le développement inouï des Ntic, demain, on n'aura certainement pas besoin d'agrément pour se brancher. À partir de ton smartphone, tu deviens le centre d'intérêt du monde si tu émets une information originale. La plus petite, soit-elle, sera enflée au fur et à mesure du temps en parcourant des milliers de kilomètres à la seconde. En une fraction, elle ferait déjà plus d'un tour du globe. Rien ne pourrait arrêter son ascension. C'est incroyable ce qu'un pays ne peut plus maîtriser comme diffusion de l'information sauf bien sûr les Usa et les grands de ce monde qui l'ont créée dans un but d'asseoir leur supériorité et en même temps de collecter, de colossales données à travers la planète qui l'ont façonnée aux dimensions d'un petit village. Chaque internaute est devenu un point qui consulte, lit et diffuse à tout instant tout ce qu'il passe à travers son compte. Il devient un acteur de l'information. Je serai tenté de dire qu'il en est un élément de ces millions de ses anonymes soldats. Chaque pion est un point essentiel et important de cette toile d'araignée qui a tissé tout doucement ses fils à travers les êtres humains de la terre. Il y a des pays qui travaillent sur le long terme tandis que d'autres en consentent. Qu'elle semble lointaine l'époque de Boumediene. On ne saurait jamais ce qu'il adopterait comme position s'il était toujours de ce monde. Le seul moyen de s'informer d'alors, furent les journaux étatiques, les quotidiens El-Moudjahid et Echaâb à l'échelle nationale. Au niveau régional, c'étaient La République à l'ouest et Ennasr à l'est. Il y avait aussi deux hebdomadaires, Révolution Africaine, l'organe du parti (Il faut comprendre le Fln) ou le fameux Algérie-Actualité. On attendait sagement le matin pour s'acheter ces éditions où les éditoriaux suivaient à la lettre la politique prônée. Aucune phrase mal placée ou un mot banni même entre les lignes ne furent tolérés. Tout était tamisé, de la Une jusqu'à la dernière page sportive et entre elles, celle de la nécrologie. On devait sacraliser le régime du matin au soir et où la plus petite des contradictions ne s'exprimait. C'est vrai que le pays sortait à peine du joug colonialiste et c'était peut-être la seule politique en vogue et au vu des circonstances historiques de la bipolarisation mondiale avec un monde divisé en deux antagonistes camps. De deux choses l'une, ou bien suivre la voie du monde occidental dont était issue la France coloniale, chose impensable et inconcevable en 62, ou le choix d'opter pour la politique socialiste qui a été épousée pratiquement par tous les peuples qui jouissaient de leur indépendance. Aucune autre voie n'émergeait, mis à part ces deux choix. C'est comme si c'était deux mondialisations mais farouchement opposées. Tu ne dois pas être neutre, ou bien tu es avec le premier et tes ennemis, ce sont les autres ou vice-versa. Le socialisme dans lequel bernait l'Algérie, et le communisme dans sa version extrême, n'admettaient aucune autre pensée, toute liberté d'expression était étouffée. Tout le monde devait réfléchir dans le sens de la pensée unique. Même le silence était complice. Quant aux opposants, ils devaient disparaître à jamais du champ visuel, en croupissant dans les geôles ou en sauvant leur peau dans l'exil à jamais même si on a été un des anciens guides de la révolution à l'instar de Boudiaf ou d'Aït Ahmed. Alors, oser parler en évoquant le contraire, tu devais ne faire confiance même pas à ta propre ombre. C'est donc dans ces conditions que l'information avait vécues avec toutes ces contradictions. Tu devrais tourner ta langue deux fois avant de prononcer un seul petit mot. Les sorties du territoire national étaient délivrées au compte-goutte par les chefs de daïra par la crainte de la contamination étrangère et cette liberté d'expression. Le Jt de la Rta s'ouvrait sur les activités du président du conseil, ensuite sur ses ministres et enfin des reportages sur le terrain. On était aux anges lorsqu'on parlait de ton village et enfin la dénonciation de la politique impérialiste américaine des citoyens d'un village aux fins fonds du pays. C'était là l'expression du nif des algériens qui semblaient vivre dans un autre monde. Quarante années après, la réalité nous a rattrapés. On découvre que le monde dans lequel on nous a fait miroités n'existe plus. Il a disparu subitement et enterré avec toutes ses aspirations. Tout a une fin, malheureusement. Vint ensuite Chadli et ses réformes comme président fraichement installé. On commençait un peu à délier la langue. Au point de vue de la circulation de l'information, les choses incitaient à bouger. On autorisait des journaux étrangers à y entrer au pays, principalement francophones, mais les ciseaux étaient toujours là, à veiller scrupuleusement. Au niveau local, l'hebdomadaire Algérie-Actualité était un fleuron en la matière. De belles plumes faisaient alors leurs apparitions. Ils ne crachaient pas dans la soupe, mais touchaient sur les plaies, là où ça faisait mal. Chaque fin de semaine, on attendait inlassablement le nouveau numéro que l'on avalait d'un seul trait. On assouvissait notre manque d'analyses concrètes qui sortaient de l'ordinaire ambiant. Une brèche s'était ouverte et qu'il fallait exploiter, ne cessait de pousser jusqu'à l'explosion d'octobre 88. Là, tout s'était envolé en éclats. Les réformes arrivaient à toute vitesse, accélérées par le mouvement sur le terrain. Des journaux, disons libres par rapport à la ligne officielle, voyaient le jour dès l'automne 1990. L'avènement du Soir d'Algérie était un événement extraordinaire. On l'attendait tous les soirs avec ses nouvelles très fraîches. Il se vendait comme de petits pains. On faisait la queue pour l'acquérir et le lire ensuite à la maison au chaud avant de se coucher. Ce fût un plaisir immense. D'autres journaux, El Watan, l'Hebdo libéré, le Quotidien d'Oran, le Jeune Indépendant,?suivaient le même chemin. Les ventes ne pouvaient suffire à elles seules. Pour s'implanter dans la durée au sein du champ de la presse écrite, la manne publicitaire de l'Anep amortissait toutes les charges. C'était aussi une épée de Damoclès qui pesait sur la tête de ces journaux de cette ère nouvelle. Jusqu'à ce jour, ces journaux, subissent la politique des deux poids, deux mesures afin d'infléchir sa ligne éditoriale ou de le voir disparaître à jamais, ce nerf de la guerre. Quant aux journaux officiels, ils seraient depuis assez longtemps morts si ce n'étaient pas les subventions du trésor public et les rentrées publicitaires qui les maintiennent toujours en vie. Je peux aisément compter sur les doigts de la main en combien de fois, depuis 35 ans, j'ai acheté de numéros de ces journaux, que je dirais, sont dans un coma irrémédiable. Malgré ces procédés d'un temps révolu, la circulation de l'information gagne de jour en jour énormément du terrain. Les réseaux sociaux n'arrêtent pas de progresser, de grignoter tous les îlots infranchissables. Selon une étude datant de ce dernier juin 2014, l'Algérie compte à peu près sept millions de facebookiens sans compter la totalité des internautes [*]. Les jeunes de moins de 30 ans représentent les trois quarts de ce chiffre. Durant les cinq premiers mois de cette année, c'est un million de nouveaux utilisateurs qui se sont inscrits sur ce réseau. Facebook devient ainsi le meilleur moyen de s'informer. De plus, on peut choisit ses sources à sa convenance en s'abonnant à l'inimaginable source. Une guerre impitoyable de l'information se déroule sous nos yeux, mais les médias publics ne veulent pas encore sortir de leur torpeur en se croyant être toujours le nombril du pays. A défaut, nous sommes soumis à l'autoroute d'information du net où on ne peut distinguer l'information de la désinformation. |