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La Chine, cette grande nation que soit l'on aime, soit l'on craint, fêtera cette année les 60 ans de la naissance de la République populaire. Et, côté opposition, ce sera aussi celui des 20 ans du massacre de Tienanmen, un sujet toujours tabou dans l'histoire officielle (tout comme notre Octobre 88). Mais 2009 sera pour la Chine l'année de tous les défis : économiques et financiers mais surtout (et, de manière indissociable) politiques puisque le mouvement de défense des droits civiques dispose d'un redoutable contre-pouvoir de l'Internet - la presse indépendante n'ayant pas d'existence légale- et la résurgence de troubles au Tibet et au Xinjiang où les tensions s'intensifient et se radicalisent brouille l'image de cette super-puissance dans l'opinion internationale. Lors de sa toute première tournée à l'étranger, Hillary Clinton n'a pas gaffé. Elle s'était montrée aussi discrète que possible sur les libertés. Elle insistera plutôt sur "l'imbrication" des économies chinoise et américaine. "C'est ensemble que nous nous en sortirons ou échouerons", avait-elle martelé, expliquant que l'endettement des Etats-Unis allait "se développer"mais qu'il ne serait pas"dans l'intérêt de la Chine "que l'économie américaine "ne reparte pas". Même un George Bush l'aurait compris ! Si la consommation poursuit son recul aux Etats-Unis, le nombre de fermetures d'usines décuplera en Chine. Le nombre de chômeurs s'y accroît déjà et, face à la menace de troubles sociaux, les dirigeants chinois auraient beaucoup de difficultés à soutenir l'Amérique d'Obama? en continuant d'acheter ses bons du Trésor. Une étude américaine montre que la corrélation entre le double déficit américain (budgétaire et commercial) et les surplus chinois (d'exportation et de l'épargne sur l'investissement) impliquent qu'il faudrait que la consommation chinoise s'accroisse de 40 % pour compenser une baisse de la consommation américaine de 5 % de PIB. L'on s'imagine facilement ce que cela impliquera comme bouleversements dans la répartition sociale du pouvoir d'achat et des revenus en Chine. Ce pays de 1,321 milliards d'habitants n'a que 50 à 100 millions de Chinois disposant de ressources patrimoniales et monétaires équivalentes à celles d'un Européen moyen ! La Banque mondiale dans son dernier rapport sur la Chine a prôné un coup de pouce au "rééquilibrage de l'économie chinoise en faveur de plus de consommation et de services". Mais ça sera là une 2ème révolution qui verra le jour après celle de 1949. Si les dirigeants chinois mettent la pédale douce la distribution de pouvoir d'achat interne à la disposition des résidants nationaux - et aussi sur les droits de l'homme et les libertés individuelles - ce qu'ils ont une vision sur la place de la Chine dans le monde. Une vision qu'ils ne claironnent nulle part mais, comme dit un proverbe algérien, "en montrant l'henné de leurs mains". Le monde doit avoir confiance en la Chine Dès le 20 mars, mes organes de presse officiels de Pékin ont mis en exergue le propos de l'ancien secrétaire américain à la Défense (de 1997 à 2001) William Cohen à l'Ecole nationale d'Administration de Chine déclarant que : "Ce sont des moments très critiques pour nos deux nations, car nous nous trouvons à un moment que nous n'avons jamais vu depuis 1929", en attribuant les problèmes de l'économie américaine à un "manque de discipline, un manque de contrôle, un manque de transparence, un manque de responsabilité et d'intégrité". Ces organes souligneront que la Chine détient 1 700 milliards de dollars U.S. de dettes américaines et environ 2 000 milliards de dollars américains dans ses réserves en devises étrangères et que William Cohen a bien raison de dire : "Il faut que nous nous considérions comme des partenaires, ou des compétiteurs amicaux, mais pas comme des rivaux". Mais le lendemain, le quotidien chinois anglophone China Daily fait part du Rapport du Centre de recherche sur le développement du Conseil des Affaires d'Etat (gouvernement central), où l'on indique que pendant l'actuelle crise financière mondiale, la Chine est devenue la principale cible du réveil du protectionnisme. L'introduction, par les Etats-Unis, de la clause "Buy American"dans leur plan de relance, est un indicateur que le protectionnisme est en train de progresser dans le monde, note le rapport. Une étude de la Banque mondiale reprise par le quotidien China Daily montre que depuis leur sommet du 15 novembre dernier, 17 des pays membres du G20 ont mis en place des mesures de restriction commerciale. Elle recensé 47 de ces mesures, prises en contradiction avec l'engagement de ces pays de ne pas élever de barrières commerciales. Le ministère chinois du commerce, notera pour sa part que, depuis 1995, son pays figure en tête sur la liste des pays sujets à des procédures anti-dumping ; le gouvernement indien a annoncé le 23 janvier une interdiction de six mois de l'importation des jouets fabriqués en Chine ; et, les Etats-Unis ont inclus une mesure de protection de leurs volailles dans leur Loi de finances de 410 milliards de dollars adoptée le 10 mars par le Sénat américain - une Loi qui stipule "qu'aucun des fonds libérés par cette loi ne peut être utilisé pour établir ou appliquer une réglementation permettant aux produits de volaille de la République populaire de Chine d'être importés aux Etats-Unis". La Chine, insistera le China Daily,"a encore besoin de soutenir le développement des exportations de marchandises produites sur la base de la main d'oeuvre intensive, car cela procure chaque année un emploi à près de 40 millions de paysans-ouvriers". Le 22 mars, Le Premier ministre chinois a rencontré des délégations étrangères participant au 10e Forum de Développement de la Chine, et tout en appelant à des efforts internationaux pour lutter contre la crise financière, confirmera que la Chine mettra en oeuvre "des plans pour augmenter la consommation nationale et stimuler la croissance économique (?) fera tout son possible pour réaliser une croissance économique de 8% pour 2009". Parrainé par le Centre de Recherches sur le Développement (sus cité), le Forum de Développement de la Chine a été créé en 2000 et vise à promouvoir la concertation et les recherche théorique et appliquée sur la Chine - le Forum de cette année avait pour thème "Développement et Réforme de la Chine dans la tourmente financière mondiale". Détrôner le dollar comme monnaie de réserve ? Le même jour, la vice-présidente de la Banque Centrale chinoise, Mme Hu Xiaolian, a considéré lors d'une conférence de presse sur la participation du président chinois Hu Jintao au Sommet du G20 (qui aura lieu à Londres les 1 et 2 avril), que le système de surveillance financière des pays développés comme inadéquat et qu'il est nécessaire de développer "un nouveau système d'évaluation qui remplisse les conditions particulières des économies émergentes". La réforme du système global de surveillance financière devrait être un sujet important du Sommet : "Il faut prendre en considération les conditions particulières du marché et des secteurs financiers dans les économies émergentes. Nous pensons qu'il n'est pas possible d'appliquer ou de copier les pratiques de surveillance des pays développés aux économies émergentes". Elle appelle les institutions financières "à réduire leur dépendance aux évaluations par des étrangers et à développer la capacité de leur taux intérieur (?) mais qu'il est indispensable de faire attention à l'universalité des règles de sécurité et d'avoir des arbitrages réglementaires". La Chine a investi ses réserves de change dans des actifs à faible risque et à faible rendement, comme les bons du Trésor américain ; et, "ces bons fluctuent pendant des périodes différentes" a indiqué Mme Hu Xiaolian. "La nation y fera particulièrement attention, a-t-elle affirmé. ; et," puisque le dollar américain est encore la monnaie dominante, utilisée dans le règlement, l'évaluation et le paiement du commerce international, la Chine sera plus attentive à la surveillance du système monétaire international sur la base du dollar américain, a-t-elle conclu. Le 23 mars, le gouverneur de la Banque centrale chinois, Zhou Xiaochuan, et à une semaine du G20, a appelé à l'adoption d'une nouvelle monnaie de réserve internationale pour remplacer le dollar, dans un système placé sous les auspices du Fonds monétaire international (FMI). Le but serait de créer un nouveau système économique mondial qui ne soit pas facilement influencé par les politiques de certains pays, a expliqué, dans un texte publié sur le site Internet (disponible en toutes les langues). "L'éclatement de la crise et son débordement dans le monde entier reflètent les vulnérabilités inhérentes et les risques systémiques dans le système monétaire international", a-t-il dit. L'établissement "d'une nouvelle monnaie de réserve largement acceptée (...) pourrait prendre du temps", a-t-il souligné. Mais "à court terme la communauté internationale et particulièrement le Fonds monétaire international devraient au moins (...) faire face aux risques résultant du système actuel, conduire des contrôles réguliers et des évaluations". Sur la place du dollar comme monnaie de référence internationale, la réponse des Etats-Unis a été hostile: ils rejetteront tout ce qui pourrait l'affaiblir. Interrogés à ce sujet devant la Chambre des représentants, le secrétaire au Trésor et le président de la Fed, Ben Bernanke, ont indiqué qu'ils s'opposeraient à la proposition chinoise. L'Europe, par la voix du commissaire aux Affaires économiques a déclaré que : "Je pense que tout le monde est d'accord avec le gouverneur Zhou sur la nécessité de renforcer le rôle du Fonds monétaire international. Mais je pense que tout le monde est aussi d'accord pour dire que la monnaie de réserve internationale actuelle, le dollar, va continuer à être là pour une longue période". Cependant la Chine a de son côté un sympathisant: la Russie, qui a déjà proposé que le sommet discute de la création d'une monnaie de réserve supra-souveraine. Pour M. Zhou, celle-ci pourrait être les Droits de tirage spéciaux (DTS): "on devrait étudier tout particulièrement comment donner un rôle plus important aux DTS" qui ont "le potentiel" pour devenir "monnaie de réserve supra-nationale", écrit-il. Les DTS, dont la valeur est liée à un panier de monnaies, ont été créés en 1969 comme avoir de réserve mondial par le FMI, pour compléter les réserves de ses pays membres alors que l'offre d'or et de dollars ne suffisait plus. Leur rôle a depuis été réduit et ils servent surtout comme unité de compte. "C'est une proposition sérieuse. Je ne pense pas que même ceux qui l'ont proposée la voient comme une question urgente, mais plutôt comme une question à long terme, qui mérite d'être étudiée et examinée sérieusement", avait déclaré le directeur général adjoint du FMI. Pour les économistes spécialistes du domaine Monnaie, banques et finance, la proposition chinoise devrait rester lettre morte justement parce que les DTS ne peuvent pas constituer un pivot d'un système monétaire viable tant qu'ils ne sont pas soutenus par les marchés et ? les gouvernements (qui doivent préalablement coordonner leurs politiques économiques). Aussi cette proposition vise-t-elle à envoyer une mise en garde aux Etats-Unis. Mondialisation des échanges et des flux financiers oblige, certains, emportés par le Brésil et la Chine, commencent à se demander si les plans de relance américain et européens n'opèrent pas comme une sorte d'aspirateur de l'épargne mondiale. *Économiste |
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