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Une école qui aura compris sa mission,
donnera à la pédagogie la place centrale qui est la sienne. Elle mettra à sa
disposition les moyens nécessaires dont elle a besoin, (enseignants qualifiés ?
en mesure de développer des méthodes et procédés didactiques appropriés -,
équipement didactique adéquat).
Cela dit, cette pédagogie à construire et à mettre en œuvre doit être formative, dynamique et centrée sur la connaissance de la personnalité de l'élève et le développement de ses capacités d'observation, de jugement, du sens critique. Cependant, il importe de réfléchir aux possibilités offertes par les nouvelles technologies de l'information et de la communication qui sont appelées à modifier les modes d?élaboration, d'acquisition et de transmission des connaissances et à leur impact sur l'amélioration de l'accomplissement des quatre temps pédagogiques. Faire en sorte que l'école algérienne comprenne sa mission, c'est aménager une pédagogie appropriée à l'effet de faire échec à l'échec scolaire C'est aménager une situation fonctionnelle favorisant un apprentissage qui aura du sens pour celui qui le recevra. C'est user d'une stratégie - tactique (méthode - procédé) qui permettra à ce dernier de pénétrer à l'intérieur du savoir pour organise ce qu'il devra connaître. Cette pédagogie devra s'investir dans le développement d'une démarche intellectuelle exploratrice et prospectrice. (Une connaissance que l'esprit absorbe sans pour autant l'avoir construite par une activité de redécouverte, reste un savoir de surface, un savoir masque, un leurre). Comment donc concilier une scolarisation de masse avec une réussite scolaire qui ne sacrifiera pas la qualité de la formation ? Il est évident que la réponse à cette question est dans un nouveau souffle pédagogique. En conséquence, un nouveau souffle pédagogique s'impose. Pourquoi un nouveau souffle pédagogique ? Alors que les conditions de vivre et d'évoluer des hommes au seuil de ce troisième millénaire, interpellent l'école et lui recommandent de redéfinir les rapports qu'elle doit entretenir avec la population scolaire pour améliorer sa scolarité et partant, le rendement scolaire ; alors que l'expansion du champ des connaissances ne cesse de remettre en question la manière dont le savoir est enseigné en quête d'une performance accrue ; alors que l'école devient, de plus en plus, le lieu de l'accueil de toutes les différences, l'approche éducative jusque-là développée par l'école algérienne, ne fait que traditionaliser une option pédagogique aujourd'hui en total déphasage avec les tendances qui s'expriment à l'échelle mondiale. Par ailleurs et bien que le renouveau pédagogique s'impose avec prestance dans une société algérienne obligée à être désormais une société de savoir et d'action et de plus en plus fondée sur le partage du savoir, il ne pourra être réellement porteur d'avenir que dans la mesure où: - d'une part les décideurs admettent qu'une scolarisation de masse suppose d'abord la réduction des effectifs par classe et la réhabilitation des commodités de base tel que l'internet, la bibliothèque scolaire, la cantine, le transport, la santé scolaire, le soutien aux enfants issus de familles démunies; - et d'autre part que l'enseignant: - recouvre les égards qui devraient lui être dus et constate que sa condition socioprofessionnelle s'améliore; - abandonne la directivité dans laquelle il s'encoconne et le comportement fataliste dans lequel il s'enlise et s'investisse dans sa formation continue pour actualiser son savoir, son savoir-faire et son savoir-être professionnels. Son souci devrait être l'accomplissement de l'autonomie intellectuelle des élèves qui lui sont confiés; - veille à ce que ces derniers apprennent à orienter leur curiosité de réflexion et redécouvrent par eux-mêmes des concepts en s'investissant dans la manipulation, (exercices) et l'expérience individuelle. (Le concept n'étant pas une formule que l'on apprend, mais le résultat et le résumé d'une série d'expériences tâtonnantes pré conceptuelles que l'individu fait personnellement. Il ne peut être reçu tout fait » - Lee S.Shulman et Evan R.Keistar. La pédagogie par la redécouverte - ; - s'évertue à mieux apprécier sa mission, à mieux connaître ses élèves et à mieux suivre et évaluer leurs démarches intellectuelles en abandonnant l'enseignement collectif, dévitalisé et essentiellement préoccupé par le seul sort des bons élèves. Il apprendra donc à s'investir dans l'enseignement différencié tout en proscrivant l'enseignement « enseignemental » au profit de l'enseignement «formationnel *». * Enseignement formationnel : c'est un enseignement que l'enseignant ne dispensera pas avec pour seul souci de « s'écouter parler », mais qui s'appréciera par la rigueur dans la formation de l'esprit critique, par son efficacité dans l'épanouissement de ses aptitudes et l'accomplissement de ses attitudes, par l'affermissement de la volonté et l'enrichissement de la personnalité, par l'orientation qu'il fera prendre au rapport attention / intérêt modulateur de la perfectibilité intellectuelle. Fécondant le sentiment par la raison, cet enseignement apprendra à l'esprit à dompter les mystères de la nature. Il permettra de la sorte à celui qui le recevra, de réunir le maximum de conditions pour pouvoir s'investir dans l'actualisation de ses acquis et de son expertise. Il est non seulement une science mais aussi un art, une action pratique. Enseignement enseignemental Enseignement fétiche, enseignant inapte, enseignement sans but, sans objectif, sans finalité et sans support risquant, par conséquent, d'accabler l'esprit sous une masse d'informations inassimilables, cette illusion du savoir qui relativise la potentialité de raisonner logiquement et de juger avec méthode de ceux à qui il s'adressera. Un renouveau pédagogique cerné dans l'optique d'une éducation/apprentissage conçue pour être la force motrice d'une croissance autonome de l'esprit, c'est-à-dire celle qui considère que les seules connaissances utiles sont celles que l'élève tire de sa propre expérience, celles qui se destinent à préparer en lui cet adulte compétent qu'il devra être d'une part et qui, d'autre part, s'engagera à développer et à entretenir le savoir en instaurant une relation de médiation entre enseignant et enseigné. Elle obligera de ce fait, le premier à s'extraire du simple fonctionnariat dans lequel il a tendance à se fossiliser et le second à se défaire de ce tutorat qui a tendance à le garrotter. Elle se confondra donc dans cette activité au moyen de laquelle, l'enseignant assistera ses élèves dans leur cheminement vers le progrès et la réussite, en: - diagnostiquant leurs forces et leurs faiblesses. Etant communément admis que l'assimilation et la rétention de nouvelles connaissances sont fonction de la pertinence intellectuelle de chaque élève, la mission fondamentale de l'enseignant sera donc de préparer chez ses élèves les acquis qui les obligeront à des mises à niveau d'une part et qui, d'autre part serviront d'ancrage aux nouvelles connaissances. La fondamentalité de l'acte pédagogique sera donc la définition du profil psycho-intellectuel de chacun d'eux et la quantification de son avoir cognitif afin que soient discernés les accompagnements pédagogiques nécessaires à l'épanouissement de «la tête bien faite» -Montaigne-, souhaitée et que le savoir nouvellement conquis puisse, pour une meilleure fonctionnalité et sans hiatus, s'agencer dans le champ aperceptif de tout un chacun; - en misant sur le besoin d'apprendre de chaque élève, de rechercher, de découvrir et d'innover. A ce propos, l'acte pédagogique devra impérativement se centrer sur l'éveil ou sur le réveil de ce besoin parce qu'il constitue le terreau le plus sûr pour une avancée certaine dans la conquête du savoir; - en l'orientant dans la construction de son savoir-faire et de son savoir-être face aux situations problèmes. L'enseignant devra à cet effet soutenir et assister son élève dans son cheminement vers le progrès et dans l'évolution de sa démarche intellectuelle. (Il le conseillera, l'orientera et coopérera avec lui dans sa tâche de s'approprier le savoir et de se forger des compétences et des qualifications). Elaborer des diagnostics, repérer les atouts de chaque élève, circonscrire ses faiblesses, galvaniser son besoin d'apprendre, orienter sa démarche intellectuelle pour une meilleure pertinence et instaurer entre lui et le savoir une médiation intime, telles devraient être les exigences de la fonction enseignante. L'acte pédagogique, s'axant alors sur l'initiation de l'individu à pénétrer à l'intérieur du savoir pour y organiser ce qu'il devra connaître afin que se définisse progressivement ce «terreau» cognitif qui permettra aux investigations ultérieures de s'exprimer, favorisera: - l'appropriation du savoir créatif de savoir-faire en initiant l'esprit à prendre acte de ses erreurs, de leurs causes et de leurs conséquences et à aménager ses essais en vue de développer cette mentalité scientifique au moyen de laquelle il vaincra l'inertie. Il apprendra dès lors à voir dans les notions apprises, une invitation à aller au-delà de ce qu'il connaît pour affronter ce qu'il ignore encore; - l'association des connaissances, leur agencement dans le champ aperceptif et leur intégration dans la dynamique de leur épanouissement. (L'optimisation de leur rentabilité étant de mise). Il permettra ainsi aux compétences générales et aux qualifications spécialisées acquises, de ne pas se figer dans un temps qui passe, mais de se poursuivre dans une perspective de formation continue. Pour ce faire, il (l'enseignant) s'investira en sus de sa mission susvisée dans l'initiation de l'esprit à les organiser, à les actualiser et à s'en servir. Cet acte pédagogique et toujours pour une meilleure pertinence, ne perdra pas de vue que la relation de l'élève au savoir, par souci d'une efficacité optimum, devra se déployer en avancées cycliques (en retour et en nouveaux départs). Devant être une authentique âme didactique entre l'enseignant et l'enseigné, l'acte pédagogique sera une perpétuelle recherche-action féconde en valeurs éducatives. Prospectif, il s'inscrira alors dans la recherche de solutions à un défi majeur, la réussite scolaire. Stratégique, différencié et engagé, il évoluera selon trois phases essentielles: - l'authentification des préoccupations de chaque élève, (ses ambitions, ses aspirations, ses besoins et ses contraintes); - l'identification du niveau de développement de son capital cognitif et du degré d'influence de celui-ci sur la performance de l'intelligence pratique à développer; - l'autonomisation et l'orientation de sa démarche intellectuelle afin qu'il subordonne le développement de son besoin d'apprendre à une recherche logique de la vérité scientifique, à une critique des solutions antérieurement définies dans le but de les amender, de les enrichir et de les actualiser. L'acte pédagogique devra être stratégique et inventif Stratégique et inventif, l'acte pédagogique animera un enseignement qui initiera l'esprit, non seulement à construire un savoir mais aussi à apprécier la faisabilité de ses jugements et à contrôler la pertinence de ses décisions, à se forger en somme un comportement de scientifique. Il l'aidera de la sorte à réaliser progressivement sa maturité intellectuelle et à devenir l'artisan de sa propre formation. L'acte pédagogique devra être différencié et engagé Différencié et engagé, l'acte pédagogique incitera les élèves à conjuguer leurs efforts intellectuels en quête d'objectifs communs. Il favorisera, à cet effet, l'apprentissage en coopération auquel chacun contribuera selon ses potentialités psycho-intellectuelles et ses disponibilités cognitives, où chacun sera responsable non seulement de son apprentissage, mais aussi, de celui de ses pairs. Il est néanmoins à considérer que la constitution des groupes fasse l'objet d'une attention particulière. Autrement dit, il devra être assurer une répartition équilibrée entre élèves forts et élèves faibles (1/3 pour 2/3) et ce pour créer une dynamique interactive axée sur la coopération (accordant ainsi la primauté au travail collectif) et non sur la compétition qui, elle, accorde la primauté au travail individuel. Cette dynamique sera génératrice de solidarité et d'entraide entre les uns et les autres. (Souvent, un élève en difficulté d'apprentissage comprendra mieux les explications que lui prodiguera un de ses pairs parce que ce dernier saura user de la pédagogie appropriée à la circonstance). Dès lors, personne ne sera favorisé au détriment de l'autre et tout un chacun se sentira foncièrement valorisé, (il ne faut pas perdre de vue que dans un groupe d'individus hétérogène, rares sont ceux qu peuvent être les meilleurs dans toutes les disciplines d'étude, mais chacun peut au moins en gérer une convenablement. Désormais, le succès du groupe dépendra, conséquemment, du succès de chacun dan son apprentissage et chacun ne pourra atteindre son but personnel que si l'équipe réussit sa mission. L'effet est évident, tous les élèves se complétant les uns les autres, s'investiront dans l'aboutissement d'une mission commune. Désormais, une éthique de la coopération prendra forme. D'obstacle qu'elle fut, où « le chacun pour soi » était la règle d'or, elle sera le moyen qui permettra à la conscience collective de s'exprimer au profit du succès pour tous. Cependant et pour que le groupe n'évolue anarchiquement, il conviendra d'assurer à tous un véritable accompagnement éducatif, (évaluation et orientation systématiques des démarches intellectuelles). Cet accompagnement permettra d'opérer des corrections de parcours pour mieux soutenir la réussite scolaire de tout un chacun tout au long de son cursus scolaire et de nourrir en tout un chacun le statut de partenaire du contrat éducatif. Le souci de l'accompagnement éducatif en question est l'aboutissement du projet éducation / apprentissage qu'il sous-tend. Recherche-action, la pédagogie de l'acquisition des compétences générales et des qualifications spécialisées, devra initier l'élève à hiérachiser ses intérêts, (leur mobilité étant par nature en tête d'affiche) et, par conséquent, de les prioritariser les uns par rapport aux autres tout en observant à l'endroit de cette hiérachisation et de cette prioritarisation, les restrictions d'une prudence soucieuse d'efficacité. Elle fera en sorte que la violence des intérêts épars laisse la place à ceux qu'il aura ordonnés parce qu'ils lui permettront de se livrer, convaincu, à la conquête du succès. Se livrer convaincu à la conquête du succès est une entreprise du possible humain. Néanmoins l'individu ne pourra s'y engager que s'il est convenablement outillé pour ce faire. Il devra, dans cette perspective, apprendre d'une part à s'épanouir dans le rationnel par le libre développement, (self government), sans y éprouver ni gêne ni complexe qui d'ailleurs amoindrissent l'intérêt et relativisent l'objectif et d'autre part, à explorer l'abstrait sans pour autant s'installer dans cet apriorisme qui dilue le formel. Il conjuguera, à cet effet, son effort de réflexion dans son effort de création par l'usage de l'expérimentation et à partir de repères, (hypothèses et intérêts). Cela suppose que la pédagogie concomitante à cette préparation, doive requérir l'attention volontaire, l'orienter et la canaliser. Il s'agit d'encadrer efficacement l'évolution des activités de juger avec méthode et de raisonner logiquement. De la sorte, elle développera en l'esprit l'autonomie de la décision et la capacité d'en user avec lucidité, perspicacité et responsabilité. Du point de vue réformiste, cette pédagogie s'organisera de manière à ce qu'elle forme une « tête bien faite » et proscrive l'idée de la « tête bien pleine ». S'inscrivant dans cette perspective, elle apprendra à l'esprit à se situer au centre des idées novatrices et réformatrices et à s'élever de l'inquiétude vers la prise de conscience. Inspirée par une méfiance délibérée à l'égard des positions théoriques et des idées générales parce qu'elles éloignent des faits, elle promouvra cette éducation de la mentalité scientifique au moyen de laquelle, il saura se démarquer de l'intellectualisme stérile pour faire dans le savoir directement utilisable et s'amarrer au pragmatique. Désormais et parce qu'il saura consentir l'effort intellectuel authentique dans la sélection de ses intérêts et dans l'orientation de sa démarche intellectuelle, il ne sombrera plus dans la dispersion vers laquelle risqueraient de l'orienter les investigations qu'il entreprendra. L'effort intellectuel librement consenti et l'intérêt bien pensé et bien compris appelés à définir une coexistence avec des frontières ouvertes, ne peuvent être que l'expression de la performance intellectuelle. Apprendre à développer l'effort intellectuel pour sélectionner l'intérêt c'est donc apprendre à fataliser la liaison entre l'école et la vie, c'est faire en sorte que cette liaison tienne ses causes dans l'une et ses effets dans l'autre. Pour faire de cette liaison didactique son outil de navigation, la pédagogie devra, en sus de la formation de l'attention volontaire, s'investir dans la culture de la curiosité de réflexion et dans celle de la motivation. En apprenant à sélectionner ses intérêts en consentant l'effort intellectuel approprié à cet effet, l'esprit apprendra à condamner la fausse certitude et intronisera la certitude confirmée. Dès lors, se galvanisera son aptitude à rechercher le vrai et le juste, à dompter et à domestiquer le réel. Dès lors, il se refusera de traîner au pas de la passivité. En apprenant à ne plus traîner au pas de la passivité, l'esprit apprendra à apprécier la valeur de ses investigations et de ses recherches. Désormais, il valorisera sa démarche intellectuelle, il conscientisera la nécessité d'établir entre l'école et la vie un contact permanent. Désormais, il sera un esprit constamment en quête d'une démarche intellectuelle perspicace, évolutive et qui lui permettra de dominer tout ce qui l'entoure à mesure que ses intérêts se précisent et que son effort intellectuel prenne de l'épaisseur. Désormais, et à mesure qu'il pénètre les secrets de la nature et qu'il les domestique, ses intérêts et son effort intellectuel s'adaptent, peu à peu, aux nouvelles données et finissent par devenir l'expression représentative de ses moyens intellectuels et dont il usera pour s'intégrer, nanti de ce coefficient de confort qu'est la performance dans un univers ou la rigueur est de rigueur. Contribuant à l'accomplissement de son entreprise de bien connaître pour connaître plus, l'intérêt bien pensé et l'effort intellectuel bien compris entretiendront sa persévérance dans la réflexion et dans sa volonté d'agir, susciteront son enthousiasme pour la conquête du vrai et encourageront la sagacité de son élan créateur. Ils deviendront des valeurs fonctionnelles au moyen desquelles il s'affranchira de la servitude parce qu'ils lui éviteront de s'accommoder d'approches précaires dans ses opérations d'analyse ou de synthèse. L'activité pédagogique nantissant l'esprit d'une disponibilité croissante à l'effort intellectuel librement consenti et animant, par conséquent, sa motivation ; elle subjuguera sa curiosité contentive de la réflexion ce facteur fonctionnel de l'intelligence pratique qui se manifeste par un appétit à comprendre pour agir, à agir pour connaître et à connaitre pour pouvoir maîtriser et contrôler ce qui risquerait de ne pas être favorable à son expression intellectuelle. Elle lui permettra ainsi de cerner et de s'approprier des champs d'informations de mieux en mieux actualisées et de les exploiter dans leurs moindres recoins. Subjuguant la curiosité de réflexion, (cette dynamique de l'attention volontaire), en quête de performance à atteindre, l'activité pédagogique: - s'évitera de la discipliner pour ne pas l'engourdir et partant, l'amoindrir; - se gardera de l'étouffer pour ne pas provoquer cette paresse intellectuelle qui finira par laminer l'élan créateur ; - s'évitera de la bousculer par un apprentissage trop précoce, trop complet. (Chaque âge a ses capacités intellectuelles propres qui, si elles sont contrariées, amoindriront et relativiseront l'effort) ; - s'empêchera d'animer un enseignement trop riche en détails, entaché d'érudition où s'entremêleront des notions, des informations et des concepts qui n'auront aucun rapport avec le sujet à traiter. Susciter la nécessité de sélectionner l'intérêt, inciter à l'effort intellectuel continu, subjuguer la curiosité de réflexion et développer et entretenir l'attention volontaire et la motivation convaincue, ce sont là les quatre objectifs de l'acte pédagogique qui assouplissent l'intelligence pratique qui, elle, organise le raisonnement logique et le jugement méthodique ces composants de la mentalité scientifique. Rappelons-le, la mentalité scientifique ce ressort psychologique, permet à l'esprit de s'adapter aux circonstances nanti d'arguments à leur opposer et de s'en servir avec subtilité, en l'initiant à : - mettre de l'ordre dans sa démarche intellectuelle afin qu'elle s'assure une authentique évolution ; - faire preuve, à chaque instant, de disponibilité à vouloir aller à l'avant des impressions qui tenteront de l'envahir ; - réagir contre sa crédulité naturelle à vouloir prendre pour vraie la première idée qui se présentera à lui ; - discipliner ses facultés intellectuelles en charpentant et en balisant, par des arguments clairs et convaincants, ses investigations et ses recherches. Initié dans ses limites, l'esprit apprendra à affronter intelligemment la complexité de l'inconnu et à aborder l'avenir avec le sentiment d'y être présent. Dès lors, il sera un esprit averti, un esprit convaincu de ses propres vertus. Evolutif, cet acte pédagogique l'incitera à acquérir progressivement cette maturité intellectuelle qui, expression de la pertinence du jugement et du raisonnement, le nantira d'une logique d'approche scientifique dans la résolution des situations-problèmes qui tenteront de l'assiéger. Dépositaire d'un savoir de plus en plus précis, il cernera dorénavant, sans grande peine et dénouera aisément les complexités afin de mieux les penser. Le raisonnement logique et le jugement méthodique, une préoccupation pédagogique à satisfaire Le raisonnement logique et le jugement méthodique étant, par essence, les moyens intellectuels appropriés pour l'acquisition de l'aptitude à évoluer dans une société de savoir et d'action, ils sont donc une préoccupation pédagogique à satisfaire, une nécessité professionnelle à accomplir. L'un des paradoxes qui stigmatise, de nos jours, des pans entiers de la société humaine est l'existence d'un profond hiatus caractérisé par la confusion des idées, la faiblesse du jugement et l'incohérence dans le raisonnement chez des individus qui aspirent à composer avec un monde hautement mécanisé, strictement organisé et où règnent la rigueur et la précision. Pallier cette carence, nécessite une pédagogie en mesure de former l'esprit en lubrifiant les mécanismes de sa pensée logique et pratique afin de lui permettre d'appréhender et de résoudre les rapports qui animent la problématique qui l'affrontera et ne pas se contenter de la subir passivement. On en vient donc à admettre qu'elle devra l'initier à discerner entre le vrai et le faux, le réel et le factice, l'essentiel et le secondaire. Ce discernement ne sera plus, désormais, l'expression d'un instinct naturel débridé, mais celle d'une synthèse qui procèdera de la raison, d'un instinct libre mais piloté par le jugement méthodique. Associés, le raisonnement logique et le jugement méthodique permettent à l'esprit se voulant compétent et qualifié, de mettre en œuvre un plan d'investigation objectif en vue d'approcher la vérité scientifique dans toute sa complexité et d'édifier la décision appropriée à prendre. Se combinant en un système prospectif, ils ne se soumettront à aucune coercition de quel que ordre que ce soit. Ils appelleront au seul pouvoir de discernement. Développés, ils amoindriront le relativisme, ils renforceront la rigueur, ils obligeront l'esprit à évaluer ses pouvoirs d'analyse et de synthèses, ils fertiliseront son imagination et l'inciteront à capitaliser des compétences et des qualifications. Entretenir ce système, suppose que la pédagogie à mettre en œuvre soit en mesure d'écarter les éléments renforçateurs de la routine et le risque de comprimer le raisonnement logique et le jugement méthodique. Le jugement méthodique ne pouvant être le produit de purs caprices du hasard, l'une des préoccupations de la politique de l'échec à l'échec scolaire est d'initier l'esprit à s'éloigner de tout ce qui favorise l'émergence du raisonnement aprioriste parce qu'il génère la dispersion de l'intelligence et par voie de conséquence, l'étroitesse de son expression. Développant et entretenant ce système, elle en fera le générateur d'une dynamique qui annihilera le risque de l'atrophie intellectuelle. Nanti de compétences générales et de qualifications spécialisées et investi de la capacité de raisonner logiquement et de juger avec méthode, l'individu saura penser et agir librement. Il se fera le conquérant de son savoir et l'organisateur de sa pensée juste. Il acquerra ainsi le pouvoir : - faire l'autopsie de son imagination en s'insérant dans le cheminement qui satisfera aux exigences du rationnel; - refuser les accommodements et les formules transitoires, les compromissions et les arrangements intermédiaires; - conjuguer les événements dans les circonstances au sein desquelles ils se produisent. Susciter l'intérêt et inciter à l'effort intellectuel, animer la motivation et entretenir la curiosité de réflexion, structurer le raisonnement logique et développer le jugement méthodique, c'est apprendre à l'esprit à se positionner face à l'accélération du progrès et à cautionner l'actualité scientifique. Cet objectif ne pourra être atteint que par une formation, (éducation-apprentissage), animée par une pédagogie qui lui permettra d'évoluer en participant à son apprentissage et en se sentant libre de devenir et de s'affirmer. En effet, cette formation appelée à satisfaire aux préoccupations de l'élève, la formation devra être considérée tel un processus naturel su développement de l'individu. Elle sera, par conséquent sous-tendue par une pédagogie dite progressiste, celle qui l'orientera vers le présent et qui animera l'activité de ses sens et les bases pratiques indispensables à l'accomplissement du jugement méthodique et du raisonnement logique (le bon sens). Cela ne signifie pas soumission à la contrainte mais développement de l'aptitude à user de l'indépendance. Cela ne signifie pas, non plus, entraver la liberté créatrice, encore moins isoler l'esprit mis en situation d'apprentissage. *Pédagogie progressiste : se référer aux trois principes de JOHN DEWEY - « Education is life ». - « Learning by doing ». - « School is society». **Directeur départemental de l'Education - Ancien Professeur INRE - Auteur Dernier ouvrage paru aux Editions El Maârifa: «Comment mettre en état un Etat qui était dans tous ses états» |