Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

La voiture électrique : écologique, silencieuse, moins rapide mais un peu chère

par Ali Derbala*

«La vérité du politique est la science de la production». Saint-Simon

Un véhicule électrique est un véhicule dont la propulsion est assurée exclusivement par un ou plusieurs moteurs électriques. Il est écologique, silencieux, moins rapide mais un peu cher. Ce mode d'énergie électrique, un créneau de développement technologique, peut donner aux Algériens une acquisition d'un savoir-faire certain et de ce fait une mise à la hauteur des niveaux technologiques des Européens, Américains et Asiatiques. Déjà en avril 1900, lors de l'exposition universelle, le premier train électrique circulait entre Paris et Issy-les-Moulineaux.

1. Les énergies thermique, électrique et atomique

Un «centre de production» est l'ancêtre de la manufacture, puis de l'usine. La technologie est le savoir qui mène à l'introduction de machines, de produits et de procédés améliorés. Durant le Moyen-Age, la technologie minière était dotée de machines mues par l'énergie humaine. L'enrichissement du savoir réduit le coût réel de la production et conduit à l'introduction de nouveaux produits. La technologie comprend également le savoir inhérent aux techniques de gestion. L'idée même de nature se modifie : l'homme n'est plus dans mais devant la nature, et il s'emploie à la connaître en la mathématisant. Vers 1620-1630, une nouvelle conception du monde, mécaniste, se construit ; la connaissance n'est plus contemplation, mais expérimentation et fabrication. Penser, c'est faire. Le philosophe Francis Bacon annonce qu'il faut «triompher de la nature par l'industrie». Cet idéal va être réalisé par la Royal Society, société savante créée à Londres en 1660 [1]. Les trois révolutions industrielles, caractérisée chacune par un faisceau original d'applications du progrès technique et un mode d'énergie dominant sont successivement thermique, électrique, atomique. La première révolution industrielle est caractérisée par la prédominance de l'énergie thermique, par la machine à vapeur, alternative au charbon. Elle s'est répandue dans l'Europe occidentale à partir de la fin du XVIII siècle. Vers 1880, apparaît la deuxième révolution industrielle. Elle est caractérisée par toute une série de découvertes, en particulier, par la réadaptation du moteur thermique qui devient un moteur à turbines, par les machines-outils à coupe rapide, les moteurs à explosion et à l'huile lourde, de nouveaux combustibles liquides ou gazeux, par l'utilisation industrielle de l'électricité. L'introduction des alternateurs et transformateurs à partir de 1880 est capitale. Durant le XXème siècle, dès 1944, on a entamé la troisième révolution industrielle caractérisée par la libération de l'énergie atomique [2, p.151]. Le bon usage des nouvelles et fantastiques ressources d'énergie : «Ça sert la vie, la médecine, ça sert à faire l'électricité et puis ça sert à faire la bombe atomique» [2, p.173]. Lors des «expositions universelles» de Chicago 1933, le credo était : «La science trouve ou découvre, l'industrie applique et l'homme suit». En 1941, James Burnham défend l'idée que le pouvoir des managers et des entreprises a dépassé le socialisme et le capitalisme. Dès 1817, Saint-Simon lançait : «Regardez une nation comme un vaste atelier industriel» [1, p.3].

2. Véhicules électriques, batteries accumulateurs et bornes de charges

Un véhicule électrique peut tirer son énergie de ressources embarquées comme une batterie, ou être connecté à une source extérieure, par exemple via une caténaire. Le moteur peut être embarqué, comme dans le cas de la plupart des véhicules terrestres, ou extérieur comme dans le cas du transport par câble [3]. Renault ZOE et Toyota i-road en sont des exemples de voitures électriques citadines. Une batterie d'accumulateurs, ou plus communément une batterie, est un ensemble d'accumulateurs électriques reliés entre eux de façon à créer un générateur électrique de tension et de capacité désirée. Ces accumulateurs sont parfois appelés éléments de la batterie ou cellules [4]. Les véhicules à énergie embarquée stockent cette dernière dans des batteries d'accumulateurs électriques, dont le poids représente parfois la moitié de la masse du véhicule. Pour réduire le poids on utilise une pile à combustible qui nécessite un réservoir de gaz dont l'énergie primaire peut être de l'hydrogène, du méthanol ou du méthane, etc. Parmi ces véhicules électriques, il faut distinguer ceux qui n'ont pas la possibilité de récupérer l'énergie cinétique (freinages et ralentissement du véhicule en descente) des autres capables d'utiliser la réversibilité d'un moteur électrique pour ralentir un véhicule en produisant de l'énergie électrique pour recharger des batteries [3]. Les véhicules sans énergie embarquée la reçoivent par induction pour recharger des batteries d'accumulateurs. Les véhicules hybrides électriques sont équipés d'un moteur thermique qui prend le relais lorsque la batterie est épuisée ou que la puissance demandée est très importante. Les véhicules électriques présentent des avantages. Un «carburant» moins cher que l'essence, permettant à partir d'un certain kilométrage annuel d'amortir le surcoût initial de la batterie par l'économie sur les pleins d'électricité ; cependant les technologies actuelles nécessitent de remplacer les batteries périodiquement en quelques années ; certains constructeurs ont choisi de les louer. Ils sont très simples d'entretien, demandant très peu de changements de pièce, et le moteur peut effectuer jusqu'à 1 million de kilomètres pour les voitures. Les véhicules électriques ont aujourd'hui une faible autonomie (pouvant atteindre de 200 à 480 km à une vitesse de 110 km/h). Leur prix d'achat est élevé, notamment pour les batteries qui sont généralement proposées en location par les constructeurs, un service après-vente inadapté (tant au niveau du savoir-faire que de la répartition géographique) et un prix de revente totalement dépendant de l'état des batteries [3]. Dans les pays développés, les logements collectifs nouvellement construits ont désormais obligation de pré-équiper 10% des emplacements des parcs clos et couverts pour accueillir des dispositifs de charge pour véhicules électriques. Calqué sur le «droit à l'antenne», le «droit à la prise» permet à tout un chacun d'installer, à ses frais, une borne de recharge en copropriété. Dans les logements individuels, la solution consiste à créer un nouveau point de livraison qui sera dédié à la charge. Si cette méthode offre plus de flexibilité, elle engendre des coûts de raccordement beaucoup plus élevés et n'est pas toujours possible à mettre en place au niveau de la colonne de distribution [5].

3. Les scientifiques, une aristocratie de l'intelligence

Les avertissements des scientifiques ont permis de faire mûrir les consciences. Chomsky [6] bouscule le confort des intellectuels. Notamment leur certitude d'appartenir à une aristocratie de l'intelligence. Il les accuse d'hermétisme et de hyper-spécialisation académiques : « Les universités aident et encouragent les gens à s'occuper de travaux intensifs et sans importance». D'abord outil pour faire carrière, le postmodernisme a également contribué à la fragmentation de la gauche. «L'énergie s'est dispersée, il est facile de chercher à fuir. Il existe de multiples façons de le faire. On peut rédiger des articles dénués de sens au sujet d'une version inintelligible du féminisme radical universitaire ou devenir un adepte de complots ou se cantonner à un problème important mais si spécifique qu'il n'aura jamais aucun rayonnement». Les slogans de la grande industrialisation sont largement dépassés. Une nouvelle ère s'ouvre sur le XXIe siècle, celle de l'Internet, des réseaux sociaux, du véhicule électrique, des «terres rares», etc. Le savoir-faire s'acquiert, il ne se donne pas ou ne se décrète pas par des contrats. Il n'y a pas d'intelligence innée, l'intelligence se développe par la force des travaux manuels et intellectuels.

Conclusion

Récemment, une grande marque de véhicules a été éclaboussée dans un scandale sur la dissimulation de la pollution de ses véhicules commercialisés aux USA et en Europe. Son responsable a même été contraint à démissionner. Le but de la conférence de Paris 2015 sur le climat était de réduire considérablement l'empreinte du carbone. L'absence des énergies fossiles constituera une bénédiction sûre pour le monde. L'énergie électrique a-elle un effet pervers ? Dans la nature, les batteries seraient plus nocives. L'électricité d'origine photovoltaïque, thermique ou nucléaire est très critiquée.

*Universitaire

Références

1- Le Monde diplomatique, juillet 2017.

2- Georges Friedman. 7 études sur l'homme et la technique. Bibliothèque Médiation. Editions Gonthier, 1966.

3- https://fr.wikipedia.org/wiki/V%C3%A9hicule_%C3%A9lectrique

4- https://fr.wikipedia.org/wiki/Batterie_d%27accumulateurs

5- http://www.automobile-propre.com/dossiers/recharge/recharge-coproprietes/

6- Le Monde diplomatique, septembre 2017, p.25.