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Éthique environnementale des firmes commerciales arabes et théorie des acteurs «Stakeholders Theory»

par Djamel Eddine Laouisset*

A une époque où la pression des acteurs et parties prenantes du monde arabe des affaires s'intensifie pour plaider en faveur de pratiques de gestion environnementale durables «éco-islamiques», les firmes et institutions commerciales dans cette ?périphérie' qu'est le monde arabe, reconnaissent le profond rappel à l'ordre, d'adopter et de réaliser l'éthique environnementale requise par les ?centres' multilatéraux et sociétés civiles, et ce afin de répondre plus efficacement au besoin en triple hélice, des firmes commerciales publiques et privées, d'une part, de la société et de la planète, d'autre part, et atteindre ainsi les trois niveaux d'intégration des acteurs parties prenantes « stakeholders », c'est-à-dire les connaissances, l'interaction et le comportement adoptif (Singh, 2019 ; Salem, 2018).

Étant donné que la plupart des institutions gouvernementales arabes ont bel et bien échoué dans leur mission de développer un environnement réglementaire efficace - et ce contrairement aux sociétés développées - le monde arabe demeure confronté aux mêmes défis complexes mais nécessaires à la mise en œuvre de mesures de conformité environnementale requises à la création d'un paysage commercial plus éthique.

En conséquence, et pour résoudre ce dilemme, il s'avère que le développement de mesures réglementaires formelles devrait impérativement s'accompagner du développement d'une solide culture éthique au niveau sociétal prônant une forte éthique environnementale au sein des firmes commerciales locales.

Dans cette optique, le concept d'« éco-islam » pourrait être une source fiable et un instrument valable pour motiver les individus et influencer les firmes commerciales à tisser cette éthique à l'intérieur de leur culture organisationnelle (Abdelzaher, 2017, Laouisset, 2004).

Un climat éthique est en fait devenu une composante organisationnelle majeure à travers le monde développé, et c'est pourquoi l'intégration efficace de codes d'éthique et la mise en œuvre d'initiatives de responsabilité sociale des firmes arabes revêtent aujourd'hui une importance stratégique.

De nos jours, et plus que jamais, les tendances récentes des firmes commerciales dictent aux gestionnaires modernes d'intégrer l'éthique environnementale dans l'ensemble de leurs décisions commerciales (Chang, 2011 ; York, 2009 ; Laouisset, 2021).

Ces nouvelles tendances commerciales et, qui s'accompagnent de nouveaux cadres réglementaires et exigences environnementales pour les firmes commerciales arabes (Xie, 2019, Laouisset, 2021), appellent à un strict respect de la responsabilité sociale de ces firmes commerciales, de la nouvelle orientation environnementaliste des consommateurs arabes et des politiques de gestion de l'environnement.

En promouvant la gestion de l'environnement et en activant des capacités stratégiques uniques d'«éco-islam», les firmes commerciales arabes gagneraient des avantages concurrentiels conséquents (Suryanto, 2018; Nerantzidis, 2021, Laouisset, 2021), tout en développant leur marque commerciale (branding identity) ainsi que la fidélisation (consumer loyalty) de leur clientèle (Laouisset, 2019).

Toute cette analyse semblerait bel et bien logique, sauf que les théoriciens des acteurs parties prenantes (stakeholders), présupposent que les firmes commerciales - en tant qu'agrégats de macro-entités - sont tenues de favoriser les gros intérêts (lose-win game) des parties prenantes majeures (stakeholders leaders), et ceci pourrait, par manque d'«intérêts conjoints», démotiver l'adoption de stratégies de gestion de l'environnement (Dmytriyev, 2021 ; Mhlanga, 2020).

Ce qu'il nous faudrait quand         même à nous tous (MDCs & LDCs) maintenant, c'est une théorie plus crédible des parties prenantes (stakeholders theory) de la gouvernance des firmes commerciales (corporate governance) qui nous élaborerait une compréhension commune (win-win game), réaliste et moderne, des nouvelles stratégies des firmes commerciales, des revendications sociétales de responsabilité sociale des firmes, des relations transparentes entre firmes commerciales et acteurs parties prenantes (Philips, 2003 ; Laouisset, 2003).

En 1945, Frederick Hayek, le lauréat du prix Nobel avait présenté sa «théorie de la connaissance dispersée», et avait soutenu que la connaissance était inégalement répartie entre les différents membres de la société, et par conséquent, elle n'était donnée à personne dans sa totalité.

De fait, ce postulat poserait problème aux théoriciens des acteurs parties prenantes (stakeholders theorists), dans le sens où les turbulences actuelles caractérisant les environnements commerciaux internationaux et arabes en particulier ne permettraient pas toujours aux dirigeants des firmes commerciales internationales et arabes (CEOs) d'exploiter pleinement les informations disponibles (Vladislav, 2022).

Par conséquent, si la mission institutionnelle de la théorie des acteurs parties prenantes (stakeholders theory) était de traiter efficacement la gestion des relations entre firmes commerciales et acteurs parties prenantes (stakeholders), une bonne compréhension des micro-théories en sciences sociales serait certainement une condition nécessaire pour pouvoir pleinement éclairer la théorie des acteurs parties prenantes (stakeholders theory) afin de parvenir à garantir un niveau suffisant de « durabilité environnementale » des firmes commerciales internationales en général, et firmes commerciales arabes en particulier (Triantafyllidis, 2022).

*PhD - Professeur universitaire

REFERENCES :

1- Singh, S., Chen, J., Del Giudice, M., & El-Kassar, A. (2019). Environmental ethics, environmental performance, and competitive advantage: Role of environmental training. Technological Forecasting and Social Change, 146, 203-211.https://doi.org/10.1016/j.techfore.2019.05.032.

2- Salem, M; Shawtari, F; Shamsudin, M; & Hussain, H. (2018). The Consequences of Integrating Stakeholder Engagement. Sustainable Development, 26 (3), 255-268. https://doi.org/10.1002/sd.1699.

3- Abdelzaher, D., & Abdelzaher, A. (2017). Beyond environmental regulations: Exploring the potential of «Eco-Islam» in boosting environmental ethics within SMEs in Arab markets. Journal of Business Ethics, 145, 357?371. https://doi.org/10.1007/s10551-015-2833-8.

4- Laouisset, D. (2004). Contribution to a critical review of the resource based view of the firm. Revuedes Sciences Sociales et Humaines, 1-18.

5- Latan, H., Jabbour, C., Jabbour, A., Wamba S., & Shahbaz M. (2018). Effects of environmental strategy, environmental uncertainty and top management's commitment on corporate environmental performance: the role of environmental management accounting. Journal of Clean Production, (180), 297?306. https://doi.org/10.1016/j.jclepro.2018.01.106.

6- Kortetmaki, T.; Heikkinen, A.; Jokinen, A. (2022). Particularizing nonhuman nature in stakeholder theory: the recognition approach. Journal of Business Ethics, 1-15. https:doi.org/10.10007/s10551-022-05174-2.

7- Bishwajit, N., Som, B., & Bala K. (2022). Exploring the black box of competitive advantage: An integrated bibliometric and chronological literature review approach. Journal of Business Research, (139), 964-982. https://doi.org/10.1016/j.jbusres.2021.10.

8- Chang, C. (2011). The Influence of corporate environmental ethics on competitive advantage: The Mediation Role of Green Innovation. Journal of Business Ethics, (104), 361?370. https://doi.org/10.1007/s10551-011-0914-x.

9- York, J. (2009). Pragmatic sustainability: translating environmental ethics into competitive advantage. Journal of Business Ethics, (85), 97?109. https://doi.org/10.1007/s10551-008-9950-6.

10- Laouisset, D. (2021). Islamic Business Ethics and Bank Competitiveness. In The Role of Islamic Spirituality in the Management and Leadership Process, 104-112, IGI Global.

11- Xie, X., Huo, J., & Zou, H. (2019). Green process innovation, green product innovation, and corporate financial performance: a content analysis method. Journal of Business Research, (101), 697?706. https://doi.org/10.1016/j.jbusres.2019.01.010.

12- Laouisset, D. (2021). Arab emerging multinationals: Emiratis MNC's as a retrospective case study. Economic Researcher Review, 9 (1), 13-22.

13- Suryanto, T., Haseeb, & M., Hartani, N. (2018). The correlates of developing green supply chain management practices: firms level analysis in Malaysia. International Journal of Supply Chain Management, (7), 316. https://doi.org.10.1010/ i. j. s. c. m.2018.10.10.

14- Nerantzidis, M., Drimpetas, E., Filiou, A., Tampakoudis, I., & Apostolakis, S. (2021). Mapping the intersection between corporate governance and strategic management. In New Approaches to CSR, Sustainability and Accountability, (2) 39-52, Springer.

15- Laouisset, D. (2021). UAE Islamic banks debranding and rebranding: A case study. Academy of Strategic Management Journal, 20 (2).

16- Laouisset, D. (2009). Organizational commitment to ethics and international ethical perspectives: United Arab Emirates (UAE) banks as a case study. Employee Responsibilities and Rights Journal, 21(4), 333-339.

17- Dmytriyev, S., Freeman, R., & Hörisch, J. (2021). The relationship between stakeholder theory and corporate social responsibility: differences, similarities, and implications for social issues in management. Journal of Management Studies, (58), 1441?1470. https://doi.org.10.1111/joms.12684.

18- Mhlanga, D., & Moloi, T. (2020). The stakeholder theory in the fourth industrial revolution. International Journal of Economic Financial Studies,(12), 1309?8055.

19- Todaro, N.; Daddi, T., & Testa, F. (2020). Organization and management theories in environmental management systems research: a systematic literature review. Business Strategy Development, (3), 39?54. https://doi.org.10.1002/bsd2.77.

20- Philips, R, Freeman, R.; & Wicks, A. (2003). What stakeholder is not? Business Ethics Quarterly, 13 (4), 479-502.

21- Laouisset, D. (2003).World economic issues and their impact on developing countries: Policy recommendations for GCC Countries. Revue des Sciences Humaines, 4.

22- Vladislav, V. (2022). Stakeholder theory and the knowledge problem: A Hayekian perspective. Business Ethics, the Environment & Responsibility, 31 (2), 536-542.

23- Triantafyllidis, S. (2022). Governance, corporate social responsibility, and sustainability. In Corporate Social Responsibility and Governance, 262-276. Routledge.