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Il fut un temps,
pas si lointain où, du fait de la colonisation et de la misère, rares étaient
les algériens qui avaient les moyens d'accomplir le 5° pilier de l'Islam. Il
n'y avait alors nul besoin de limiter leur nombre. Mais, avec l'indépendance du
pays, l'amélioration du niveau de vie des citoyens et l'augmentation de la
population dans tous les pays musulmans, le nombre de candidats au pèlerinage
devenant de plus en plus important, l'Arabie Saoudite, gardienne des Lieux
Saints de l'Islam, s'est vue contrainte d'imposer une règle restrictive pour
limiter le nombre de pèlerins, à savoir un pèlerin pour 1.000 habitants, soit
un quota de 36.000 passeports Hadj pour l'Algérie, dont la population en 2012
est de 36 millions d'habitants. Cette règle d'un pèlerin pour 1.000 habitants
devrait normalement être répercutée dans l'attribution des quotas aux communes,
de telle sorte que le total des quotas des communes soit égal au quota
national. A titre d'exemples, une commune de 900.000 habitants (une grande
ville) devrait avoir un quota proportionnel de 900 passeports Hadj et une
commune de 10.000 habitants (un village) un quota de 10 passeports.
Or, la réalité est tout autre. Le quota qui est attribué aux communes pour être soumis au tirage au sort, est souvent diminué de la moitié du nombre correspondant à la règle d'un passeport pour mille habitants. Tout un chacun peut vérifier aisément le quota potentiel de sa commune et le quota réellement distribué. Par exemple, une commune dont la population est de 900.00 habitants (Oran) et dont le quota potentiel devrait être de 900, s'est vue attribuée cette année 450 passeports, soit la moitié du nombre requis. Si on se réfère à cet exemple, la moitié environ des 36.000 passeports offerts à l'Algérie, soient 18000 seraient ainsi soustraits du tirage au sort, diminuant de moitié la chance de tirer un passeport. Les 18.000 passeports qui ne sont pas soumis au tirage au sort, sont attribués aux hauts fonctionnaires de l'Etat dans tous les ministères et aux Elus des deux chambres du Parlement. Le hic de cette pratique, c'est qu'elle ne bénéficie pas seulement aux heureux attributaires, mais aussi à leur famille, leurs proches et leurs amis, puisque bon nombre d'entre eux reçoivent un nombre de passeports supérieur à leur strict besoin. Ainsi, du fait de cette pratique, nous avons affaire à deux collèges de citoyens : d'un côté, nous avons des algériens qui peuvent se permettre d'effectuer le pèlerinage autant de fois qu'ils le veulent de manière certaine, et de l'autre côté, des algériens qui ne sont pas certains d'être l'heureux gagnant une seule fois de leur vie malgré plusieurs tirages au sort. Manifestement, on ne peut que constater l'existence de deux collèges de triste mémoire dans ce domaine. L'opacité régnant dans ce secteur et selon l'avis autorisé d'une agence de voyages, le nombre de 18.000 passeports soustrait du tirage au sort, serait exagéré et ne serait que de 9.000, soit 25% du total. Si cette information s'avère vraie, on en déduit que certaines communes subissent une deuxième injustice qui profite à d'autres communes, c'est-à-dire qu'il y a une inégalité de traitement dans l'attribution des quotas aux communes. Ainsi, en 2012, la commune d'Oran avec ses 900.000 habitants aurait dû avoir 675 passeports si 9.000 sont soustraits du tirage au lieu des 450 passeports attribués, soit un déficit de 225 passeports dont d'autres communes ont dû bénéficier, puisque les hauts fonctionnaires ont déjà eu leur quota de 9.000. Aussi, pour éviter toute spéculation, le ministère en charge de l'attribution des passeports, devrait informer les citoyens de la réalité de leur répartition. En attendant, si l'on s'en tient aux données à notre disposition, à savoir 450 passeports soumis au tirage au sort dans la commune d'Oran au lieu de 900 potentiels et sur la base du principe que la règle qui a été appliquée à Oran, l'a été à l'ensemble des communes du territoire national, le nombre de passeports soustrait du tirage au sort serait normalement de 18.000 et non de 9.000. D'ailleurs, cet état de fait est corroboré par les quotas attribués à d'autres petites communes de la région. Ainsi, il existe des cas pires que celui de la commune d'Oran : une commune de la wilaya de Mostaganem, dont la population est de 17.400 habitants n'a eu que 7 passeports en 2012 à soumettre au tirage au sort, au lieu de 17, soit un manque de 10 passeports, donc plus de la moitié. Cette situation, si elle est analysée objectivement, serait certainement inadmissible pour tous les courants politiques, qu'ils soient au sein ou en dehors du pouvoir. D'autant plus qu'au plan strictement religieux, l'inégalité des chances dans l'accès au pèlerinage, pose problème. Car, pour tous les autres piliers de l'Islam (Chahada, Prière, Jeûne, Zakat), rien ne distingue un musulman d'un autre musulman : lorsque les conditions requises pour accomplir chacun de ces rites est remplie, tous les musulmans sont pareils. Par ailleurs, toujours, au plan religieux, se pose la question de savoir si un pèlerinage accompli en dehors du tirage en sort est licite et admis. N'a-t-on pas utilisé le droit d'autrui pour l'accomplir ? A toutes ces questions, les Oulémas doivent y répondre et éclairer les croyants sincères. En attendant, nous proposons au nouveau gouvernement qui semble avoir la volonté politique de nettoyer les écuries d'Augias, une solution du juste milieu, réaliste et acceptable, et ce, pour l'année 2013 dont le tirage au sort des passeports sera bientôt lancé : à savoir, limiter l'attribution des passeports Hadj aux seuls attributaires traditionnels de ce passeport, éventuellement à leur époux (se), et non à leur famille et à leurs proches, donc limiter l'attribution des passeports à deux maximum pour un attributaire et sous une deuxième condition draconienne, à savoir en faire la demande et accomplir réellement le pèlerinage. Chaque année, l'opinion publique devrait être informée du nombre national de passeports qui reste à soumettre au tirage au sort, après la déduction du quota réservé aux hauts cadres de l'Etat, ainsi que le quota respectif de chaque commune. Par ailleurs, il faudrait permettre à tout attributaire officiel d'un passeport Hadj de s'en dessaisir et de soumettre son droit au pèlerinage au tirage au sort comme tous les citoyens, afin que son Hadj ne soit pas accompli dans le doute. Avec la règle proposée ci-dessus de ne donner que deux passeports maximum aux attributaires traditionnels des passeports Hadj et à la condition d'en faire la demande, il est évident que le nombre de passeports soumis au tirage au sort augmentera de façon fulgurante et la chance actuelle d'obtenir un passeport augmentera d'autant. Enfin, il n'est pas inutile de préciser que cette nouvelle règle est gratuite et qu'elle ne coûtera aucun centime au Trésor public. Bien au contraire, le sentiment de justice que cette nouvelle règlementation suscitera dans l'esprit des citoyens et l'effet attendu sur leur moral, aura certainement des conséquences positives indirectes sur l'économie nationale et le Trésor public. * Ex-Elu APW de Mostaganem |