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Tout comme les idées qui
ont inauguré l'âge libéral du XIXe siècle, tout comme les idées socialistes
germaient déjà dans l'âge libéral. A vrai dire, ces idées ont déjà été portées
par la nation française rebelle à l'hégémonie des rois absolutistes, et qui a
donné la Révolution française de 1789.
1. Les idées qui vont changer le cours de l'humanité au XXe siècle Au XIXe siècle, avec la Révolution industrielle qui a vu les grandes manufactures se développer, le socialisme ne visait qu'à améliorer le sort misérable des classes ouvrières en Europe. Il s'attaquera au capitalisme et au libéralisme économique dont il dérive. Les premiers théoriciens ont été d'origine bourgeoise. Saint-Simon (1760-1825) qui fut un noble ruiné met l'accent sur l'exploitation des peuples par une minorité dominante. Dans la théorie des classes sociales, il se dit le témoin d'une «époque de transition». Ce qui est dans un sens vrai puisqu'il a assisté à la Révolution française, à l'Empire et à la Restauration. Les saint-simoniens vont poursuivre ses idées dans la lutte des classes. Un autre philanthrope, l'anglais Owen Robert (1771-1858). Dans son livre Book of the New Moral World (Le livre du nouveau monde moral), il présente ses idées comme celles de Saint-Simon. Owen réussira à fonder les premiers syndicats ou Trade-Unions. Ses idées qui galvanisent la classe ouvrière sont portées par un mouvement qui prône un monde égalitaire et fraternel telle l'Association de toutes les classes de toutes les nations. Les Owénistes mènent une critique permanente de l'oppression de la femme, de la propriété privée et du christianisme étatique, ce dernier en raison de son rôle dans l'exploitation de la classe ouvrière. Le clergé réagit par une violente opposition à la classe ouvrière. Saint-simoniens et Owénistes, créateurs du premier mouvement appelé socialisme, ils sont l'un des grands du «socialisme utopique». D'utopique qu'il était, le socialisme passe à la phase pratique avec Louis Blanc, qui exige des ateliers d'Etat. C'est dans sa brochure L'organisation du travail, publiée en 1839 dans la revue du Progrès, et qui connaîtra dix éditions entre 1841 et 1848, qu'il révolutionnera le mouvement des idées. Pour lui, trois principes dominent l'histoire des sociétés : l'autorité vaincue en 1789, l'individualisme qui lui a succédé, et la fraternité. Et pour instaurer la concorde entre les hommes, il propose de supprimer la concurrence sauvage dans l'économie en créant des coopératives ouvrières de production, les ateliers nationaux. L'Etat fournirait le capital nécessaire à leur démarrage et nommerait leur encadrement. C'est à peu près le programme qui sera institué par la révolution bolchevique en octobre 1917 en Russie. Avec Proudhon, Louis Blanc affirme que la «propriété c'est le vol». Dans Qu'est-ce que la propriété, Proudhon a cherché à démontrer que la «propriété est impossible» au regard de la justice. Qu'elle est un droit d'aubaine, un «pouvoir de produire sans travailler» détenus par une minorité qui accapare ainsi une valeur dont ils ne sont pas les auteurs. La spoliation ouvrière et la lutte des classes achèvent le tableau d'une «société qui se dévore». Mais, c'est en 1867, que parut l'ouvrage qui va marquer l'histoire. Das Kapital (Le Capital) dont l'auteur est un juif allemand, Karl Marx, deviendra la bible du socialisme. Il y est question de l'abolition de la propriété privée, de la lutte des classes, du triomphe du prolétariat et de l'union de tous les ouvriers en une Internationale ouvrière. Ses idées se réaliseront presque dans leur intégralité au XXe siècle. Pour Marx, l'Etat est le produit nécessaire d'une société divisée en classes inconciliables : il est le pouvoir organisé de la classe dominante pour maintenir l'exploitation des classes dominées. Il n'a pas toujours existé, notamment pas dans les classes primitives sans classes. Logiquement, il ne doit plus exister dans la société communiste. Marx et Engels considèrent que la construction de la société socialiste suppose la conquête du pouvoir d'Etat par la classe ouvrière, la destruction du vieil appareil d'Etat bourgeois et la construction d'un Etat prolétarien dont le but est la destruction du système capitaliste. Quelques années avant la parution de l'œuvre de Marx, la 1ère Internationale est proclamée (1864) par les syndicats français et les Trade-Unions d'Angleterre. Si, à l'origine, le mouvement socialiste n'eut qu'un caractère social et politique, il prendra désormais un aspect politique. Avec la création des mutualités professionnelles dotées de Bourses du travail, et aussi des coopératives, destinées à améliorer les conditions de vie des ouvriers, ces organismes ainsi que les syndicats deviendront bientôt des instruments d'ordre politique qui permettront à des chefs socialistes de conquérir le pouvoir, par des voies d'ailleurs légales. On créera dans la plupart des pays d'Europe des partis socialistes qui réclameront le suffrage universel en même temps que des lois sociales en faveur des ouvriers. Des partis sont nés un peu partout en Europe. Le Parti Ouvrier belge (Belgique), le Labour Party (Angleterre), le Parti social-démocrate (Allemagne), la Confédération Générale du Travail (France)... Cette nouvelle formule d'un socialisme national, politique et légal, se concrétisera dans la fondation de la 2ème Internationale qui sera proclamé en 1904 par le Belge Emile Vandervelde. Ce socialiste s'avèrera un ardent combattant dans la lutte contre toutes les formes de dictature. Les idées socialistes ne pouvant être réprimées vu le long processus révolutionnaire en Europe depuis 1789, l'Eglise, face aux dangers qu'ils colportaient, fut amenée à prendre position sur le problème. Un mouvement ouvrier chrétien fut créé en vue de combattre ce que le socialisme avait de trop matérialiste. En 1891, le pape Léon XIII publia la bulle «RerumNovarum», sur la question ouvrière. Elle développe plusieurs thèmes à savoir la réfutation de la solution socialiste de la question sociale, de la démonstration de la thèse selon laquelle la propriété privée est de droit naturel, la justification de l'intervention de l'Eglise dans les affaires sociales en vue d'atténuer la « misère imméritée des travailleurs». L'action sociale de l'Eglise fut défendue, en France, par Albert de Mun et par le cardinal Lavigerie, le fondateur des Pères blancs d'Afrique, en Allemagne par Mgr Ketteler, archevêque de Mayence, en Angleterre par le cardinal Manning, aux États-Unis, par le cardinal Gibbons. Il est évident que le mouvement socialiste inspirait réellement des craintes au Saint-Siège de voir des masses d'ouvriers catholiques passer au socialisme. Cette position servait à défaut de changer le cours des choses du moins à atténuer le déclin de l'autorité spirituelle de l'Eglise sur la classe ouvrière. 2. La libération de l'homme, un processus sans fin Des idées philosophiques vont ainsi se multiplier tant le ciel, à la fin du XIXe siècle, s'assombrissait en Europe. La Révolution industrielle eut des conséquences considérables sur la classe ouvrière européenne, une paupérisation et une exploitation à outrance. Quant aux peuples d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud, ils étaient écrasés par la colonisation et dans certaines contrées, notamment en Amérique, à l'état d'esclavage... La domination européenne ne présageait rien de bon, aucune éclaircie n'apparaissait sur le sort des peuples réduits à la servitude. Précisément, les idées de lutte des classes contre la minorité dominante exploiteuse eurent des répercussions considérables dans les débats philosophiques. La Philosophie de la misère de Proudhon aura inspiré Marx qui répondra par la Misère de la Philosophie. Une philosophie impuissante à changer le cours des choses. Cependant, cette impuissance sera comblée par un phénomène nouveau, l'anarchisme. En tant que doctrine philosophique, l'anarchisme s'inspire directement de l'hégélianisme. Pour Hegel, la réalité objective qui est issue de l'Esprit et qui semble séparée du sujet n'est en fait qu'une expression de l'Essence que l'homme ne peut pressentir, du moins tant qu'il ne prend conscience que sa propre essence est décrétée par l'Essence. En fait, l'essence humaine, i.e. de tous les hommes, constitue avec l'Essence qui la décrète cette unité foncière que Hegel appelle l'Idée absolue. Cette nouvelle structure pour l'homme ou système professé par Hegel cherche à dépasser le «cogito ergo sum» (Je pense donc je suis) de Descartes. Même si Descartes affirme qu'il y a une extériorité à la pensée, donc Dieu est cause de sa pensée, pour les hégéliens, il faut encore penser «pourquoi l'homme est, pourquoi je suis ?» et non pas seulement «je pense donc je suis». C'est ainsi, en engagé sur la voie de l'immanence, les hégéliens s'efforcent d'interpréter le monisme de Hegel dans un sens de plus en plus révolutionnaire. Pour eux, l'être ne peut être esclave d'un autre, il n'est pas créé pour dépendre de l'autre. Et s'il dépend de l'autre, ce n'est que parce que lié à des « contingences » qui expliquent son état de dominé. Et son état n'a pas toujours été ainsi. Il faut donc bousculer les « contingences » pour regagner son essence. Une essence d'être qui est son véritable élément en puissance. L'homme doit se libérer des aliénations dont il est victime. L'anarchisme, partant de l'immanence que laisse transparaître l'Esprit absolu de Hegel aboutit à la souveraineté du Moi et oppose une résistance, un refus, un combat contre toutes formes d'aliénations. I.e. contre l'aliénation religieuse (Eglise), contre l'aliénation politique (Etat), contre l'aliénation capitaliste (entreprises exploiteuses). Les droits acquis des peuples européens comme l'atteste l'histoire, ont été obtenus au prix du sang. L'effondrement des systèmes monarchiques par les révolutions qui libèrent les peuples entrent dans la réalisation que l'« Esprit absolu ». Ce qui revient à dire que l'anarchisme n'est en fait que la poursuite d'un même combat contre l'aliénation de l'homme. Libération de l'aliénation que nous avons déjà commencée à décrire dans le cycle Kondratieff reformulé (1750-1870) qui a vu l'indépendance des 13 colonies américaines en 1776, que la guerre des Sept Ans a favorisé. De même, pour rappel, l'aide française issue elle-même de la Guerre des Sept ans a provoqué la révolution de 1789. La révolution de 1789 a donné la révolution de 1830, et celle-ci la révolution de 1848. Cette trame de l'histoire passée prouve bien qu'il y a un Esprit dans l'Histoire. Et si on compte par génération, et non par date historique, on s'apercevrait que les peuples se suivent et se ressemblent. Chaque peuple apporte au prix des sacrifices parfois inhumains son obole à la génération suivante. Tel est le sens du monde humain, une véritable loi de la Nature. L'Homme porte en lui son passé, son présent et son futur. Aussi, peut-on dire que proudhonisme, marxisme, anarchisme... participent à une libération de l'homme qui n'est jamais finie. 3. La poursuite des philosophies d'action à l'œuvre dans la libération du monde de la servitude Après Proudhon, ce sera un Russe, Bakounine, qui va représenter le plus le mouvement anarchiste. Adepte au mouvement de la gauche hégélienne, Bakounine s'attache surtout à la notion de la négativité qu'il interprète comme la nécessité absolue où se trouve l'humanité de promouvoir son avenir par la destruction totale de l'état de choses existant. Dans son célèbre essai La Réaction en Allemagne (1842), il livre sa réflexion «La joie de la destruction est en même temps une joie créatrice». Après son évasion de Sibérie en 1861, Bakounine s'efforce d'explorer les aliénations, i.e. les multiples oppressions dont l'homme est victime. « Nous repoussons, écrit-il dans Dieu et l'État, toute législation, toute autorité et toute influence, privilégiée, patentée, officielle et légale, même sortie du suffrage universel, convaincus qu'elle ne pourrait jamais tourner qu'au profit d'une minorité dominante et exploitante, contre les intérêts de l'immense majorité asservie. Voilà dans quel sens nous sommes réellement des anarchistes ». Malgré son expulsion de la 1ère Internationale, à la demande de Marx, nombre de fédérations anarchistes notamment française, espagnole et italienne, Bakounine le soutiennent et participent activement aux troubles en Europe. Dans un de ses textes, il écrit : « La révolte doit éclater avec la soudaineté d'un orage. « L'orage, c'est le déchaînement de la vie populaire, seul capable d'emporter tout ce monde d'iniquités établies - et nous ne pouvons pas assez déchaîner cette passion et cette vie ». Dans une confession, découverte dans les archives russes après la révolution d'octobre, le tsar Nicholas 1er avait demandé à Bakounine, enfermé alors à la forteresse Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg (Leningrad), de lui adresser une supplique, celui-ci s'exécute en moujik repentant : « Oui, Sire, je me confesserai à Vous comme à un père spirituel dont on attend le pardon, non pas ici-bas, mais dans un autre monde... ». Une force de caractère telle que décrit cette confession caractérise l'âme slave que l'on retrouve dans tous les peuples. Et cette conviction dans la cause qu'elle sert est l'aiguillon même de la liberté humaine. Sans la liberté, sans cette essence par laquelle l'homme est, l'homme n'a pas d'existence. Précisément, ce mouvement d'idées, ces philosophes d'action vont progressivement «miner» l'impérialisme européen à l'intérieur et à l'extérieur de l'Europe. Après le système hégélien qui fit des ravages puisqu'il a donné Proudhon, Louis Blanc, Feuerbach, Marx, Bakounine... vient aussi le système nietzschéen. Friedrich Wilhelm Nietzsche (1844-1900) va comme Bakounine tenter de faire appel à la Nature, d'explorer la psychologie non seulement dans le comportement humain mais dans toute la métaphysique de l'existence. Et dans un certain sens, il réussit, comme Bakounine avec une philosophie non violente, à « violenter » la culture occidentale et prophétiser dans le Surhomme, l'Eternel Retour ou dans Dieu est mort, un dépassement de soi de l'homme. 4. Le Dieu est Mort de Nietzsche, cri annonciateur de la pré-apocalypse du monde Dans les années 1880, alors que le développement de la société industrielle se poursuivait à un rythme accéléré sous l'impulsion des découvertes scientifiques qui semblaient garantir le progrès illimité de la culture occidentale, Nietzsche dans Le Gai savoir (1882), Livre troisième, 125, écrivait : « Dieu est mort ! Dieu reste mort ! Et c'est nous qui l'avons tué ! Comment nous consoler, nous les meurtriers des meurtriers ? Ce que le monde a possédé jusqu'à présent de plus sacré et de plus puissant a perdu son sang sous notre couteau. - Qui nous lavera de ce sang ? Avec quelle eau pourrions-nous nous purifier ? Quelles expiations, quels jeux sacrés serons-nous forcés d'inventer ? La grandeur de cet acte n'est-elle pas trop grande pour nous ? Ne sommes-nous pas forcés de devenir nous-mêmes des dieux simplement - ne fût-ce que pour paraître dignes d'eux ? » Ceci est révélateur de l'ignominie de l'homme. Nietzsche, dans la mort de Dieu, reconnaît la crise spirituelle et morale de l'Europe. Dans Le Crépuscule des idoles, Nietzsche poursuit son réquisitoire : « En renonçant à la foi chrétienne, on se dépouille du droit à la morale chrétienne. Celle-ci ne va absolument pas de soi (...). Le christianisme est un système, une vision des choses totale et où tout se tient. Si l'on en soustrait un concept fondamental, la foi en Dieu, on brise également le tout du même coup : il ne vous reste plus rien qui ait de la nécessité ». Il est évident que la philosophie, en tant que science qui vise à saisir les causes premières, i.e. la réalité des fondements des valeurs humaines, ne s'embarrasse pas de conceptions irréligieuses. La conceptualisation de Dieu est Mort, de l'Eternel retour ou du Surhomme, qui est d'ordre essentiellement philosophique, n'exprime en fait que le malaise de la civilisation européenne au XIXe siècle. Une décadence que le mouvement scientifique en plein essor, n'arrive pas à étouffer. Et il ne peut être étouffé tant la misère des peuples européens et du reste du monde est manifeste. Nietzsche lança ce cri d'alarme : « Ce que je raconte, c'est l'histoire des deux prochains siècles. Je décris ce qui viendra, ce qui ne peut manquer de venir : l'avènement du nihilisme » (XV, 137, éd. Kröner). Ce nihilisme annoncé par Nietzsche, le monde y est aujourd'hui, en particulier l'Occident. Perte de la croyance où il n'y a plus de contre-pouvoir, toutes les valeurs morales sont remises en question et ce, au nom de la liberté. A l'époque, ce n'est pas ce nihilisme que Nietzsche visait, mais cette volonté de puissance occidentale qui n'était pas une volonté de puissance, mais une volonté aveugle méprisant la vie humaine tant en Europe que dans les pays du reste du monde. Quelle vie avaient les peuples européens parqués dans des ghettos situés à proximité des zones industrielles ? Des esclaves au service des empires qui les transformeront ensuite en chair à canon pour les conflits mondiaux. Le même processus en plus odieux pour les peuples asservis (sous tutelle ou colonisés) dont les territoires et les bras des autochtones, une main-d'œuvre gratuite, sont l'enjeu de disputes entre les puissances européennes. C'était inique, inacceptable, mais cela a existé. Et c'est dans ce refus, dans Dieu est mort que le philosophe allemand entend contrecarrer le nihilisme d'antan. Pour Nietzsche, le monde a perdu le sens et les valeurs d'un ordre divin. Et c'est la raison pour laquelle qu'il appelle au « Surhomme » et à l'« Eternel Retour », qui n'expriment en fin de compte que le retour à la vie humaine dans ses vraies valeurs humaines. C'est pourquoi, enveloppé dans des aphorismes, Nietzsche dans Zarathoustra ou l'insensé, s'adresse non pas à des croyants mais plutôt à des athées. Les empires européens ont perdu dans leur puissance de domination le sens des valeurs, en l'absence d'un ordre divin que le Surhomme doit reconquérir. Et l'Eglise, par sa proximité avec le pouvoir temporel, n'enseigne plus le vrai humanisme chrétien. 5. Malgré le Covid-19, le monde n'est jamais fini... Tout n'est pas perdu, dira-t-on pour l'humanité, puisque nous sommes un, même séparé, avec l'Esprit absolu, l'Esprit veille. Quand Nietzsche écrit dans Ainsi parlait Zarathoustra, « Le convalescent » (3e partie) : « Mais le nœud de causes dans lequel je suis emmêlé revient - il me créera de nouveau ! Moi-même je fais partie des causes de l'éternel retour. Je reviens avec ce soleil, avec cette terre, avec cet argile, avec ce serpent, - non pas à une vie nouvelle, à une vie meilleure ou à une vie semblable : - je reviens éternellement à cette même vie identique, dans ce qui a de plus grand et dans ce qu'il y a de plus petit, pour que j'enseigne de nouveau l'éternel retour de toutes choses, - afin de proclamer à nouveau la parole du grand midi de la terre et de l'homme pour annoncer à nouveau aux hommes le surhumain. J'ai prononcé ma parole, ma parole se brise : c'est ainsi que le veut mon sort éternel - je péris en tant qu'annonciateur ! » Ce passage est révélateur que la libération de l'homme s'inscrit dans un processus sans fin. Comme cet aphorisme de Nietzsche, les philosophes de l'action auront inscrit un formidable mouvement de pensée qui va emporter l'ordre impérial de l'époque. Mais Dieu pour les philosophes européens reviendra parce que leur mouvement sans Dieu serait vain. En effet, à l'insu d'eux-mêmes, Dieu a toujours été présent. Et même les a inspirés ! Et les faits sont là, les doctrines philosophiques de l'action, s'ils ébranleront les empires, ne pourront jamais les détruire. Et c'est une vérité. La destruction doit venir des empires mêmes, la « puissance doit détruire la puissance ». Et ce sont les monarques, dans leurs antagonismes, qui s'en chargeront au début du XXe siècle. Et c'est ce qu'appelle Nietzsche dans ce nouveau retour de l'humanité, un nouveau Surhumain. Et, c'est ainsi que de Proudhon, Marx, Bakounine... à Nietzsche, viendra cette pensée sublime de l'abîme qui monte de la profondeur de Zarathoustra : Allons ! Debout ! Debout peuples exploités, peuples colonisés ! Il y a ici assez de tonnerres pour que les tombes elles-mêmes apprennent à comprendre ! Un « Eternel retour » est proche pour une nouvelle humanité, et la conclusion est éloquente : Je péris en tant qu'annonciateur. Nietzsche est-il prophétique dans Zarathoustra ? Ne le voit-on pas aujourd'hui avec le monde confiné, frappé par la pandémie Covid-19 ? Près de 90 millions de contaminés dans le monde en une année ? Près de 2 millions de morts ? Et on ne sait pas où va le monde ? L'Occident est singulièrement frappé par la pandémie par rapport aux autres régions du monde ? Certes l'Inde aussi mais, en rapport de sa population, elle l'est moins. Le Brésil est aussi touché. Il faut rappeler quand « Bolsonaro a été élu sur les cendres du système politique brésilien et sur la dépouille de l'ancien président Lula. (...) Victime d'une attaque au couteau le 6 septembre, il a passé plus de trois semaines à l'hôpital, d'où il n'est sorti qu'une semaine avant le premier tour. Cloîtré à son domicile, il s'est ensuite contenté de mobiliser les réseaux sociaux pour entretenir sa dynamique de popularité et attiser le rejet du PT. (...) L'oraison est ponctuée par le slogan de campagne de Bolsonaro : « Le Brésil au-dessus de tout. Dieu au-dessus de tous ». Bolsonaro prend ensuite la parole : « je veux d'abord remercier Dieu, qui, à travers les mains d'hommes et de femmes de [la clinique] Santa Casa de Juiz de Fora et de l'Hôpital Albert Einstein à São Paulo, m'a laissé en vie. Avec toute certitude, c'est là une mission de Dieu, que nous serons prêts à accomplir ». Puis il entame la lecture de son discours en citant un verset de la Bible : « Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous affranchira » [Jean, 8.32]. (Institut Montaigne, 21 décembre 2018). Et aujourd'hui où le président américain Donald Trump galvanise ses fans et réitère ses accusations de fraudes électorales. « Nous n'abandonnerons jamais. Nous ne concéderons jamais » la défaite, lance-t-il devant un parterre de plusieurs milliers de supporters acquis à sa cause, venus de tout le pays. Quelques heures après, le Capitole est envahi, les bureaux des députés sont saccagés. Des dizaines de milliers de manifestants pro-Trump, en interrompant, en début d'après-midi du bâtiment, interrompant la session du Congrès qui devait proclamer la victoire de Joe Biden, créent un événement qui va marquer la 1ère puissance mondiale pour des décennies. Et au-delà de l'Amérique. Et la pandémie qui ne s'essouffle pas, bien au contraire, elle reprend de la vigueur, le coronavirus mute, la Chine a de nouveau interdit jeudi 7 janvier 2021 aux 11 millions d'habitants qui vivent Shijiazhuang, capitale de la province du Hebei, dans le nord de la Chine, de quitter la ville pour éviter une propagation du coronavirus. La vaccination aura-t-elle raison de la pandémie. Un grand nombre de vaccins ont été produits par les grands laboratoires pharmaceutiques à travers le monde dans l'urgence, et l'échantillon sur le nombre d'humains de quelques dizaines de milliers pourra-t-il apporté le remède tant désiré pour arrêter cette contamination à grande échelle. Et les souffrances que la pandémie occasionne aux millions de malades et menace l'humanité entière. Et sur le plan économique mondial, non seulement les conséquences catastrophiques sur les économies occidentales mais surtout l'impact très négatif sur les économies des pays pauvres, en développement et émergents. L'endettement de ces pays qui représente la plus grande partie du monde va exploser. Aussi une question se pose sur ce qui se passe aujourd'hui dans le monde : « Pourquoi l'irruption du Covid-19 en cette première moitié du 21ème siècle ? Et si Dieu est en colère contre les hommes ? » Rappelons le verset 216 du chapitre El Baqara (la vache) qui dit : « Le combat vous est prescrit, et vous l'avez en aversion. Il se peut que vous ayez de l'aversion pour une chose, et elle est un bien pour vous. Il se peut que vous aimiez une chose, et elle est un mal pour vous. - Dieu sait, et vous, vous ne savez pas - ». Sans tomber dans une religiosité étroite, force est d'admettre que la référence au Coran apporte une indispensable évidence lorsque l'on ne comprend pas ce qui arrive à l'humanité. Et surtout on ne comprend pas cette maladie incompréhensible qui frappe les humains et dont on ne sait d'où elle sort. On nous dit qu'elle vient de la chauve-souris, du pangolin, du chat, et pourquoi précisément de ces animaux et pourtant ces animaux existent depuis toujours. En supposant que réellement et prouvé que le coronavirus le Covid-19 est en ces animaux, la question est pourquoi elle prend naissance en eux ? Comme ce virus Clovid-19 qui frappe aujourd'hui l'humanité et a touché en une année plus de contaminés et tué plus que ne disent les statistiques, et donc plus de millions si on prend en compte ceux qui ne sont pas comptabilisés à travers monde, et si comme le disent les textes sacrés le Covid-19 est un bienfait pour l'humanité. C'est une possibilité qui est très raisonnable. Peut-on penser que Dieu veut du mal aux humains qu'il a créés ? Non, bien sûr. Quand un père punit son fils ou sa fille, par exemple, une fessée, pas de télé, etc., il le fait pour leur bien, pour qu'il ou elle évolue bien, qu'il ou elle réussisse ! Les Européens, que font-ils dans la symbolique de la Trinité « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit », sinon ce qui est caché dans l'herméneutique existentielle et existentiale. Dans le sens que la « Trinité » n'est qu'une symbolique divine que la Pensée de Dieu a « mis » dans la pensée et le cerveau des chrétiens. En clair, cette Trinité exprime simplement Dieu dans la Création qu'Il a créée et qu'Il suit dans l'infiniment petit. En clair, Dieu veut le Bien à ce qu'il a créé. De même, tout père en tant qu'humain normal voudra du bien à sa progéniture. Donc Dieu nous veut du Bien, et le Covid-19 joue en quelque sorte une punition dans sa fonction de « déclencheur » d'une nouvelle avancée plus juste du monde. Qui oriente les grandes puissances dans le sens que veut le Créateur du monde. Et que sont les grandes puissances ? Qui peuvent être effacées d'un coup ? Et l'histoire en témoigne tant de grandeurs et de décadences. Et qui conduit l'histoire des êtres humains n'est-ce pas l'Histoire elle-même ? Et qui en est l'Auteur de l'histoire de l'humanité depuis le Premier homme sur la Terre ? Et c'est de ces vérités que les êtres humains doivent s'imprégner. Comme un ami qui m'a écrit sur ce Covid-19, qu'il a si bien défini : « Ce « grain de sable » qui vient bouleverser l'ordre mondial me laisse perplexe. Est-ce qu'on a pu penser que ce virus pouvait créer cette situation inédite qui touche tous les pays et crée des mouvements de fébrilité politique et sociale à un point inimaginable ? » Oui, et c'est précisément ce que les humains doivent comprendre dans cette herméneutique existentielle et existentiale du monde dont nous n'en sommes à décrypter qu'un monceau de bribes mais combien révélateurs. Nous devons, au-delà des maladies, des cancers, des Covids, nous réveiller des splendeurs souvent « insentis » du monde. Un néologisme que j'emploie pour montrer un peu la « pauvreté conceptuelle » du monde. Et c'est probablement ce que veut faire Dieu, nous réveiller pour comprendre le sens de la vie qu'il nous donne. Et Il veille sur nous. On ne doit pas l'oublier, sans Dieu, sans le souffle qu'il nous donne dans notre corps, sans la force qu'il met en nous dans ce vouloir que nous sommes dans cette existence, nous ne sommes rien, nous n'existons pas, nous ne sommes même pas le néant. Prions alors Dieu qu'il nous guide, car le vaccin comme l'arrêt de la maladie du Covid-19, comme toute maladie, c'est Dieu qui l'arrête en dernier ressort. Et même le vaccin c'est Dieu qui le donne aux humains par la pensée qui commande leurs corps et leurs esprits. Les êtres humains, par la pensée, par leur libre-arbitre, le doivent au Créateur des mondes. Et Nietzsche l'a clamé dans Zarathoustra. « Je péris en tant qu'annonciateur. » Il périt certes, mais il annonce ce monde qu'est le nôtre n'est jamais fini, il est ouvert à tous les possibles. Le miracle qu'est notre existence sur terre et dans ce cosmos que nous n'en connaissons qu'un infiniment petit. *Auteur et chercheur spécialisé en Economie mondiale, Relations internationales et Prospective |